lundi 27 octobre 2014

journal d'il y a cinquante ans


Mardi 27 Octobre 1964     17 h 45



Je viens de téléphoner au Père Boyer-Chammard ppur prendre rendez-vous. Je le verrai jeudi prochain. Je ne l’ai pas revu depuis la fin de Juin.

Qu’est-ce qui me fait peur ? Qu’est-ce qui me rend difficile d’aller le voir ?
– je ne me sens compris.
   je ne me sens pas cru
– j’ai l’impression que Boyau ne croit pas à ma vocation.
– j’ai parfois des doutes sur la capacité de Boyau à voir clair, et à être bon juge. Il est débordé.

En fait,
– il ne peut pas encore croire à ma vocation, si je n’y crois pas
– entre sentir et être, il y a une différence
– je garde confiance dans le jugement de Boyau.

Il n’empêche que je le considère comme l’avocat du diable.

Seigneur, quand pourrai-je décider d’aller vers Toi, de répondre à ton appel, quand commencera ma vie religieuse ? A vrai dire, je vois de plus en plus clair, mais je ne peux encore rien décider.

De quoi vais-je parler avec Boyau ?
– ma découverte de Thomas Merton, ses livres, l’attrait que j’ai ressenti   pour les Bénédictins et Solesmes
– la compréhension que j’ai maintenant de mes « passions » successives
– l’influence d’André et de Michel dans ma vie
– les doutes que j’ai quant à la réalité de ma vocation
– la certitude de plus en plus grande – à mesure que j’approche du moment – de la décision, que j’ai la vocation
– le fait que j’ai hésité à venir le voir

Peut-être lui apporterai-je mes doubles de lettres à Michel, André, Bruno, le Père Hôtelier ?
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20 h 10

Communion à Saint-Philippe. J’ai été frappé par la prière anxieuse, presque désespérée d’une dame, vêtue de rouge, blonde, encore jeune. J’aurais voulu faire quelque chose pour elle. J’ai commencé un «  Je vous salue Marie » qui s’est perdu dans le brouhaha des bruyits, des images, des passants, du soir froid et pourtant amical. Seigneur, tu l’as entendue. Excauce-la. Je prierai pour elle ce soir. Peut-être me le demandes-Tu spécialement ? C’est surtout les yeux noyés dans une peau fatiguée, et pourtant immenses : ils étaient tristes et humbles.


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Au courrier, j’ai reçu une invitation de Monique de V. à l’accompagner le mardi 10 Novembre. Pendant trentes econdes interminables, j’ai perdu pied, j’ai douté de tout. Puissance de l’imagination, du désir, du charme féminin tel que je le ressens et que je l’interprète.

Cela me montre, Seigneur, que sans Toi, je ne pourrai répondre à Ton appel, je ne pourrai être fidèle à ma vocation. Seigneur, veille sur moi, je suis si faible, si vulnérable, si jeune. Et pourtant si amoureux, si passionné de Toi, de Ton règne, de Ta lumière, si anxieux de voir Ton visage.


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Papa vient de rentrer d’Espagne. Auparavant, Marie-Charlotte m’avait dit que l’anniversaire de Papa avait été très bien souhaité. Pourrons-nous souhaiter et fêter leurs 34 ans de mariage, le 6 Décembre prochain ? Seigneur, mon Dieu, fais que cela soit possible.


Pendant mon action de grâces, j’ai décidé de méditer ce soir, un peu du Cantique des Cantiques.

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Dimanche dernier, en lisant Vie chrétienne, j’ai été invité à lire Hb II, puissance de la foi. Il m’est suggéré de faire de cet Avent de ma vie, un pèlerinage.
Que cet Avent soit vraiment une attente de Ta venue, Seigneur, parmi les hommes dont tu transformes l’existence, dans l’Histoire à laquelle Tu donnes son SEUL sens, dans ma vie : Seigneur, viens en moi. Inonde-moi de pureté, de simplicité, de lumière, de grâce infantile et naïve, d’émerveillement devant le Don de Ton Amour, devant la vocation que tu enracines en moi.

Seigneur, fais-moi prendre patience. Fais-moi voir clair – au moment choisi par Toi. Donne-moi alors de choisir Ta vie, et celle-là seule. « Que ton règne arrive, que ta volonté soit faite ».

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