mercredi 23 octobre 2013

compilation commencée en Juin 2010 ... lettres d'avant . en plan actuellement - titre générique plus tard pour l'ensemble de ce genre d'écrits


















            L' A M E    D U    S E X E







                        Récits & Essais


















                               I




                             DE EO



























                  Ecrire sur le sexe n'est pas plus écrire sexuellement ou sensuellement qu'écrire sur d'autres sujets. Mais on peut écrire dans deux ambiances et donc selon deux dialectiques et inspirations différentes. Ecrire pour se faire plaisir et en fait espérer faire partager ce plaisir. Images et respiration ne dépendent pas vraiment de nous ; nous en sommes les instruments, engagés dans cette course, vivant cette évocation par une sorte d'abandon qui a fait le début de ce moment d'écriture, qui est - en l'espèce - plus encore de vie que d'écriture. Ou alors écrire la réflexion, la philosophie, l'expérience que nous donne - cardinalement - le sexe ; que celui-ci nous manque, nous ait comblé, que nous attendions le retour d'une personne aimée, désirée, que nous imaginions ou nous souvenions, nous cherchons à élucider la base de cette relation particulière et son essence ; manifestement, nous réfléchissons et écrivons alors sur les deux infinis, le plus intime et le plus cosmique, et nous vivons que c'est, en termes d'existence humaine, le seul moment ou le seul lieu de totale unité. Unité personnelle, mais tout autant - et ainsi apparaît la condition de cette unité - unité avec l'autre, dans l'autre, grâce à l'autre, et par cette unité-là, l'union au cosmos qui est conscience d'être le cosmos.
                  Réflexion ou expérience, décalage entre la conscience, la vie d'une part et leur relation d'autre part qui ont des analogies avec la relation à Dieu et l'expérience spirituelle. D'où le titre générique de ces pages. Une des interrogations qui les sous-tendra reste cependant le rapport entre ces deux expériences et en quoi la seconde n'est pas réductible à la première. [i]


















                               II




                         D'IMAGINATION




















                          L'AUTRE PAYS




            Est-ce être adulte ? il s'éveille à peine. S'endormant, il ne le tolèrerait pas, s'il n'en avait eu d'abord envie. Parfois, quand il y est - au creux de cette situation qui est le commencement, dans la tête, avant que ce soit dans le sexe, que sa bouche ait déjà ce goût de... - il se demande pourquoi pas plus souvent, pourquoi pas tout le temps, il n'en a envie. Il se promet, il dit qu'on recommencera cent fois aujourd'hui, cent fois dès maintenanté. Il s'éveille à peine, les prolégomènes, la peine de se retourner, d'ouvrir les yeux, de regarder, non, il n'en a pas envie. Les cheveux blonds, la peau, le corps, toutes les dimensions, l'existence de l'autre, de celle qui dort encore, qui smeble encore dormir, qui a dormi à ses côtés, avec qui il a dormi, avec qui - ce lit - il le partage, il connaît tout cela. Il ne veut que le plaisir, il ne veut que l'aboutissement, être déjà en elle. non pas jouir, non pas avoir joui, non pas être sur le point de jouir. Mais être déjà sur le plateau de l'amour, déjà dans ce pays où l'on marche autrement, où l'on regarde autrement. Il ne fait rien qui suscite le corps, qui appelle un geste venant d'à côté de lui. Il attend, cela n'arrivera peut-être pas, il a envie, c'est impossible à dire, à se dire, il est entièrement une envie, d'être dans un autre pays, de vivre et de respirer autrement. La chair, le corps, la sensation d'être soi, dans cet autre pays, auquel il ne peut accéder par lui-même, à volonté, seul, par quelque grimpée, c'est cela qu'il veut, cela qui n'a pas d'anatomie, pas de prénom, pas d'odeur. On devient autre, une immortalité est conférée dont on ne peut se souvenir qu'on ne l'avait pas, l'instant d'avant, dont on ne peut conjecturer qu'on en sera bientôt privée, un pays qu'on aura quitté. Qui l'aura quitté. Il sera les yeux ouverts, étendu, à plat sur le dos, comme maintenant, assouvi ou pas, ce n'est pas prévisible, mais il aura la même sensation d'avoir perdu beraucoup sinon tout en n'étant plus où il était, où il fut. Il n'imagine pas la compagne de ce monde, il ne voit pas - en souvenir, en nostalgie, en maintes expériences - les corps qui s'installent, qui se tendent, se déploient, se travaillent et de posture en posture, souvent sans regard, parviennent peu à peu à se sourire et à se trouver. Il n'anticipe quelque découverte, quelque aisance à se mouvoir dans ces autres dimensions, infiniment précises, infinement fugaces, étonnamment matérielles et spirituelles tout autant, parce que c'est de chair qu'il s'agit, et d'un accord de chair, que permettent seules, à quoi poussent seules une envie, une amitié d'âme, une certaine attention à soi qui est attention à l'autre. Il ne sait rien, sinon qu'il voudrait déjà être dans ce pays.

                  Elle a bougé, à peine. Elle a une peau si lisse, avec une sorte d'épaisseur propre empêchant de discerner - comme parfois certaines femmes ont une chair, une peau qui le permet, et cela émeut, ce n'est ni vieillesse ni imperfection, c'est une sorte de diaphanité qu'on ressent de la main - de discerner ce qui est en dessous, ce qui est vraiment la chair, sous la peau, l'existence vivante qui a des volumes, ses volumes, les volumes de celle-ci qu'il connaît et qu'il voit, côtoie, embrasse et aime chaque jour, la nuit aussi. Elle a bougé, elle a remué, il garde les yeux fermés, il attend, il est fragile, il ne sait pas, il ne saurait même décider, considérer s'il désire ou pas, désirer dans le vide, désirer le désir, leur désir. Peut-être son sexe est-il déjà tendu, déjà indépendant de ses cuisses et de son ventre ; peut-être repose-t-il encore entre ventre et cuisses, doux et enfantin. Elle a posé une main sur son ventre d'homme, elle a dû entendre ce frémissement de tout le corps d'homme simplement parce qu'elle a posé la main, elle doit bien savoir qu'il attend sa main ailleurs, qu'il attend sa main. Elle ne bouge plus, la main est au ventre, au centre de l'univers, la main décide de tout entre eux deux, elle est posée, tranquille, omnisciente. C'est une main qui prestement va au-dessus des cuisses, salue les jambes de l'homme, se fait attendre - elle ne peut pas ne pas le savoir - il attend, il espère, il se retient de crier et de demander. Même sion frémissement, un mouvement de ses jambes, l'ouverture de ses yeux seraient ce cri, il ne faut pas qu'il le pousse, il doit rester immobile, souple, distrait, disponible peut-être mais désintéressé. La main joue de cela, c'estbune main qui promène une sorte de frémissiement, une onde qu'elle crée et propage au ventre de l'homme.
                  Elle a bougé à ses côtés, elle s'applique, elle a avancé davantage la main, elle l'a passée comme par inadvertance, comme pour un simple survol qui n'aura pas de retour, un survol du sexe masculin. Sourit-elle qu'il ait aussi jailli du ventre, des cuisses à la rencontre de la main, qu'il ait si fort avoué l'attente, mendié davantage. Elle a lissé du revers de son bras le bas du ventre, et puis très tranquillement, d'un ongle court, doux comme la pulpe du doigt, elle a flatté l'ouverture minuscule, en a voulu l'exagération, le gonflement et comme si elle était chez elle, dans toute l'anatomie de cet homme-là, elle a déshabillé le sexe, retroussé la jupe courte, défait la coque du gland, puis elle a lissé, tiré vers le bas, vers le ventre la peau, l'habit, la coque, et lentement elle s'est éveillée à ce qu'elle faisait, à ce qu'elle lui fait, elle a préparé leur instrument, leur outil, elle lisse encore, elle exagère la pression, elle tire vers la racine, elle remonte jusqu'à la petite bouche, si minuscule, qui ressemble au bégaiement d'un poissonnet. Peut-être veut-elle y appliquer ses lèvres, achever leur préparation en humectant, en s'enfonçant en pleine bouche ce qui à présent existe si fort. Il est parvenu à ne pas bouger, à ne pas ouvrir les yeux, mais ses cuisses tendues, aux muscles raidis, le ventre durci le lui montre à l'unisson du sexe qu'elle a pris, qu'elle crée, et qu'ils veulent.

                  Alors, d'un saut, ils sont partis dans l'autre pays. Le saut quand elle s'est mis, d'un coup, à pleine main, sans exploration ni mimique, ce sexe dans le sien - quand elle l'a projeté en elle, par le bas de son ventre de femme, quand il y a fait une entrée tout entier. Alors, lui - il a ouvert les yeux, parce qu'il y avait le ciel. Du ciel, qui avait poussé de lui, du ciel qu'elle lui permettait de revoir et ce n'était pas le même que celui de la veille, mais c'était la même femme et le même homme qui savaient, une nouvelle fois, ce matin avoir retrouvé la clé du paradis. Ils n'étaient plus nulle part. Etaient-ils encore un homme, encore une femme, encore de la chair et des sexes ? Ils ont quitté leur temps, notre temps [ii].













                         SON ETUDIANTE



                  Elle est de ces femmes qui intimident. On ne sait pourquoi, on le ressent, je le ressentais si fort que je lui demandais si ses élèves sont à l'aise avec elle, si elle n'est pas sévère, abrupte, si l'ordre n'est pas son règne. Elle a un oeil plus fixe que l'autre, même quand elle ne dévisage plus et songe, mobile ou n'est oas regardée, ni songeuse. Des cheveux tirés en arrière, une jupe plutôt courte ce dont on ne s'aperçoit que quand debout, à contre-jour, entre un fauteuil de confesseuse et un échafaudage fruste, peu digne de sa fonction universitaire, qu'elle a tiré de l'encoignure vers sa table à écrire pour y poser à sa portée dossiers et livres, elle donnne congé. Elle acquiesce sans accorder, on sent la réflexion comme on entendrait tomber des pierres dans un puits, la voix est nette comme le front, la lumièrevest d'intelligence mais il y a quelque chose d'opauqe. Que vous l'interrogiez, elle dira qu'elle est célibataire, sa thèse sera soutenue d'ici peu, c'est un vieil Anglais lequel se veut encore dans le coup, existentialiste mais pas démodé, elle l'a lu, il est romancier, son existentialisme n'est qu'implicite, des articles et des critiqyues sur lui, en anglais, mais en français, elle sera la première et elle dit autre chose. Ici, elle est directrice d'institut, sur dossier elle a été recrutée, elle n'écrit que chez elle, si elle écrit ensuite, après sa soutenance de thèse et du repos, elle rédigera des articles. Oui, ce ciel, ces arbres, la mer - une mer en golfe qui se retire, qui laisse des marées interminablement vaseuses et sans eau puis redonne des vagues éclaboussant les jardins, les hortensias, les barrièeres blanches et les bâtisses à séminaires, colloques ou retraites spirituelles - oui, cette rumeur de végétation et cette océan éventuel, elle les prise pour un calme qu'elle sait exceptionnel. de quoi vit-elle, de quelles émotions.

                  Vous l'imagineriez debout, les jambes sont bronzées, musclées peut-être, le ventre est plat, elle l'a mise nu, comme s'il n'était pas elle, son ventre à elle, donc elle, son ventre plat, le sexe, une tâche sombre, encore moins à elle que son ventre, la culotte blanche, ou pas de culotte, elle est debout, les jambes légères et souples, ni écartées ni serrées, elle tient de ses mains l'ourlet du chandail léger de l'automne qui va venir, peut-être dans le pli ainsi fait, du linge bleu marine, un chemisier. est-elle chez elle, avant un dîner sans rendez-vous, solitaire avec un livre à sa droite, une bougie ar coquetterie, qui éclaire le journal qu'elle lira, une bouteille ouverte avec une bonne étiquette, elle n'a plus les fonctions de corriger les copies, elle a bouclé sa thèse, les nouvelles elle les a entendues en roulant, le studio ne coûte pas cher, il est plus sobre encore que son bureau à l'Université. Les plantes sont bien ordonnées, la cuisine, on y vient du séjour, dirait une agence immobilière, le séjour donne sur un balcon, la rue est calme, la chambre ne se laisse pas deviner, une radio, un réveil, deux photographies, des planches lisses, luisantes et planches prolongeant le rebord des fenêtres, des fenêtres faisant trois pans, avec des carreaux à l'anglaise. Elle enseigne l'anglais. Elle n'a pas trente ans, elle est brillante par écrit, précise à l'oral, elle est debout, elle se laisserait aller des épaules que ses homoplates reposerait contre le mur porteur qu'on a percé pour le passage du séjour à la cuisine très petite. Tout est blanc dans ce logement fonctionnel, tout est silencieux, la rue n'est pas passante.
                        Elle est debout, elle soupire, ses yeux sont fermés, son ventre est mat, le mat d'une brune qui n'est châtain qu'au plus fort de l'été et a le regard d'une mer moqueuse et dangereuse, elle soupire, elle laisse tomber ses mains du chandail, du chemisier, à la tête blonde aux cheveux coulés, et elle aspire, avec des hoquets qui montent de ses jambes à ses seins, l'originelle sensation d'une langue mélangeant la salive étrangère mais - à force - devenue fraternelle à ses propres odeurs, muquosités et sueurs d'une journée qu'elle ne vêcût qu'en attente. Marie-Pierre n'a eu d'étudiante à son prénom qu'une fois en quinze ans, celle-ci est blonde, de près de quinze ans - hasard - sa cadette, et agenouillée devant la maîtresse ne se met jamais nue, que d'âme, les mains aux reins glacés, la bouche tendre, la langue patiente et heureuse. Sur le parquet flottant, quelques gouttes qu'on n'essuie jamais ajoutent aux traces d'avant-hier. C'est ici le seul désordre, à peine un laisser-aller. L'étudiante ne passe guère qu'un quart d'heure, un jour sur deux, et seulement en semaine ; sortant plus tôt que la directrice, elle a une clé. Toutes deux sont précises, économes de leurs paroles [iii].













                      UNE FEMME A L'EGLISE




                  Entré dans l'église, derrière les deux prêtres qui remontaient la nef : c'était la succession d'un desservant à l'autre, la paroisse était rurale, le retable datait de 1751, il y avait des statues de paysans en chapeau rond avec gerbe et faucille, deux anges baroques à l'ancien maître-autel, derrière les suivant marchaient quelques-uns des conseillers municipaux - il n'alla pas jusqu'au choeur, choisit un banc d'où la vue vers la célébration était limitée par une des colonnes à section carrée, de beau granite qui donne sa force à l'édifice. Il s'assit, on parlait à l'ambon, il regardait dans le vague, mentalement essoufflé, physiquement seul. Pour venir jusqu'au bourg, il roulait trois kilomètres en campagne, des virages, des alignements de chênes nus sur leur talus, l'époque était à l'ancillage, l'air était sec, les chaumes très jaunes, puis il roulait trois autres kilomètres sur la départementale. Le bourg se donnait en haut de côte avec une ligne de maisons blanches aux volets de couleurs, chaque famille ayant adopte et conservé la sienne du mauve au bleu, en premier plan, descendant jusqu'à la route et au carrefour où se faisait la voie d'entrée dans l'agglomération, un grand champ, d'un seul tenant, le plus souvent semé pour le maïs.
                  De sa salle-de-bains, de la baignoire-même, il voyait d'autres chênes, ceux de son domaine, et plus loin le rentrant de la mer parfois à lécher les prés, parfois laissant presqu'un gué entre les deux rives plates. Des oiseaux, dont tous les noms ne lui étaient pas encore familiers, ne passaient qu'aux heures où la lumière est intermédiaire, les levers et fins de jours. C'était une année où les crapeaux et grenouilles n'avaient pas fait grand vacarme. Encore une enfant, qui n'appelait aucune attention, jusqu'au jour où - au moment de prendre sur la gauche la départementale - il dût attendre que devant lui une voiture fasse d'abord de même. Il reconnut une des familles issues de ses voisins. La vieille avait rajeuni depuis qu'elle était veuve, quelques mois déjà. On voyait bien plus souvent les enfants, deux femmes et un homme, et cela faisait peut-être une vingtaine de petits-enfants. Une adolescente, aux cheveux sans doute encore plus noirs que de nature, presque rasés car elle devait savoir la perfection de son crâne, et des yeux clairs, un teint qui allait avec. D'autres, plus désordre et d'une apparence ou d'une chevelure qui n'était pas - pour lui - de son goût. Et il y avait l'enfant, douze ans sans doute, peut-être un peu plus. Il salua en allant aux portières, on sortit, il proposa une photo des parents et des deux enfants, des filles, une autre des adolescentes et la fillette. Il prit deux clichés, le groupe, le portrait. Elle rougissait, elle s'était vue, regardée. Le visage était ovoïde, doux mais c'était cette soudaine rougeur qui l'avait ému. Le plaisir d'être regardée n'aurait pas gêné une enfant. Or, elle - elle était manifestement gênée. Elle croyait son plaisir trop explicite, elle se jugeait trahie, exposée, nue devant les siens, alors que - ce fut pour lui évident, quand la photo lui revint, développée - c'était d'être nue devant lui dont la fillette avait envie et honte à la fois. Elle n'en avait encore ni la pnsée, ni les mots, surtout pas les gestes, elle n'en avait que la marque, celle du désir, adulte dès qu'on l'éprouve.
                  Il avait pensé, ce matin-là dans son bain, en homme seul et mûr qu'il était - un premier plan de carrelages et un listel Jugendstil qu'il avait choisi avec soin, et encadré par la fenêtre du " chien assis " - qu'un émoi plus intense que bien de ses expériences serait : où et quand ? dans quelle imagination, dans quel lieu sans volume, ni couleur, ni limite ? d'être nu, homme seul et mûr, debout devant la fillette dont on ne distinguerait pas - ni lui ni elle - si elle aussi serait nue. Il n'y aurait que le visage, ovoïde et doux, intense, les yeux et la rougeur qu'il lui avait vus en la photographiant au carrefour de la départementale. Elle le regarderait, peut-être en se mordant un peu les lèvres, elle le regarderait mettre une main d'homme à ce sexe d'homme, elle le regarderait et comprendrait - par un atavisme qu'il n'y a pas à expliquer - elle reconnaîtrait ce qu'il serait en train de faire et commettre. Elle le regarderait se masturber, elle demeurerait silencieuse, il la contemplerait, ne la quitterait plus du regard et la main d'homme, sa main d'homme manierait l'instrument solitaire, elle ne détournerait pas le regard, elle verrait ce que lui ne pourrait voir, puisque ce serait lui - à l'instant de jouir, visage crispé et aigu, méconnaissable après le long temps du plaisir appliqué qui avait été le sien devant l'enfant regardant - elle verrait le visage, les yeux horrifiés qui se renversent, le ventre qui a tremblé, elle ne baisserait pas les yeux et, à l'épaule, sentirait soudain chaud, poisseux, mystérieux et déjà familier, la semence qui rend les femmes différentes. Lui montrerait-il, doucement, avec infiniment de précautions, des précautions fraternelles, totalement silencieuses qu'alanguiraient encore leurs souffles - alors devenus courts et jumeaux - lui montrerait-il comment à elle-même, en attendant une autre époque encore si lointaine de la vie, comment se donner cela, ce plaisir-là ? Peut-être et seulement, mimerait-il, sans approcher la main ni rien de lui, homme mûr et seul, les mouvements des doigts passant sur le ventre encore imberbe, le dos de la main sous l'élastique de la culotte, et une sorte de mollesse tendre qui vient à la pulpe des doigts arrivés à bon port et qui ouvre quelque chose qu'elle ne savait pas bien être en elle. Il n'irait sans doute pas même à cette esquisse et l'enfant, encore muette, retiendrait le mouvement qu'elle avait commencé - une main de fillette, vive et spontanée, compaatissante tout simplement, qui, vers le sexe retombé mais bombé encore, dénudé et violet, gluant du dernier spasme d'avant mourir, s'était tendue, portant secours à ce qu'elle croyait souffrant.
                  On avait appelé les fidèles à se relever, on chantait. Aux bancs du transept, comme il s'était penché un peu, la colonne le découvrant, il vit, le fixant, impudiquement détournée de la liturgie qui commençait, l'enfant entre père et mère [iv].


















                              III




                        ELLE, DE MEMOIRE













                    CETTE GRANDE TACHE NOIRE




                  La glace lui renvoya l'image de son corps. Elle aime son corps, j'aime mon corps, pensa-t-elle. Il a mis ses mains ici et là, il m'a vue ainsi, il a regardé, il m'a regardée. La glace en pied lui renvoyait l'image d'un corps pâle, d'assez petite taille, les épaules sont raides, les seins rebiquent, mais elle alimente un désir qu'elle voudrait articuler, un désir avivé par le souvenir, et c'est cela qui avive ses seins, des seins discrets, très séparés, autonomes, de même teinte que tout son buste. Le buste est long, peut-être trop long, sur des jambes qui ne sont que peu jointives mais musclées, précises. Elle voyait sa tête, son visage. Le nez rond, les yeux sans couleur décidée, prêts à tout regarder, examiner et à accepter les colorations que le jour et l'amour leur confèreraient. Il a aimé mon front, il n'a pas détesté, il a dû aimer ce front, avec des cheveux raides qui tombent, faisant au bol une coiffure sans apprêt, celle d'un garçon des autres siècles, parfois j'ai un épi. Elle porte bien sa tête, une tête qui va bien avec ce corps. Elle n'est pas belle, elle le sait, elle n'en a jamais souffert, elle en jouissait à présent. Il s'était penché sur ce visage, sur son visage, il avait regardé une dernière fois avant le premier baiser le visage, les yeux, le front comme l'aviateur examine le terrain inconnu où il a choisi de se poser, où il peut se croire attendu, mais l'accident, l'imprévu restent possibles, doivent être pris en compte. Elle arrangea un miroir qu'elle promena, s'étant retournée, à la recherche d'autres images. Ce furent des détails. Ses épaules ont la même musculature précise, nette, puissante, un peu incongrue ; le dos est lisse, équilibré, sans défaut ; les fesses viennent bas mais ne tombent pas, elle est musclée quoiuque courte, ou parce qu'elle est plutôt courte. Pas de pli vraiment au bas des fesses, des fossettes bien présentes. Le jour entre ses jambes, rien n'en dépasse, mais de profil, le ventre un soupçon en avant, il y a une certaine abondance. Elle a corrigé sa position, se pose à nouveau devant la glace. Le jour est à son midi, l'appartement de ces rues à angles droits faites d'immeubles, de porches à grosses, monstrueuses cariatides, de pavés, l'appartement est un intérieur lumineux. Ils sont pauvres, ils ne se matieront certainement pas, l'a-t-elle jamais souhaité, et lui ? sans doute jamais non plus. Ils ontc hacun leur coin, des placards. Ils n'ont rien accumulé, et n'ont guère à partager. Les pièces, aux plafonds moulurés et anciens, ont des radiateurs de fonte. Tout est peint en blanc, le parquet est d'époque, on prend des échardes en circulant pieds nus, ce qu'elle fait toujours. Il est midi, elle est seule dans la pièce la plus grande, celle où l'on reçoit d'ordinaire, mais ils ne reçoivent pas. C'est la semaine, elle a décidé de ne pas aller travailler, c'est là, au travail qu'il l'a connue, qu'il l'a manifestement prisée et protégée. Il lui a dit pourquoi. Elle le pique, elle est différente, elle a un quant-à-soi qu'il ne juge pas - c'est lui le chef - gênant pour l'équipe ; si le Français qu'elle a au-dessus d'elle la lasse et l'agace par une paresse que son opiniâtreté et son entregent camouflent le soir à l'heure où l'on signe les parapheurs, ou quand il est rendu compte des tâches accomplies, elle n'en a cure, elle est fataliste, elle prend des jours de congé ou des silences à ne pas desserrer les dents ni lever les yeux qui l'isolent de ce qu'elle n'apprécie pas, dans ce bureau. Lui, elle ne le voit que peu. Le matin, il est déjà là, à écrire, dactylographier, saisir toujours et interminablement. Le soir, il est encore là, elle le sait mais ne va pas le saluer? C'est lui qui passe, sans régularité, mais plusieurs fois par jour, dans chacun des bureaux, a des sourires, regarde par-dessus une épaule, parle parfois longuement mais guère du travail. Il est soucieux et joyeux, plaisante quelle que soit la saison, quels que soient les exercices du moment. Soucieux et joyeux. Alors, elle se dit que ce visage d'homme, elle en retiendra toujours les yeux bruns qui rient par eux-mêmes, qui doivent faire l'amour isolément de tout le reste d'un corps... qu'elle a maintenant connu.

                  Elle est sans âge, elle n'est pas vraiment jolie, mais elle l'intéresse. Son indépendance d’allure, de caractère, un sens inné de la justice, et un goût de travailler, d'entreprendre, mais à elle seule. Peut-être ainsi, est-elle l'unique à apprécier le travail pour lequelle elle, lui, et une quinzaine d'autres dans cet hôtel particulier d'un des beaux plus quartiers de Vienne, sont payés ; mais ce goût, l'équipe, les petits chefs ne le sentent pas chez elle, parce qu'ils ne l'éprouvent pas eux-mêmes. Il s'agit de paraître travailler. Elle sait que de ce qui passe maintenant pour une bienveillance ouverte et que les autres estiment une aberrante tolérance du grand chef, elle dépend ; sans cete bienveillance, elle serait proprement expulsée parce qu'elle ne s'est pas assimilée. Pas d'âge, mais la trentaine très dépassée et une bonne dizaine d'expérience dans ce bureau où elle a vu s'installer l'informatique, s'agrandir les locaux jusqu'à des salles de réunion aux boiseries néo-gothiques. Il l'avait prié à dîner chez lui, de l'autre côté du Belvédère. Chacun avait son tour, elle n'était pas la première, pas non plus la dernière. Elle y allait en visite, elle y vint le coeur indécis. Comment profiter de ces heures et quoi dire à cet homme qui la protégeait, mais dont on pouvait croire qu'il n'avait pas, n'aurait donc pas les mêmes sujets de conversation qu'elle. Elle remémora alors qu'elle avait pu tout de même lui parlet et aussi l'écoûter d'égal à égal. Elle l'accompagnait lui et son petit chef chez un fabricant, très automatisé, sous-traitant de B.M.W. C'était à Seyr, la ville est très ancienne, des rivières belles et médiévales s'y embrassent et des quais les longent. Il y a une grand-place, l'hôtel de ville, les calvaires et les statues baroques habituels pour des maisons multiséculaires. On peut se promener ans se lasser, ni beaucoup parler, les passants séparent les amants ou les gens d'affaires. Ils n'avaient été ni l'un ni l'autre, ils avaient de l'avance, il paraissait heureux d'être loin de Vienne et lui donnait l'impression qu'une part de son bonheur s'attachait à sa propre présence. A l'usine, ils avaient retrouvé le petit chef. Elle traduisait, elle appréciait les questions du grand chef, l'aidait à pousser les hôtes plus avant dans l'enquête qu'indirectement il menait pour mettre à jour quelques possibilités de ventes françaises. Ce ne dut pas ennuyeux. Le train était à prendre plus tard, lui-même continuait jusqu'à Linz en voiture, où ils serait rejoint par d'autres et de là il devait visiter le consortium géant du lieu. Elle ne devait pas y aller, ils n'avaient plus qu'une grande demi-heure, ils furent seuls dans la voiture qu'il conduisait sans chauffeur. la conversation avait pris un tour assez intime, ils s'approuvaient l'un l'autre de cette indépendance d'esprit et de projets qu'il appréciait chez elle, depuis qu'il avait compris comment elle travaillait, et qu'elle déciuvrait chez lui. Il y eût une certaine chaleur à certains mots. Elle s'enhardit jusqu'à lui proposer de visiter ensemble une exposition. Une de ses amies, un peu distante dans une fréquentation qu'elle n'avait pas cultivée depuis l'adolescence, peignait gigantesquyement. Ils y allèrent, furent escortés par l'autre, mais qui s'y connaissait en art. Lui, appréciait sans rien dire, écrivait, assis par terre, devant les toiles, qu'il investissait une à une de son silence. Elle avait gardé de cette journée une saveur un peu amère, qui lui resta dans le coeur tout le trajet du retour. Son compagnon, dans l'appartement habituel et laqué de blanc, dormait déjà. Rarement nu, ce corps qui lui avait donné quelque chaleur - du plaisir, elle ne se souvenait guère, et elle savait s'en donner elle-même, quoiqu'y répugnant comme une jeune fille des générations précédentes, mais la répugnance et la culpabilité ajoutaient à l'acide surprise de l'accomplissement intime - ne la mettait plus jamais en appétit. Ils ne s'en questionnaient pas pour autant. C'était une vie partagée, sans qu'ils partagent rien, que le frigidaire, le loyer et les notes mensuelles de téléphone, d'eau et d'électricité. Si elle ne s'en allait pas, c'était par désoeuvrement. Profondément, tout lui était égal, ce qui n'en faisait nullement une désespérée. N'êut-elle été si tranquille et autonome, avec le physique râblé et économe d'une femme de la terre, de la moyenne montagne pour mieux dire, qu'on l'eût crue évanescente, absente. Or, elle était précise et rétorquait si l'interlocuteur en valait la peine. Elle avait peu d'interlocuteurs, en avait peu eus, et n'en sollicitait pas.

                  C'est ce qu'il avait compris et lui avait fait dire. Il servait lui-même, il avait cuisiné lui-même. La salle-à-manger étroite d'une cuisine à l'américaine, les volumes du bel appartement étaient dans les hauteurs de plafond et deux grands salons. Beaucoup de nus, d'un peintre morave, disait-il d'une voix dont on sentait qu'elle se lassait de répéter les honneurs de l'endroit et de raconter la même histoire pour la statue de bronze, un nu à la toilette, grandeur nature, une statue d'un Allemand réfugié en Catalogne, le modèle qui n'était pas professionnelle, peut-être pas vingt ans à l'époque, c'était la fin de la guerre, Barcelone, les Ramblas, un soleil à pic, elle l'avait suivi, pariant que ce ne serait pas un dragueur. La statue, enfin là, il avait eu du mal à se faire à une femme nue, qui en petmanence l'attendait, silencieuse, sans bouger, et se laissait admirer car la lumière changeante donnait une vie, empêchait que l'oeuvre soit un monument. Ils étaient passés autour d'elle, sans insistance, de la table à dîner à l'autre salon, les  verts de velours pour le canapé, des centaines de livres reliés. La soirée avait filé, et tout avait été brusquement improvisé. Il lui avait demandé si ce n'était pas, si ce ne serait pas le moment, un moment qui ne reviendrait pas s'ils ne l'habitaient pas, tout de suite, sans trop délibérer ni réfléchir. Le prétexte d'un rangement dans la cuisine, il l'avait laissée un instant seul. Un petit couloir donnait dans la chambre-à-coucher qu'il était au point de lui montrer, mais sans qu'aucune arrière-pensée ne s'imposât. cette pièce après d'autres, et il avait entrebaillé deux autres chambres, celle à offrir aux amis de passage, les neveux, les nièces, sa mère.

                        Il était revenu, inchangé, souriant. C'était la chaleur de sa voix, de ses yeux qui l'avaient fait pencher, et lui, il avait dû aimer la ferveur immédiate de cette bouche quand il en avait ouvert les lèvres. Ils ne se souviendraient pas de la suite, de la suite immédiate, les vêtements, ils avaient dû se les ôter l'un à l'autre. Avait-il été surprise de ce corps si musclé, si ramassé, un peu couturé et taillé comme celui d'un garçon. Etaient-ce ses jambes, ce long buste de garçon, cette coiffure au bol, ce dos très long, des fesses plus masculines qu'alanguies, qu'il avait appréciés. De ces minutes-là, en revanche, elle se souvenait. Elle se souvenait n'avoir été occupée que du sexe de l'homme qu'elle découvrait. La voix, les mains, qu'elle avait trouvées dès son premier tour au bureau - déjà deux ans, ils avaient mis deux ans à s'allonger nus l'un à l'autre, puis lui à se relever à demi, à s'asseooir comme pour mieux la voir, prendre quelque recul, la distance pour que la main se tende et passe sur le dos, effleure les seins, le ventre, s'assure de la réalité, comme si cette femme, qu'elle devenait à sa main, sous son regard, à mesure d'une lente inspection, de sa lente inspection - la voix, les mains, elle les cnnaissait, curieusement le contexte, la nuit, la chambre ne les modifiait pas, n'y ajoutait cette vibration un peu triste que peut avoir la main, la voix d'un homme se dépossédant de la journée et des vêtements et qui à présent désire. Elle n'avait d'yeux, puis de doigts que pour le sexe de l'homme, ce sexe d'un homme qu'il devenait pour elle. C'était l'intime qui allait défaire l'inconnu, l'intime membre, l'intime aspect qui l'assurait - elle - qu'ils étaient presqu'amants déjà, qu'elle pourrait désormais prononcer devant lui, à haute voix, clairement, le prénom qu'elle avait parfois murmuré depuis la conversation de Steyr. Quand il cessa de parcourir de la paume tout son buste, quand, assis devant elle, tous deux les jambes ouvertes, il la regarda soudain, elle comprit qu'il allait s'allonger, elle put prendre de la main sans plus de timidité la verge tendue, passer l'autre sous les fesses et se laisser elle-même aller en la vibration qui avait commencé. Plus tard, elle n'avait su qu'une chose, cette formidable douceur de l'avoir en elle, puis de le recréer, de le reprendre en elle. Il lui avait murmuré qu'il aimait son dos, la tranquillité de son corps, de ce dos, de ce ventre sans abondance ni pilosité excessive, qu'il aimait faire l'amour avec elle, qu'il trouvait l'amour avec elle naturel et très bon. Il avait balbutié et se rendait une nouvelle fois. Elle s'était étonné de ne pas défaillir davantage, comme si quelque chose l'acrochait encore à l'autre terre, à l'ancienne identité de ce nouvel amant. Elle n'était pas demeurée chez lui, elle avait préféré retourner seule et chez elle - quoique ce fut déjà la nuit très avancée et que la gare du Sud, les frondaisons du parc au-delà des grilles de Marie-Thérèse, avait parfois des chalandises inquiétantes. L'autre dormait, qui n'était pas un autre, qui n'était pas nouveau, qui n'était rien, mais pour lequel elle gardait une utile sympathie. L'amant, elle n'aurait qu'un amour secret à lui proposer, que des propositions de caresses et d'amour de corps, elle n'aurait que des attentions, une oreille à lui prêter, à lui donner, elle veillerait à ce qu'il n'ait pas de soucis. Le lendemain, elle ne fut pas davantage que les jours précédents, à l'heure, ce dont il lui fit, comme chroniquement, le reproche souriant. Ils se regardèrent à peine, mais elle avait su qu'il n'oublierait plus l'allongement de son dos en garçonne et la fente née bas, mais bien sculptée, entre les fesses parfaitement rondes. Elle était demeurée, un long temps avant d'annoncer qu'elle devait le quitter, assise aux genoux de l'homme qui gisait, elle contemplait le sexe encore tiède et luisant, parfois comme furtivement et comme s'ilui avait fallu n'être pas surprise à faire cela, elle donnait une brve caresse de ses lèvres à la chair qui avait été si forte. Alors, elle offrait le paysage dont elle comprenait qu'il était - d'elle - son préféré.

                        Cela, la glace ne pouvait le lui rendre. Elle se regarda encore, prête à autre chose, à s'habiller, à se donner à déjeuner, puisqu'elle irait au bureau, y arrivant à l'heure où les autres seraient dans les restaurants alentour, ils la trouveraient à sa table d'informatique, ne poseraient pas plus de questions que son silence rivé à la machine ne les y autoriseraient. Ce serait bien et plus aisé. Elle souffrait tout de même de cet isolement, injuste au fond. Elle revint à ce corps, ils ne s'étaient pas revus, l'un l'autre. Mais comme elle vivait à ce rythme étrange de ceux, de celles qui paraissent indifférents à tout, elle n'avait pas compté, ni même remarqué les jours... Elle ouvrit la lettre, que depuis hier soir, elle se réservait de ne lire que nue. Brandie devant ses seins, la tache blanche du courrier rima soudain dans la glace avec celle - noire et floue -du bas-ventre féminin. Elle fut frappée de l'étendue de cette tache noire, une tache noire qui avait peut-être grandi depuis la dernière fois, mais quelle dernière fois ? une tache noire qui peut-être effrayait, pouvait effrayer un homme, si vaste, si fascinante qu'on pouvait - oui - croire qu'elle envahirait tout, la femme d'abord et celui qui était tombé dans ses bras, qui y tomberait. Elle se souvint qu'ils ne s'étaient pas regardés nus -debout, et que de tache noire il n'avait donc pu être question. La tache les avait bus, sans aveu ni repère, gommée par leurs sexes. Elle compris alors qu'elle attendait de nouveau, et elle sut quoi [v].


















                                                                                   IV


                                                                                DE EO






















                  J'ai ainsi commencé d'écrire. Des fantasmes et des souvenirs. Ecrivant un fantasme, tel que je me souvenais me l'être formulé, l'avoir fait se dérouler à cette vue intérieure qui n'est celle ni du rêve éveillé, ni du rêve mobilisé au réveil, qui est docile, logique, qui accompagne notre plaisir et y supplée, la vue de notre première personne quand elle est est pluriel, mais que nous sommes seuls à la vivre, ces instants-là. L'écriture trouve alors - d'elle-même - plus aisé d'en rapprocher deux l'un de l'autre, déjà un des personnages est mort ou jeté en réserve. Ainsi Maëlla - féminin de prince en bon, quand sa mère m'expliqua à la sortie de la messe ce prénom, elle ne voulut pas dire : princesse, sa fillette ne l'était plus, ne l'avait été, femme, que fugitivement, à ma première surprise de son regard d'enfant qui me dévisageait - Maëlla s'est prêtée pour que s'achève une première présentation de ... je ne retiens toujours pas le prénom de la petite... Des souvenirs, ce sera une manière, la plus heureuse et peut-être la plus vraie de rédiger mes Mémoires, ces mémoires-là qui furent vêcus à deux et simplement, ceux qu'aucun revers, aucune disgrâce, la chute d'un piedestal ou la venue de l'âge, ne peuvent pousser à réécrire. Ce sont des faits, indépendants de tous les autres, dans une existence humaine. Ce qui nous laisse entendre qu'ils sont sans doute le plus fort de nous-mêmes. J'ai écrit donc ad hoc.

                  Mais voilà que je reviens à des textes antérieurs, lettres ad eas que je collationnais ce dernier printemps. Il pourrait y en avoir d'autres. A les comparer, il saute aux yeux qu'ils ne viennent pas de la même façon, pourtant ils tendent à représenter des scènes analogues. Pourquoi cette différence, la liberté d'écriture est la même, que le lecteur soit dévisagé ou anonyme, je ne crois pas que cela change la posture de l'écrivain. Il est ainsi posté que son écriture est un dialogue, celui du peintre et du modèle. Il peint le couple qu'ils furent ou qu'il imagine qu'ils seraient, seront. C'est une écriture adressée non au lecteur sur papier, mais à une chair et à une âme précises, personnalisées, nommées le plus intimement.

                  Faut-il admettre que la différence est seulement d'époque ? ce que d'autres textes, encore plus antérieurs puisque cette thèse : L'âme du sexe, m'occupe depuis vingt ans, confirmeraient si je les convoque ?

                  Ce qui reviendrait à comprendre qu'il n'y aurait d'unicité dans le tissu, de tenue d'une même saveur que par le sujet vivant, faisant, respirant l'amour, mais que ce sujet n'est identique à lui-même qu'à un moment donné, dont il importe de ne pas interrompre la continuité ?

                  Pourtant nous expérimentons que nous nous y "prenons" toujours de la même manière. Oui ! pour rencontrer, convoiter, reconnaître cette eau singulière qui nous vient à la bouche quand nous avons appréhendé quelqu'un et que nous commençons de désirer. Oui, pour cette chamade ou cette dubitation : se rendra-t-elle ? Comment sera-t-elle, comment serait-il ? Que serons-nous, juste avant ? Juste après ? Guillemets pour ces prépositions de temps. Mais non ! pour l'entre-deux, car nous recommençons à zéro dans l'épreuve d'être deux. Je crois que nous arrivons sans mémoire au moment de constituer ce couple qui dansera autour d'un axe invisible longtemps, ne se trouvant précisément qu'à l'envoûtement mutuel des sexes ; qu'il n'y a alors de mémoire que celle qui commence à servir, anticipation de la prochaine danse, sagesse acquise de la précédente, sécurité permettant l'imagination, sécurité de se savoir désiré et attendu, sécurité de pouvoir être suscité, ressuscité, remembré -, sécurité de pouvoir se perdre sans mourir, de pouvoir mourir sans se perdre -, sécurité de pouvoir crier, pleurer, grimacer, balbutier, de pouvoir n'être rien, de flotter sans plus aucune dimension ni respiration dans un cosmos qui n'a ni nom ni géographie. L'analphabétisme, le silence de la science la plus exacte, la plus prolixe et qui ne s'acquiert que par le partage, ne s'augmente que par le partage, ne se perd jamais car ce qui fut, en ce que peut-être il faudrait appeler un pays, le pays particulier à chaque amour, à chaque couple faisant, refaisant, convoquant l'amour des corps, à fleur d'âme, à pleurs d'âme, ce qui fut - ainsi et là - ne pourra jamais être effacé.
                  L'écriture peut-elle en rendre compte ? Est-elle, par elle-même, un retour solitaire ? Continue-t-elle le partage ? Elle date. [vi] 

                  Ecrivant cela, c'est à un lit, à une femme - précis, précise - que je pense, auxquels je me réfère. J'y arrive à plus de cinquante ans, libre. Est-ce elle qui me libère de souvenirs et de nostalgies, qui abolit, plus qu'elle ne périme mes comparaisons ou mes références ? L'homme, le sexe masculin n'ont de présence dans la joute et l'installations sensuelles qu'à la condition absolue d'être assurés du consentement féminin. Ce n'est pas un consentement de paroles, ni même de coeur, c'est vraiment un consentement phsyiologique qui ne se convoque ni ne se décrète, ne s'excite pas davantage que l'érection virile. Une part de l'âme, certainement, constitue ce consentement - sinon l'âme entière laquelle impliquerait la revue d'une biographie, d'une vie, d'une échelle de valeurs et pas seulement l'entrainement de l'instant que celui-ci conclut ou inaugure une méditation, une supputation amoureuses. Là, avant même l'étreinte, naît le couple. Il y a le rut, certes, mais durera-t-il, aura-t-il habileté, efficaciuté et patience si le refus est patent. Les maladresses, tous les débuts se rattrapent si le consentement et l'attente féminins sont au rendez-vous. La femme se rend parce qu'elle a permis. Ouverte... Plus encore, appelant... de ses mains, de son sourire, de sa voix... car cette porte-là, délicieuse quand l'arme est au poing, redoutable et infernale quand il n'y a plus rien, ou encore rien, une nouvelle fois, toujours rien à y introduire, cette porte-là est unique qu'on ne franchit que totalement. Ne le pouvoir est indolore pour le corps assoupi ou impuissant, mais corrosif pour l'âme. Aucune intelligence, aucune ardeur spirituelle, aucun baiser n'en pourrait guérir. L'union blanche serait horrible.

                        Le viol brusque-t-il, force-t-il à naître un couple étrange ? On le dit douloureux pour le corps féminin -, traumatisant pour l'esprit, l'âme, l'identité de la femme. Comment le membre viril surmonte-t-il les obstacles, vainc-t-il les débats, sans mollir ? Le sang ne bat-il que par l'odeur du sang et du sperme anticipée, effluves fortes et acérées par le combat ? Je ne sais. L'impuissance me paraissant une calamité, engendrant une telle obsession masculine, une telle supputation de la pitié et donc du désamour féminins, que je n'en ai l'expérience que par sa guérison - toujours miraculeuse, en sorte que chaque érection est un cadeau des dieux, chaque étreinte une aventure en soi qui combine l'histoire, la géographie, tous les aléas et toutes les victoires de l'exploration, la plus haute spiritualité, la finesse gustative la plus aigue. Longtemps enfant en ce pays-là, j'éprouvais - en suite - le regret, l'abattement souvent décrit en médecine ou par les livres. Ils ne me viennent plus ; " après" est encore une forme de bonheur, autant qu'"avant" était déjà la félicité, quand la bouteille se débouche, qu'on ne sait encore rien du vin, sinon que c'est une étiquette et un moment prometteurs. Quand je reste allongé, en suite - c'est d'accomplissement qu'il s'agit, un accomplissement que je vis ; y a sa part la certitude d'un prompt retour dans ce pays, j'en garde la mémoire heureuse et ainsi se prolonge autrement ce qui m'avait comblé, il y a peu quoique ce soit déjà si lointain, et tandis que j'apprécie de plus en plus qu'à mes côtés, celle-ci qui ne fut qu'un avec moi, et moi avec elle - le corps de l'homme se relove au ventre féminin à l'instant du spasme - demeure, elle aussi, inerte, les yeux aveugles mais ouvert. Car c'est surtout le ciel, qui ainsi demeure. Il n'y a donc que couple. Mais il est vrai que la femme jalouse, la femme qui crie sa détestation ou son mépris, sa malédiction à l'amant, cette femme-là qui se refuserait et ne serait que forcée, enseigne aussi qu'il y a toujours un certain craquement, une certaine rupture d'hymen ou d'antique verrouillement - quand elle sera d'elle-même vaincue et en pleurs, reconnaissant la réconciliation à ce retour d'envie. Ainsi, y a-t-il la première fois ; y a-t-il aussi les retours fréquents et fraternels les promenades quotidiennes ou mutliquotidiennes, des siestes, du soir, du matin ; y a-t-il enfin ces redditions. Je raconte avec des images, des souvenirs ou en fantasme ce qui se vit, se donne, mais ne peut s'écrire. Le plus précis reste approximatif, et ce que je veux élucider n'est pas une image figée : d'autres formes de l'art sont adéquates, que l'écriture plagiera seulement, ce que je veux décider, c'est que le sexe et le pleur, la peur, l'angoisse que le rendez-vous soit manqué, la joie d'être exaucé, d'être au point où sûrement l'on sera exaucé, où plus aucune impasse n'est à redouter - que le sexe, la joie et l'appétit, la disposition au désir et à la communion sont d'abord dans l'âme, en proviennent et y retournent. Alors, résonne le corps ; alors, battent le coeur et le sang au masculin ; alors, frémissent et se gonflent les seuils et les demeures de la femme.

                  Mais - tandis que j'écris - il m'apparaît bien que je n'écris pas ce que je voulais écrire, que j'ai peine à transcrire ce que je veux saisir, qu'en fait je ne sais toujours pas le secret, ce lien entre la chair de l'un et la chair de l'autre, ce lien de connivence et de distinction sublimes entre deux sexes, et la conscience que deux personnes en ont ou en éprouvent, et je ne puis qu'écrire - pour l'instant - qu'il y a ainsi entre l'étreinte physique de deux personnes et le combat de celui qui compose des suites de mots pour dire, une analogie totale. Faire n'est pas savoir, mais seulement éprouver que l'on vit en cherchant, que l'on aboutit par hasard, ce que - conventionnellement - on appelle l'inspiration, et qu'en amour, on appelle l'amour. Entre la vérité que je veux comprendre, en tant que mode d'emploi de nos corps, en tant qu'une prise sur notre âme, un amadouement de notre identité, de notre résistance à la mort et au désespoir, et l'érotisme, il y a autant de distance qu'entre l'étreinte absolument unique, personnelle de deux amants et la banalité du sexe, de son exploitation. Elément de langage, sujet polluant ou faisant les rencontres, simplification de toute communication et voie définitive de communion, ensemble de gestes si quotidiens qu'ils en paraissent d'hygiène un peu neutre ou paroxysme analogue au martyre parce qu'on ne peut prouver autrement ou plus fortement ? [vii]


















                               V



                             AD EAS
















                        Que tu es compliquée, que tu es devenue encore plus compliquée. Que tu n'aimes plus que je t'écrive à Strasbourg, alors que naguère j'ai dû certainement t'y écrire et pas seulement t'y appeler. Mes appels à Bagnères étaient bien plus compromettants, et comment peux-tu ne pas avoir mon prénom à tes lèvres ? si, parfois, me disais-tu, tu as mon sexe à tes lèvres, à ta bouche, et encore mon souvenir ou le projet de moi idéalisé dans le coeur et la tête, à tel point que cela fonde ton obsession et tes reproches. Ne cherches pas l'amour sous la forme que tu veux et imagines, et trouves-le là où il est, pour t'en délecter. Prends des initiatives, souris-toi à toi-même sans que cela emporte immédiatement toute une conception de la vie, mais par franchise vis-à-vis de toi-même car tu me dis alternativement que tu ne me survivrais pas, que tu serais déjà "partie" s'il n'y avait les tiens, et en même temps que ne plus penser à moi est possible si tu ne me vois plus, et cette affirmation veut bien dire que tu l'envisages, que tu l'as même décidé à plusieurs reprises, et que donc tu survivrais. Je ne veux pas dialectiser ce soir, ni sans doute jamais car la vie du coeur et celle de la chair, de l'âme, de notre identité n'est que si partiellement raisonnante. [viii]

                  Je travaille intellectuellement moins que je n'aurais voulu et que j'avais prévu ces trois semaines de notre séparation, mais j'avais tant à mettre en ordre en moi-même et dans cette maison, ce qui n'est d'ailleurs pas fini. Cela a levé un certain préalable, j'ai surtout compris que je ne me sauverai que moi-même, qu'il me faut chercher et trouver ailleurs, accumuler du faire, du concret. Le reste bougera, je ne sais comment ni quand... et dans cette nuit où tu dors déjà, mais si loin, et dans ce lit, où tu seras dans quatre nuits, je reviens à toi...

                  Oui, mon sexe dans ta bouche, à bouger, à se gonfler, à être heureux d'être saisi et doucement palpé par tes lèvres, à sentir la prise de tes doigts au plus gonflé des artères, au plus dur de la racine, à sentir et tressaillir que du bout du doigt tu touches et passes et repasses sur la petite fente au haut de sa tête, oui mon sexe s'enfonçant et revenant dans ta gorge, dans ta bouche, pour en ressortir, liquide de ta salive et promener celleci, l'étaler doucement autour de la pointe de ytes seins, puis aussitôt sur tes paupières fermées, dans le vcreux de tes oreilles, et revenir à nouveau à tes lèvres fermées, puis ouvertes, car tu sais retenir tes dents, tu sais n'être que moiteur, chaleur liquide et tout accueil. Tu te retournes, et je prends la vue de tout toi, de dos, à quatre pattes, cambrée, les reins creusés au maximum, les cuisses tendues mais entrouvertes, ton sexe ouvert avec des larmes blanches entre les poils : notre suc commun pour t'avoir déjà pénétrée un instant, après avoir empli ta bouche, après avoir testé tes lèvres, celle de ton sexe. Tu es ainsi, comme enchaînée à une attente, la tête levée comme pour un hurlement muet, et je suis derrière toi, le sexe dur que je promène au doux revers de tes cuisses, du creux de l'articulation de tes genoux, jusqu'au pli horizontal de chaque fesse, dou pli commee celui d'une étoffe qui al'habitude de ce pli. Il y a la fente verticale et ombrée de ton sexe, gonflé comme deux outres, comme deux revers de portes de tentes au désert, seule l'humidité de ton désir les tient unies, tant ausitôt entrée on serait au plus vaste de ton offrande et de tonaccueil, mais je m'incline à ce seuil, à ton seuil, et n'enfonce que ma langue, la saveur est autre, je l'adore, comme j'adore tête à queue 69, que tu me reprennes allongée tout le sexe, la main à mes c..., le doigt peut-être à s'enfoncer dans ma fente et jusqu'au puits étroit, ce que tu ne fais presque jamais, vas-y, enfonces le plus avant possible ton doigt le plus long, même s'il y a l'ongle, et sens l'anneau de mon c... se fermer sur ton doigt et vibrer, et moi la langue dans ton sexe, puis revenant au petit bouton. Mais c'est de toi ainsi liée à toi-même, ne m'offrant que de dos ton sexe, ton cul, la raie avec un peu de rougeur de cette intimité qui s'est dilatée, et ce que je vois seul, et que tu n'as jamais vu, noué, fermé, en une sorte de vrille pâle et crispée, le plus intime de toi-même, ton trou, ton petit trou, où jamais encore mon sexe ne s'est enfoncé, il y faudrait force totale et autant ton appréhension pour que tu en jouisses sans distinguer si c'est de glace ou de feu ce qui vient d'un coup en toi, comme une déchirure irréparable et qu'on dit bouleversante à hurler (est-ce la même chose aussi pour les hommes entre eux ? est-ce cela la nostalgie du doigt enfoncé ? est-ce cette sensation, cette certitude qu'on ne puisse aller plus loin dans la possession, dans la possession de soi-même quand on est possédé, car tu le sais, même ni nous ne nous le disons pas à ces instants, plus on est possédé, plus on possède) et voici ma langue toute chargée de ton suc, de notre salive et peut-être d'un sperme d'avant, qui vient de ton sexe à la raie et vite, sèchement, comme en reconnaissance, monte de vertèbres en vertèbres vers ta nuque, et mon ventre bascule à tes fesses, et mon sexe butine entre tes genoux, tandis que je vais t'embrassant ainsi et teprenant les seins, et arrondissant leur masse, et vérifiant leur pointe, et oparvenant à tes cheveux, et y comblant mon envie d'odeur et de toute la senteur de tes parfums d'habit, avant de redescendre me recharger des odeurs autres, puis de ton sexe, très lentement, ma langue parcourt les distances de notre plaisir de la fente qui, dans ce sens, n'est pas aussi compliquée qu'en avant, pas aussi herbue, pas aussi gardée, qui est plus fruste, plus directement en ravin ouvert vers le fond, et de là, je viens à ton c... un peu plus rose, que le pâle de tes fesses, un peu moins que le soulignement vertical de leur écartement. J'ai arrêté ma langue, le parfum est unique, qui n'est ni ton sexe, ni ta bouche, ni le creux de tes oreilles, ni la nuque, une âcreté dont j'ai envie, une exiguité où je voudrais m'infiltrer, et ma langue tente l'impossible, sans doute tu vibres mais t'ouvriras quand je viendrais réellement. ce soir, le sexe gonflé, je rêve de toi, et raconte notre histoire prochaine, et toi ? tu m'as en toi dis-tu... sais-tu que j'aime ton plaisir, j'aime ta course, le sexe ouvert, étalé, coulant, donné à mes genoux, à mes cuisses, qu'il blesse presque, j'aime l'imagination de ton glissement, de ton ébranlement, de ton galop ainsi décuplés dans mon esprit fou, tandis que je contemple tes yeux qui s'assombrissent, tes cheveux qui ont la folie des chevaux de légende nocturne, et j'imagine de nouveau ce que serait la vue inverse, de ton galop, de ta course sur mon genou, quand vu de dos, ton dos en sueur et courbé par la tâche et l'attente, offrirait tes fesses tantôt ouvertes, tantôt fermées, et dans l'ombre de tout, il n'y aurait plus que l'arrivée latente d'une autre dimension, celle où lâche le coeur et où il n'y a plus que les sons mélangés, que les liquides dont on ne distingue plus s'ils sont nos fantasmes, notre sueur, nos salives, ou bien d'un coup quand tu l'as voulu, ton empalement sur mon sexe, et la folie saccadée et rapide du but. Pourtant, toi comme moi, savons bien la grande douceur d'avoir tout devant soi encore quand le gonflement réciproque de nos sexes, l'attention tendue de nos ventres quin se touchent à leur bas, de poils et des duvets qui se raidissent, se mélangent et s'humectent à la jonction de tes lèvres et de mon membre et que lentement nous avons la conscience de coincider, d'y revenir chaque instant, chaque fois, chaque enfoncement nouveau, plus justement, plus délicatement, plus précisément. Ah ! cette exactitude de te pénétrer, de me sentir tout entier à ta mesure, à ton attente, à ta dimension dans une chaleur et une présence, une aisance et une facilité sombre et multicolore, intime comme un rêve, intime comme un retour aux sources, et me cramponner à ce qui me vient de toi, et des doigts chercher d'autres accroches et d'autres aproches de ton plaisir et de tes frémissements, prendre à les écarteler, à les détacher de ton buste, tes seins que j'aime, prendre leur pointe, tenter de tâter chacun des grumellements qui les entourent, venir aux poils à peine rasés sous tes bras et revenir au creux de tes fesses, tambouriner avec douceur sur la corde intime et tendue de cet arc, à sa courbe, entre sexe et trou du..., tout en continuant de m'enfoncer et de me reprendre. Lourdeur de mon souffle à ton oreille qu'il mouille, lourdeur du sexe à sa tête dans ton sexe, boutoir que je me sens être, écartement de tes jambes, de tes cuisses, de ton esprit, de ton âme, mais ne me perdre qu'en ton âme, que dans tes yeux ouverts, gicler, couler dans ton visage, dans ta tête, dans tes mains, dans ton histoire, dans ta prière. Grossir, m'ouvrir et pleuvoir sur toi, sur tes lèvres ouvertes et bourgeonnantes, ou alors précis et fiché en toi, ne partir de plaisir qu'en fusée commune pour une extase et une possession éternelle de tout l'univers parce que tu serais devenue moi, et que tu m'aurais totalement pris de ta bouche, de tes mains, de ton c..., de ton sexe, de tes yeux, ne partir en toi que pour t'emmener au plus lointain de nous, soudain atteint. Les jours et les nuits où je n'y arrive pas, où je n'arrive à rien, où je t'en veux et le dis parfois méchamment, pleurant de frustration et d'une mauvaise relecture, soudainement, de toute ma vie, je ne veux pas non plus les oublier, car ils donnent rétrospectivement tout leur sens au miracle de notre union, de notre réussite ensemble, au chef-d'oeuvre qui nous est commun : dans ta main, mon sexe s'est levé et a salué, au seuil de ton sexe, à tes lèvres de bouche et de ventre, mon sexe immobile a tressailli, balancé, branlé sa tête casquée, et déjà humecté, a enfoncé son envie, ton envie, mon envie dans ton envie. C'est ce miracle que lui-même salue, sexe chérie et encensé, et dans l'attente de cet autre, que nous savons moins bien raconter, dont on ne se souvient qu'en le vivant mais l'anticiper c'est déjà se mettre en route et à table, c'est déjà passer la main entre le ventre et l'étoffe à nos revoirs, c'est déjà ventre à ventre chercher de l'autre les fesses et bientôt la totalité de nudité. Oui ! cet autre miracle, une fois le désir bien installé, que ne reyombant pas, il nous amène au contraire quelque part, jamais identifié, mais toujours reconnaissable quand, lieu immense et fort, on l'entend soudain qui commence à venir et sera irrépressible. Ah ! l'instant où il n'est pas encore mais a déjà fait connaître la certitude de sa venue. L'humanité si elle n'avait été faite, conçue, créée que pour cet instant, que pour ce carrefour où toutes nos facultés et en fait l'amour se rencontrent, fusionnent, chantent, vibrent et coupent le souffle à toute vie pour en faire intensément prendre la conscience ; alors, la nudité, les gestes, les sensations sont oubliées ; nous sommes devenus ce que nous sommes initialement et ce que nous serons dans la totalité de la résurrection de la cbair, que nous anticipons là, par cette mort-là, par cette respiration soudainement coupée, par ce frémissement et ce qui nous parcourt et auquel nous ne pouvons rien et que nous ne saurions même désirer et encore moins susciter l'instant d'avant. Nous y sommes, loin de tout, surplombant tout, et la reconnaissance pour toi, pour toi qui m'a donné de me donner à toi, de t'accompagner, de t'écoûter jouir et frémir, qui m'a donné de me perdre, la reconnaissance me fait pleurer, inépuisablement. Le bonheur de pleurer dans tes cheveux, le sexe enfoncé, balbutiant dans le tien, la main encore dans la pose qu'elle eût juste avant l'extase.

                  Et tu dors tandis que je t'attends et te rêve, nous rêve ainsi, la main, les mains lâches et vivantes tandis que ton visage souffle doucement, que tes lèvres sont entrouvertes, que peut-être ton sexe suinte de quelques caresses que tu t'es données parce que j'avais, tout à l'heure, dans notre conversation par fil, esquissé en mots d'enfant ce chemin d'une langue d'homme de tes reins à ton cou, ce regard masculin sur la raie de tes fesses et l'envie de tout amant de lécher le plus intime de toi et de se faire prendre le plus durement son sexe devenu dur à de telle vue, à de tels itinéraires de mon visage à tout ton dos. Tu dors et dans quatre jours, ce sera différent mais tu me regarderas, tu auras tes yeux de la nuit, leur dilatation, alors tu te souviendras peut-être de ce dont nous avions envie ce soir, ton doigt s'enfoncera, ma langue rampera et le membre à tête casquée balancera encore devant tes yeux, aux ailes de ton nez, aux enroulements de tes oreilles. Que notre désir ne tarisse jamais, c'est le cri de l'âme.

                  Tu auras dormi finalement à plat dos, tu m'avais quitté te recroquevillant, gardant mon sexe jusqu'à sa disparition, son ultime retrait, tant qu'il restait, glissant lentement hors de toi, baveuse, nous deux baveux et moi la lèvres à tes cheveux encore, mon ventre à ton dos. Tu t'es retournée dans la fraicheur du latin, le pépiement commencé des oiseaux, une vague clarté dans tes yeux entrouverts un éclair, puis refermés, Ta main lentement à ton sexe, comme si celui-ci-restait entouvert bouffé de son propre sommeil, d'une sorte de déshérence le rouvrant doucement, deux de tes doigts maintenant une lègère ouverture, tandis que ma main avait frôlé le mien allongé, mou, évanoui, endormi, enfantin, à revers de mon ventre vers le nombril. J'ai posé ma main à ton ventre, à cette hauteur-là aussi, puis à tes seins, et doucement j'ai passé la main sur les collines et s'avivait, en une ondulation silencieuse, ta peau. Une pointe après l'autre, t poitrine est revenue. J'ai vu ta main se tendre à ton sexe et tes doigts remonter au haut de la fente, tu as vu mon sexe se dresser, et que j'ai écarté le drap, tu as vu la main deenue commune descendre et monter le long de ton sexe. J'ai eu envie de l'hésitation du mien, tout le long de la fente, l'hésitation de la petite tête casquée montant et descendant, se tuméfiant à faire saliver et se liquéfier ton corps là où il est secret, là où il bouge et frémit, et ne dort plus. J'étais dressé, à genoux entre tes cuisses et tu sommeillais toujours, un sourire à fleur de tes lèvres, comme l'ironie d'une bouche tenant quelque fleur encore invisible. Mon sexe a fait le signe de la croix, allée et venue affirmative à ton bas ventre, frôlant et appuyant sur tes poils, sur tes lèvres, les entrouvrant, tandis que tu cherches ma main et veux déjà l'enfoncer en toi, d'un seul coup, dans l'humidité, au tréfond de la source, du sombre, dans le bout de la grotte, jusqu'aux chambres moites et dégoulinantes, suintantes, où respire l'autre plaisir, où se garde le trésor de la mémoire d'hier et l'envie, l'écho déjà du retour qui s'y prépare, alléet venue négative que j'ai continué aux lèvres de ta bouche qui se sont entrouvertes, gonflées d'un acquiescement, et d'un seul coup, mon introduction en toi, d'un seul coup l'écart que tu ouvres dans le même instant de toutes tes jambes jetées au ciel tandis que mon sexe plonge dans ton sexe, que ma bouche plonge et remue dans ta bouche, que ma main pénétre au bas de ton dos, que mon doigt enfile un chemin invisible et refuse que tu l'en écartes et l'en sortes, que ta main vient à mon propre endroit, et de ton ongle tu sembles me couper la peau, tu enfonces et enfonces encore, tu découvres progressivement un puits, une coulée qui a sa sueur et tu vas si loin que tu sens ce que seuls les médecins ou les amateurs d'homme vont parfois chercher, tu me rends alors fou, et je voudrais m'enfoncer plus encore en toi, de tout mon ventre, de tout mon corps, je ne peux y parvenir autant que m'y pousse mon désir, et mon amour n'est plus que force et enfoncement, ma tendresse n'est plus que précipitation, et je me suis retiré de ton ventre, je me suis enfoncé, j'ai tout enfoncé dans ta bouche à te faire hoqueter d'étouffementr et d'un silence forcé, et le regard fixe et langoureux au rythme du dernier mouvement, j'ai voulu ensuite voir ta gorge déglutir, ton corps aspirer ma semence et tu as plus encore enfoncé ta main, puis dressée de vant moi, tu mas offert ta touffe, ton sexe solitaire à ma main, que j'ai mise tout entière, l'autre ne quittait pas ton c... et ainsi tu as planté ton corps à la verticale de mon genou, et dans un travail titanesque, plus nue que déhsabillée, les yeux jetés, les cheveux en soleil, dans une obscurité que notre cavalcade sans retenue avait refaite, tu as coulé et hurlé de partout, moi crispé à tes bouches, à tes ouvertures, à ta bave de partout, et toi emportée et emportant tout. - Bonjour mon amour...

                  Nuit courte, dont je sors dans le même désir que celui dans lequel j'entrais. Toi donc... Les oiseaux sont là, avec la pluie, et je devine ton dos, ta blancheur tournés et que dans quatre matins j'éveillerai. Bonjour, mon corps fin, mon corps de gloire et de plaisir ; bonjour, persévérance du destin ! Bonjour et grande journée dans le secret de tes vêtements, dans l'ombre de tes méditations, dans le feu et les lumières que noys allumerons ensemble, au plus vif, au plus incandescent et or ou argent ce soir, pour lentement, jeux de nos mains, de nos sourires et de nos lèvres, faire tout décroître du monde autour de nous et rappeler l'univers qui fut nous hier et ce matin, et redeviendra nôtre, quand nos jambes se retrouveront et qu'à la tiède liaison de nos ventres renaissants, nous les emmêlerons, les ferons se toucher, s'étreindre et se croiser, se durcir et que nos bouches, se retrouvant, donneront le signal affirmatif que nous nous étions attendus, tout ce jour et ces quatre jours encore. Bonjour ! [ix]


                  Il est minuit, je vais m'endormir, songeant, voyant ton corps quand nous nous aimons, et surtout dans les surplombs que tu m'as livrés ici. A reprendre dès la nuit du 5. Tu sais aussi que je pense à tous ceux qui te sont chers, quels qu'ils soient, de ta famille de sang, de ta famille des souvenirs et de l'affection, de ta famille étrangère mais respectueuse de toi et de tes itinéraires (la Déf...), que je te comprends et te pénètre d'âme, comme nous aimons à nous pénétrer de toutes les manières, de toutes les envies et de tous nos pleurs et sourires. [x]

                  Je pense à toi corps et âme, corps surplombant, surplombé, visage, regard et cheveux quand... et ton âme est si belle puisque tu sais (et veux) si bien m'aimer ! [xi]


                  Aucune femme ne m'aura donné autant, en si peu de temps et avec une telle sollicitude, mais - plus encore - aucune femme ne m'aura autant appris sur le coeur humain, et pas seulement féminin. Tes réactions, tes intuitions, ta manière d'être, tes changements à vue, tes pessimismes profonds, tes allégresses réelles, tes élans sont le plus beau paysage moral et psychologique que j'ai jamais vu. L'étonnant est que tes mensonges par omission, tes détestations, tes écarts ailleurs, tes contradictions si fortes tant tu es ancrée à moi et tant tu peux t'émanciper en un clin d'oeil, bref tout ce qui est d'habitude coté négativement, comme des "péchés" ou des défauts, mais je n'ai jamais regardé ainsi, et c'est l'ensemble des traits qui fait l'être que nous aimons, c'est affaire de couleur et d'apparence, mais enfin tout cela je le vois comme l'essentiel de toi : une sincérité étonnante, même ta désunité que souvent mon comportement, tes doutes ou tes attentes à mon sujet provoquent, sont la marque d'une cohérence, d'une logique et d'une puissan ce dont peut-être tu n'as pas idée. Bref, tu m'émerveilles et tu existes pleinement, si fortement... [xii]


                  Je trouve ta lettre des jeudi et vendredi dernier, avec le beau timbre de l'UNICEF, à la poste maintenant, et te réponds un peu... tout de suite, au soleil magnifique sur la terrasse, pignon sud (la maison devient belle parce que rangée, même s'il me manque et la cuisine cf. P de quoi faire ma salle-à-manger "brésilienne" cf. F, mais c'est déjà bien, et puis la nature autour de nous, le silence total, les oiseaux d'une beauté bouleversante. L'amour est indéfinissable, et je crois, je commence de comprendre que quand on le désire de loin, sans aimer encore, ou quand on identifie ce sentiment ou cette relation en l'attribuant à ce que l'on vit, on n'est pas encore dans le vrai. Je ne sais même pas s'il faut l'identifier, le voir ; il n'y a pas de modèle. Saches que quand tu crois me dire ou m'avouer ou me répéter des sentiments, des sensations qui m'éloigneraient de toi, c'est tout le contraire. Je n'ai jamais été aussi proche de quelqu'un, aussi en confiance. Tu n'es pas tonique pour toi-même, tu ne l'es pas toujours dans l'instant avec moi, mais ta présence globalement, mentalement, spirituellement, sensuellement, toi présente dans ma vie, surtout dans ma vie depuis mon retour en France, est tonique. Tu me sauves de la solitude, du désespoir, tu me fais parler, tu me fais désirer, te désirer, tu me houspilles, tu me fais m'interroger sur l'essentiel, et ce que je trouve à propos de l'essentiel, c'est toi qui m'y as conduit. Donc, pas de questions en toi-même de ce genre : tu es aimée, et tu es indispensable... Que ce que tu as appris de moi, sur " une autre femme " dans mes projections diverses, et dont tu as découvert la persistance et l'évanescence dans des carottes archéologiques, fasse une rupture en toi, que tu aies cru devenir "folle", que tu ne sois pas dans un état normal (il y a aussi ta famille, ta situation de bureau... Ton frère, ton père, ta mère, ta manière de lire la vie), je l'admets. Que moi, tout autant ou plus encore, je ne sois pas non plus normal : c'est évident. Tant de dimensions d'une existence que je croyais assurées, même si ce n'étaient pas vraiment les miennes, m'ont été de force retirées...
                  Ta lettre d'à présent fait en moi un son très inhabituel ; d'ordinaire tu me touches, me bouleverses par toi-même, par ta puissance d'amour (que j'aime, désire et apprécie, mais peut-être trop égoïstement). Cette fois, il me semble qu'il y a une telle ouverture, que nous sommes au seuil d'un dialogue possible et exceptionnel. Nous tâcherons de le mener ensemble, ici-même sans doute, et je garde en vue ta lettre pour cela. [xiii]

                  Ton corps longiligne et pâle, ton magnifique regard, tes exigences à tous égards. Notre plaisir, les vues l'un de l'autre, la pénétration l'un de l'autre. Nos bouches, nos mains, nos... Le-chien chasse le lapin et en mange... et méritera de nouveau un bain. Nous avons un vent constant depuis ton séjour, ce soir une tempête est prévue ; il pleut presqu'autant. J'ai envie de toi, je vais bien. Le fil que tu penses que je romprais, je suis dessus moi-même et je ne sais comment il résiste. Rappelles-moi cette nuit ou demain matin, ou bien chez toi-chez nous, selon ton envie, et tes possibilités. Si tu ne le fais pas, je sais tout autant ton amour et ta force vers moi. Et tu es en moi ! Profites du dépaysement (la langue chuintée), de tes chers parents, de la plage aux aurores, entre les barques, la falaise, la vague : du sable ! [xiv]


                        Imagines, j'imagine une pose que nous ne prenons que rarement. Je suis ainsi assis les jambes allongées, adossé au haut du lit, et tu t'es ouverte nue en t'asseyant sur mes cuisses ; ton sexe est très ouvert, peut-être une goutelette de notre début d'éteinte, ses lèvres sont très apparentes, je les prends entre mes doigts, j'enfonce ensuite un doigt dans ton sexe, j'ai l'autre main dans la raie de tes fesses, tu gémis, tu cherches ma bouche, tu cherches aussi mon sexe, il a des spasmes, des raideurs et des frémissements à hauteur de ton nombril, il te bat le ventre, tu t'avances un peu, tu le prends à frotter les poils au-dessus du sexe, à passer doucement entre tes lèvres, celles-là, tu ne l'introduis pas, tu le passes entre chacune des lèvres et le revers de la cuisse, tu attends, je suis attentif mais je n'en puis plus. tu me fais attendre, tu te relèves, tu t'accroupis, tu prends le sexe, notre sexe dans ta bouche, je te demande de te retourner, je m'étends un peu, j'enfonce trois doiugts dans ton sexe tandis que tu me suces, puis ma langue à la raie de ton c... l'anneau est petit, mais moins serré, moins verrouillé, je repasse la langue, le doigt humide, une prochaine fois nous essaierons, il faut que tu réfrènes ta pudeur, que tu oublies tout, que tu t'habitues à un doigt, puis à un doigt qui s'enfonce, qui remue, et un jour, un soir, une nuit, un instant, mon sexe là, par là, en toi. Je ne sais ce que nous ressentirons, je ne l'ai plus "fait" depuis dix ou quinze ans, et toi, jamais à ce que tu me dis. un hurlement ? Une déchirure, un bien-être indicible. Et toi, tu sais que j'aimerai ton doigt ainsi en moi, que j'aimerais quand je suis sur toi, que tu écartes au maximum mes fesses, et que tu y mettes parfois un doigt, entre, très profondément, même si ton ongle me fait un peu mal. Mais tu reviens, tu reviens taseoir, sur mes cuisses, je me réadosses, et lentement tu ajustes nos sexes l'un dans lautre. Tu es debant moi, à la place de cet ordinateur, je suis un peu plus bas de visage que toi, nous nous regardons, nous regardons dans nos yeux, à nos fronts le plaisir auquel nous tâchons de résister, tu dois te sentir totalement ouverte, totalement écartée, peut-être pas pénétrée aussi profondément qu'autrement, mais tes seins sont à mes mains, tes cuises, le revers de tes cuisses et de yes fesses, les parts les plus douces de toi sont sur ma peau. Mon sexe est en toi, nous remuons à peine mais c'est assez, et je giclerai en toi, ou me reprendras-tu dans ta bouche, comme tu sais la faire douce, chaude, profonde, brûlante, et j'aurais ma langue à ton c... mes mains à tes seins quand je jaillirai dans ta gorge, que je sentirai frémir le trou de ton c... et je me retournerai peut-être, ayant encore de force pour me réenfoncer en toi, dans on sexe, y revivre, y reprendre consistance. Mes mains à ta nuque, mes yeux à tes yeux, ainsi tandis que je t'écris et t'adresse quelques photos de nos jours de plantation, je te regarde et te désire, le sexe fort, dressé et à toi, qui n'était rien quand j'ai commencé de t'écrire ainsi. ... Dans ton lit, le parfum, la trace. [xv]

                  Toi, ton corps, ton âme, la volupté de ta bouche, de tous tes liquides, et ton regard. Ta voix. A très vite donc...[xvi]


                  Rêveuse attente, espérance de ton appel téléphonique autour de 09 heures, dans le petit lit blanc . . .     

                  Il sommeillait. Les paupières closes, allongée à son côté, les mains inoccupées et inertes, elle songeait aussi. La torpeur n'était ni du matin, ni de la nuit pour un réveil vague et soudain. C'était imaginaire et intemporel. Aller et venir au ventre de l'homme qu'elle aimait et connaissait, dont elle ne savait pourtant pas toutes les réactions ni les envies. Elle ne le voulait pas, c'eût été la caresse rêveuse et banale, une sorte de tricotis des doigts dans les poils du pubis, un chemin à imaginer des pieds nus sur du membre et ce serait le ventre de l'amant, qui respirait doucement, lentement, avec confiance, là, dans ce lit étroit, dont elle avait le côté-mur. Elle s'étira en silence, s'agenouilla sur ses talons, tira le drap. Il faisait chaud, on entendait régulièrement la longue glissade métallique du métro, parfois les chariots en bas sur les pavés de l'impasse ajoutait à la rumeur des voix, mais on n'entendait distinctement que le passage rare d'une voiture ou le retour de l'homme tirant à vide sa planche à roulettes. Il continuait de dormir, la tête de profil, le corps complètement détendu. elle esquissa de la main à plat tout le geste d'aller de son visage à ses pieds, sans s'arrêter, qu'à peine au sexe qui gisait flacide et enfantin. Elle attendit. Le désir en elle faisait des ronds, des impatiences qu'elle savait ne pouvoir décrire ni à elle-même qui les ressentait sans un mot qui soit adéquat, ni à l'amant pour qui, ainsi que pour tout homme, si fin et intuitif qu'il soit, le plaisir, l'envie de la femme restent un mystère, qui n'est pas que de vocabulaire ni d'expression. Le métro, le chariot repassèrent. Elle s'imagina qu'il pouvait, qu'il devait la regarder, qu'il souriait à son tour, les lèvres trop fermées. Elle était agenouillée, donc, sur ses talons, le dos creusé, le ventre bombant un peu, le sexe reposé mais ouvert, les fesses écarquillées et elle sentait venir en elle le creux qui lui donnerait envie de l'homme, d'avoir soudain le sexe masculin à son seuil, à l'humidité du seuil, à la douceur tuméfiée et fine de ses lèvres intimes. Elle soupira puis passa une jambe au-dessus des hanches de son amant, plaça sans lui effleurer le visage ses pieds presqu'aux aisselles, cala ses genoux et baissa la tête vers les orteils qui pointaient comme pour une leçon d'anatomie. S'il entrouvrait les yeux, il la verrait ainsi, au-dessus de lui, les cuisses écartées en premier plan, conduisant le regard vers la fente profonde et unie des fesses ouvertes et du sexe, une ombre forestière, mouvante et silencieuse, qu'elle commençait d'activer lentement parce que de la langue, elle-même remontait avec précaution de chacun des doigts de pieds, vers les chevilles, s'attardant à une cicatrice creusée, aux genoux, qu'elle relevait légèrement pour mieux les embrasser de la bouche. Ele imaginait son regard apercevant dans un lointain vague ses seins qui pendaient, qu'elle faisait parfois trainer de la pointe le long des cuisses qu'elle travaillait à présent. Elle parvint ainsi à l'entre-jambe, le sexe avait changé, il branlait doucement, elle ne le toucha que du nez, passa son propre visage entre les testicules et les cuisses, s'attarda aux odeurs de la nuit, aux relents du sperme mêlé des humeurs féminines de la veille. Le sexe avait relevé la tête, s'était décolleté de soi-même. Elle le comtempla, redressée. il devait regarder la tombée des fesses, les poils du sexe à revers, la ligne nette et verticale qui prolongeait la colonne vertébrale, elle devinait à l'immobilité sourde de ses mains que le sommeil ne se prolongeait plus qu'en apparence volontaire. Le ventre de l'amant se durcit d'un coup, elle vit courir l'onde, frissonner tout l'homme et sans plus attendre ni composer une autre attitude, elle prit le sexe tendu et fit couler sa salive jusqu'à la toison, montant et descendant, entourant de plus en plus fort la hampe qui répondait par un durcissement égal. Elle sentit alors les mains désirées venir à son ventre à elle, desssiner l'aine, passer au revers, caresser lentement le blanc de la chair, puis tâtonner, trouver la couture et le bouton du seuil. Elle commença de béer, d'hésiter, elle sentait autant son sexe, le creusement, une respiration qui lui échappait, qui cernait et gonflait tout le bas de son corps et le sexe masculin qui répondait et vibrait au fond de sa gorge. Ils allèrent ainsi quelque temps. Il voyait ses épaules tomber puis se dresser, sa tête agiter une chevelure déliée, quand elle reprenait haleine, puis la voûte se refaisait ; entre les cuisses que la pénombre blanchissait et adoucissait encore, il apercevait fugitivement la fuite des seins, pendus, autonomes, comme des outres courtes et valvaires, et le menton presqu'aussi rond qui absorbait la tige. Il n'y eût ni rupture, ni arrêt du rythme, de leur respiration devenue commune, elle avança à peine, et, droite de tout son buste, les jambes aussitôt allongées, elle était assise, totalement empalée sur le sexe. le silence se fit, ils atendirent encore, elle se retourna, lui fit face, les sexes s'étaient dépris, rageaient en tempête de leur manque, elle les remit en place, à leur unisson, elle fondit dans sa bouche, il n'y avait plus que du bleu à leurs yeux, à leur visage, et leurs lèvres, leurs joues avaient le goût des premières sudations du sperme moins épaisses et nettes que les liqueurs de l'amante. Ils imaginaient de l'orange et du rouge, des succions et des tortures, à épée vive et dégainée, se faisant, se défaisant, haletant, dans une parfaite coincidence des volumes, de la peau ; leurs sexes devenus tellement communs, unique soudain que c'en était une grâce à ne plus pouvoir respirer ; un glissement unique, une sensation de douceur, d'échauffement et de liquéfaction tant était lisse, liquides presque, et pourtant si durcies et sensibles les surfaces qui s'embrassaient si intimement. Le paradis peut aussi être dans la durée, il leur était accordé. Il voyait au bas ventre de la femme dont le désir exacerbait le sien et que signifiait une langue de plus en plus oprécise et impérieuse contre la sienne, cernant, sculptant, reprenant, entourant la sienne, il voyait la noirceur magique et cendré des poils entourant son vît, il voyait celui-ci revenir au jour hésitant et luisant, se perdre à nouveau avec décision dans le corps qu'il semblait posséder tout entier. La douceur pâle des seins, de tout le visage qu'était devenu le corps qui lui faisait face lui amenait aux yeux les larmes de la reconnaissance. Il eût voulu être tout autre et à un tout autre moment pour seulement murmurer sa tendresse, regarder lentement mais partout, comme en visiteur timide et clandestin, ce corps qu'il ne maîtrisait plus, qui avait enfourchait le sien, le dépassait dans une course dont l'aboutissement allait lui échapper. La tension était celle d'une tombée qu'ils savaient proche, et qui serait d'un vertige total. Ils avançaient de plus en plus dépossédés, couraient vers l'abîme. Elle ne regardait que son visage de plus en plus lointain, de plus en plus embrûmé, elle s'imaginait les mains à l'encolure d'une monture fantastique, le corps transpercé jusqu'à la gorge, ouvert plus qu'aucun ventre dans aucune extase, dans aucun écartèlement d'aucun accouchement ne le serait jamais. Elle avait, entrant en elle, pénétrant à chaque temps nouveau d'une cadence qui s'accélérait et s'approfondissait, la sensation que l'univers entier, comme une boule géante, mais n'était-elle pas encore plus vaste que l'univers, n'était-elle pas devenue le monde dans sa totalité, en tous sens, et pour les siècles de l'éternité depuis les premières naissances, comme une boule géante, un oeuf effilé, merveilleux, énorme et délicat, entrait en elle, y cherchait avec puissance, volupté et grâce la place préparée, la place attendue. Et l'amant était ce monde, et elle était ce monde et ils allaient se confondre. Elle ne jouissait pas à un point précis de leur course, elle luttait contre son propre mouvement se s'effondrer soudain en pleurant, le couvrant des cheveux qu'elle aurait renversée en coupole sur son front et ses yeux. Elle savait alors qu'il ne tiendrait plus, que le pal qui avait fait leur bonheur, qui avait ouvert le chemin, qui avait récité son rôle, d'abord pieusement, au seuil juteux, éclairé des quelques gouttes du désir qu'elle avait déjà, puis qui avait pénétré sans permission mais sans interdit non plus, un peu ébahi et gauche d'abord, allait maintenant se transformer en une gerbe inconnue, définitive. Elle ne pouvait plus que lui ce que pouvait être, au centre obscur et flamboyant de son monde intérieur, le gigantisme éphémère du désir masculin, une caverne immense, ou bien la faille resserrée, si resserrée qu'avait atteinte ultimement ce que d'autres, bien brièvement et sans divination, appellent un sexe d'homme. Une coulée brève, un appel longiligne, infini decontinuité, de finesse, de longueur que serait le sperme jaillissant, puis hâletant à plusieurs reprises ? ou bien la solitude de quelque geyser, si à ce moment-là, elle s'était dégagée, ouverte, creuse, luisante, en sueur, sans souffle, pour méconnaissable, crispée et en pleurs, se retourner promptement et au dernier spasme recueillir, toutes leurs salives et leur bonheur mêlés, la goute chaude et saline, humoreuse de l'acquiescement masculin qu'elle avait, avant leur mutuel éveil, gentîment prié ce matin. Elle lui sourit, il passa une ultime fois les mains au rond de ses cuisses, à ses fesses, et le bras devenu mou, il laissa tomber au long des cuisses le trait inerte qu'il avait si langoureusement décoché. Elle se cala contre lui, chercha les humeurs de leurs ventres, et se rapprochant encore, remit leurs corps qu'elle sentait encore unis, bien à l'amplomb l'un de l'autre. Plus tard, il gémirait, elle lui présenterait le dos et les fesses, et - elle aimait l'habitude qu'ils en avaient prise -, il viendrait badigeonner de leur bave intime avec le sexe revenu à l'enfance, la raie de ses fesses, restée grasse de leur sueur et de tous leurs mélanges...

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                  Oui, quand l'évocation, abstraite, est aussi intense, combien je préfère ne pas me masturber dans ta seule pensée et les images de toi, de nous - quoique je ne vois et n'imagine que toi - mais au contraire t'écrire ainsi, et... Tu me diras comme et quand tu le voudras, ce que tu imagines quand toi aussi tu rêves et songes et nous vois, te vois, me vois et nous désire ensemble, et ainsi. Tu me diras aussi si me lire de la sorte... et comment...

                  11 heures bientôt - J'aimerai qu'à notre revoir, tu puisses me raconter beaucoup de choses, beaucoup de sentiments, beaucoup d'aventures intérieures et aussi des paysages que tu auras aimés, même et surtout si cela t'aura conduit à d'autres images, rêves et nostalgies intérieurs. Tu sais combien j'ai ragé que la télécopie de ton hôtel soit si malaisée à atteindre. C'eût été si bon de pouvoir communiquer, souvent, tous les jours en temps réel. Je ne sais dans quelle forme tu me trouveras à Nantes dans une semaine, maintenant. (...)

                  Comme tu m'es précieuse, comme je t'attends et te désire ! Tant que t'écrire... ci-dessus n'a fait que renforcer mon désir de toi, sans pouvoir en rien l'assouvir sans ta présence réelle, mais de penser fortement à celle-ci... toi, nue, et ici, vivante, vraie, tendue de corps, à genoux, me regardant, moi aussi dans ce petit lit, où j'ai passé la nuit béatifique dont j'avais besoin : dormi de 21 heures à 06 heures, après la route très rapide de la veille, et l'avant-veille Quimper, car Mme H. est une grande collectionneuse de faïence et porcelaines. Toi, nue devant moi aussi, toi sur tes genoux, les seins ronds et petits (saches absolument que je les aime, et qu'ils sont mon "type" de seins !), j'aime imaginer l'ouverture de ton sexe quand rien encore ne se passe ni ne va se passer, et avancer la main vers ton ventre, venir simplement à tes seins, les faire durcir de pointes, aimer regarder ton sourire, car tu ne chavires en rien, tu me dis en souriant de ne pas me fatiguer, mais mon sexe monte déjà et tremble devant le tien qui l'effleure et n'est pas loin. Je laisse ces larmes de sperme à ton lit, pour que parfois tu quittes notre galette, le grand matelas plat, l'autre décor de tant de nos larmes et pénombres, des échecs et des hurlements de joie intérieure, le décor de ma reconnaissance et des peines que je te fis -, et vienne aussi respirer ici, où tout fut toujours fête et où - l'as-tu rétrospectivement avoué - tu eusses voulu qu'à ma première apparition à ton sens, je te prenne, pas même déshabillée. A présent, simplement la caresse de ta main, et comme en une simple promenade, mon sexe que tu prends et dont tu te sers, le faisant glisser jusqu'à bien t'ouvrir, puis le mettant en position, et toi alors te rapprochant, nous nous prenons au cou l'un de l'autre, et te tirant à moi, tu t'enfonces mon sexe en toi, tu l'enfonces, le ressort un peu pour ne pas plisser tes lèvres, tu y reviens, et nous sommes ensemble jusqu'au bout. Je t'aime... Non, tu n'es pas un objet sexuel, mais une femme totale dont j'adore le corps, le désir, et le sourire, dont j'aime tout. Et toi, liquide et au regard, aux yeux bleus, toi pâle et fine de sexe, à peine rosie du noeud intime de ton c... que je veux mieux connaître et un prochain jour ouvrir, arrondir, faire aspirer mon sexe ; pour nous ainsi l'inconnu sans mémoire et ton cri peut-être, dit-on, et moi la sensation, mais je ne sais plus, et c'est toi que je veux ainsi.

            L'autre jour, à Reniac, toi debout au-dessus de moi couché, la hauteur et la fuite de tes jambes, et comme toi abritant et attisant mon désir, les deux cercles de tes fesses, la poutre maîtresse et fictive, là où l'on sait que fermé parce qur tu es debout, se trouvent ton sexe et ses portes, et non loin le petit trou... attitude.

            Je commence donc la part extérieure de cette journée par la poste vers toi. En bonne forme, et plein de toi. Profites à fond de ce Portugal que peut-être tu auras commencé de découvrir par quelque faille réciproque du pays et de ton esprit. Et aussi de tes parents, et sois assurée de ma joie de notre revoir. [xvii]


                  Je me sens parfois dans une situation tellement précaire, ou tellement au moment de la balle de match (puisque Roland-Garros) que j'en ai le vertige. Mais j'ai tellement à écrire et à ranger, et puis les visitations de Dieu fugitif et présent en moi, que je ne tombe finalement pas. On voit bien les tentations dans notre mode d'existence humaine : se recroqueviller, vivre d'un instant à l'autre (la bouffe et la fesse, en permanente concupiscence pour sombrer dans l'apathie : comme c'est un itinéraire difficile malgré tout, il y a l'alcool. Je frôle les grandes tentations de la psyché quand elle perd le sens - ou l'illusion, dirais-tu...).

                  Je ne sais comment t'imaginer entre tes parents, ou partageant une chambre avec ta mère, ni te voir sur les remparts d'Albufeira, ou descendant - si tu étais lève-tôt - l'escalier plat vers la plage et les bateaux. L'as-tu fait quand le sable est humide de la nuit et qu'il n'y a plus de traces de pas ? Mais j'ai ton visage, tes yeux, ce regard un peu étonné et teinté, presque dilaté parfois d'un humour amoureux et interrogatif. Je t'aime ainsi. Et nue naturellement, aussi...
Avec toi, en pensée, en coeur, en corps. [xviii]

 









                        VI



                     PAR ECRIT
























                  Oui, mon sexe dans ta bouche, à bouger, à se gonfler, à être heureux d'être saisi et doucement palpé par tes lèvres, à sentir la prise de tes doigts au plus gonflé des artères, au plus dur de la racine, à sentir et tressaillir que du bout du doigt tu touches et passes et repasses sur la petite fente au haut de sa tête, oui mon sexe s'enfonçant et revenant dans ta gorge, dans ta bouche, pour en ressortir, liquide de ta salive et promener celleci, l'étaler doucement autour de la pointe de ytes seins, puis aussitôt sur tes paupières fermées, dans le vcreux de tes oreilles, et revenir à nouveau à tes lèvres fermées, puis ouvertes, car tu sais retenir tes dents, tu sais n'être que moiteur, chaleur liquide et tout accueil. Tu te retournes, et je prends la vue de tout toi, de dos, à quatre pattes, cambrée, les reins creusés au maximum, les cuisses tendues mais entrouvertes, ton sexe ouvert avec des larmes blanches entre les poils : notre suc commun pour t'avoir déjà pénétrée un instant, après avoir empli ta bouche, après avoir testé tes lèvres, celle de ton sexe. Tu es ainsi, comme enchaînée à une attente, la tête levée comme pour un hurlement muet, et je suis derrière toi, le sexe dur que je promène au doux revers de tes cuisses, du creux de l'articulation de tes genoux, jusqu'au pli horizontal de chaque fesse, dou pli commee celui d'une étoffe qui al'habitude de ce pli. Il y a la fente verticale et ombrée de ton sexe, gonflé comme deux outres, comme deux revers de portes de tentes au désert, seule l'humidité de ton désir les tient unies, tant ausitôt entrée on serait au plus vaste de ton offrande et de tonaccueil, mais je m'incline à ce seuil, à ton seuil, et n'enfonce que ma langue, la saveur est autre, je l'adore, comme j'adore tête à queue 69, que tu me reprennes allongée tout le sexe, la main à mes c..., le doigt peut-être à s'enfoncer dans ma fente et jusqu'au puits étroit, ce que tu ne fais presque jamais, vas-y, enfonces le plus avant possible ton doigt le plus long, même s'il y a l'ongle, et sens l'anneau de mon c... se fermer sur ton doigt et vibrer, et moi la langue dans ton sexe, puis revenant au petit bouton. Mais c'est de toi ainsi liée à toi-même, ne m'offrant que de dos ton sexe, ton cul, la raie avec un peu de rougeur de cette intimité qui s'est dilatée, et ce que je vois seul, et que tu n'as jamais vu, noué, fermé, en une sorte de vrille pâle et crispée, le plus intime de toi-même, ton trou, ton petit trou, où jamais encore mon sexe ne s'est enfoncé, il y faudrait force totale et autant ton appréhension pour que tu en jouisses sans distinguer si c'est de glace ou de feu ce qui vient d'un coup en toi, comme une déchirure irréparable et qu'on dit bouleversante à hurler (est-ce la même chose aussi pour les hommes entre eux ? est-ce cela la nostalgie du doigt enfoncé ? est-ce cette sensation, cette certitude qu'on ne puisse aller plus loin dans la possession, dans la possession de soi-même quand on est possédé, car tu le sais, même ni nous ne nous le disons pas à ces instants, plus on est possédé, plus on possède) et voici ma langue toute chargée de ton suc, de notre salive et peut-être d'un sperme d'avant, qui vient de ton sexe à la raie et vite, sèchement, comme en reconnaissance, monte de vertèbres en vertèbres vers ta nuque, et mon ventre bascule à tes fesses, et mon sexe butine entre tes genoux, tandis que je vais t'embrassant ainsi et te prenant les seins, et arrondissant leur masse, et vérifiant leur pointe, et parvenant à tes cheveux, et y comblant mon envie d'odeur et de toute la senteur de tes parfums d'habit, avant de redescendre me recharger des odeurs autres, puis de ton sexe, très lentement, ma langue parcourt les distances de notre plaisir de la fente qui, dans ce sens, n'est pas aussi compliquée qu'en avant, pas aussi herbue, pas aussi gardée, qui est plus fruste, plus directement en ravin ouvert vers le fond, et de là, je viens à ton c... un peu plus rose, que le pâle de tes fesses, un peu moins que le soulignement vertical de leur écartement. J'ai arrêté ma langue, le parfum est unique, qui n'est ni ton sexe, ni ta bouche, ni le creux de tes oreilles, ni la nuque, une âcreté dont j'ai envie, une exiguité où je voudrais m'infiltrer, et ma langue tente l'impossible, sans doute tu vibres mais t'ouvriras quand je viendrais réellement. ce soir, le sexe gonflé, je rêve de toi, et raconte notre histoire prochaine, et toi ? tu m'as en toi dis-tu... sais-tu que j'aime ton plaisir, j'aime ta course, le sexe ouvert, étalé, coulant, donné à mes genoux, à mes cuisses, qu'il blesse presque, j'aime l'imagination de ton glissement, de ton ébranlement, de ton galop ainsi décuplés dans mon esprit fou, tandis que je contemple tes yeux qui s'assombrissent, tes cheveux qui ont la folie des chevaux de légende nocturne, et j'imagine de nouveau ce que serait la vue inverse, de ton galop, de ta course sur mon genou, quand vu de dos, ton dos en sueur et courbé par la tâche et l'attente, offrirait tes fesses tantôt ouvertes, tantôt fermées, et dans l'ombre de tout, il n'y aurait plus que l'arrivée latente d'une autre dimension, celle où lâche le coeur et où il n'y a plus que les sons mélangés, que les liquides dont on ne distingue plus s'ils sont nos fantasmes, notre sueur, nos salives, ou bien d'un coup quand tu l'as voulu, ton empalement sur mon sexe, et la folie saccadée et rapide du but. Pourtant, toi comme moi, savons bien la grande douceur d'avoir tout devant soi encore quand le gonflement réciproque de nos sexes, l'attention tendue de nos ventres quin se touchent à leur bas, de poils et des duvets qui se raidissent, se mélangent et s'humectent à la jonction de tes lèvres et de mon membre et que lentement nous avons la conscience de coincider, d'y revenir chaque instant, chaque fois, chaque enfoncement nouveau, plus justement, plus délicatement, plus précisément. Ah ! cette exactitude de te pénétrer, de me sentir tout entier à ta mesure, à ton attente, à ta dimension dans une chaleur et une présence, une aisance et une facilité sombre et multicolore, intime comme un rêve, intime comme un retour aux sources, et me cramponner à ce qui me vient de toi, et des doigts chercher d'autres accroches et d'autres aproches de ton plaisir et de tes frémissements, prendre à les écarteler, à les détacher de ton buste, tes seins que j'aime, prendre leur pointe, tenter de tâter chacun des grumellements qui les entourent, venir aux poils à peine rasés sous tes bras et revenir au creux de tes fesses, tambouriner avec douceur sur la corde intime et tendue de cet arc, à sa courbe, entre sexe et trou du..., tout en continuant de m'enfoncer et de me reprendre. Lourdeur de mon souffle à ton oreille qu'il mouille, lourdeur du sexe à sa tête dans ton sexe, boutoir que je me sens être, écartement de tes jambes, de tes cuisses, de ton esprit, de ton âme, mais ne me perdre qu'en ton âme, que dans tes yeux ouverts, gicler, couler dans ton visage, dans ta tête, dans tes mains, dans ton histoire, dans ta prière. Grossir, m'ouvrir et pleuvoir sur toi, sur tes lèvres ouvertes et bourgeonnantes, ou alors précis et fiché en toi, ne partir de plaisir qu'en fusée commune pour une extase et une possession éternelle de tout l'univers parce que tu serais devenue moi, et que tu m'aurais totalement pris de ta bouche, de tes mains, de ton c..., de ton sexe, de tes yeux, ne partir en toi que pour t'emmener au plus lointain de nous, soudain atteint. Les jours et les nuits où je n'y arrive pas, où je n'arrive à rien, où je t'en veux et le dis parfois méchamment, pleurant de frustration et d'une mauvaise relecture, soudainement, de toute ma vie, je ne veux pas non plus les oublier, car ils donnent rétrospectivement tout leur sens au miracle de notre union, de notre réussite ensemble, au chef-d'oeuvre qui nous est commun : dans ta main, mon sexe s'est levé et a salué, au seuil de ton sexe, à tes lèvres de bouche et de ventre, mon sexe immobile a tressailli, balancé, branlé sa tête casquée, et déjà humecté, a enfoncé son envie, ton envie, mon envie dans ton envie. C'est ce miracle que lui-même salue, sexe chérie et encensé, et dans l'attente de cet autre, que nous savons moins bien raconter, dont on ne se souvient qu'en le vivant mais l'anticiper c'est déjà se mettre en route et à table, c'est déjà passer la main entre le ventre et l'étoffe à nos revoirs, c'est déjà ventre à ventre chercher de l'autre les fesses et bientôt la totalité de nudité. Oui ! cet autre miracle, une fois le désir bien installé, que ne reyombant pas, il nous amène au contraire quelque part, jamais identifié, mais toujours reconnaissable quand, lieu immense et fort, on l'entend soudain qui commence à venir et sera irrépressible. Ah ! l'instant où il n'est pas encore mais a déjà fait connaître la certitude de sa venue. L'humanité si elle n'avait été faite, conçue, créée que pour cet instant, que pour ce carrefour où toutes nos facultés et en fait l'amour se rencontrent, fusionnent, chantent, vibrent et coupent le souffle à toute vie pour en faire intensément prendre la conscience ; alors, la nudité, les gestes, les sensations sont oubliées ; nous sommes devenus ce que nous sommes initialement et ce que nous serons dans la totalité de la résurrection de la cbair, que nous anticipons là, par cette mort-là, par cette respiration soudainement coupée, par ce frémissement et ce qui nous parcourt et auquel nous ne pouvons rien et que nous ne saurions même désirer et encore moins susciter l'instant d'avant. Nous y sommes, loin de tout, surplombant tout, et la reconnaissance pour toi, pour toi qui m'a donné de me donner à toi, de t'accompagner, de t'écoûter jouir et frémir, qui m'a donné de me perdre, la reconnaissance me fait pleurer, inépuisablement. Le bonheur de pleurer dans tes cheveux, le sexe enfoncé, balbutiant dans le tien, la main encore dans la pose qu'elle eût juste avant l'extase.

                  Et tu dors tandis que je t'attends et te rêve, nous rêve ainsi, la main, les mains lâches et vivantes tandis que ton visage souffle doucement, que tes lèvres sont entrouvertes, que peut-être ton sexe suinte de quelques caresses que tu t'es données parce que j'avais, tout à l'heure, dans notre conversation par fil, esquissé en mots d'enfant ce chemin d'une langue d'homme de tes reins à ton cou, ce regard masculin sur la raie de tes fesses et l'envie de tout amant de lécher le plus intime de toi et de se faire prendre le plus durement son sexe devenu dur à de telle vue, à de tels itinéraires de mon visage à tout ton dos. Tu dors et dans quatre jours, ce sera différent mais tu me regarderas, tu auras tes yeux de la nuit, leur dilatation, alors tu te souviendras peut-être de ce dont nous avions envie ce soir, ton doigt s'enfoncera, ma langue rampera et le membre à tête casquée balancera encore devant tes yeux, aux ailes de ton nez, aux enroulements de tes oreilles. Que notre désir ne tarisse jamais, c'est le cri de l'âme.

                  Tu auras dormi finalement à plat dos, tu m'avais quitté te recroquevillant, gardant mon sexe jusqu'à sa disparition, son ultime retrait, tant qu'il restait, glissant lentement hors de toi, baveuse, nous deux baveux et moi la lèvres à tes cheveux encore, mon ventre à ton dos. Tu t'es retournée dans la fraicheur du latin, le pépiement commencé des oiseaux, une vague clarté dans tes yeux entrouverts un éclair, puis refermés, Ta main lentement à ton sexe, comme si celui-ci-restait entouvert bouffé de son propre sommeil, d'une sorte de déshérence le rouvrant doucement, deux de tes doigts maintenant une lègère ouverture, tandis que ma main avait frôlé le mien allongé, mou, évanoui, endormi, enfantin, à revers de mon ventre vers le nombril. J'ai posé ma main à ton ventre, à cette hauteur-là aussi, puis à tes seins, et doucement j'ai passé la main sur les collines et s'avivait, en une ondulation silencieuse, ta peau. Une pointe après l'autre, t poitrine est revenue. J'ai vu ta main se tendre à ton sexe et tes doigts remonter au haut de la fente, tu as vu mon sexe se dresser, et que j'ai écarté le drap, tu as vu la main deenue commune descendre et monter le long de ton sexe. J'ai eu envie de l'hésitation du mien, tout le long de la fente, l'hésitation de la petite tête casquée montant et descendant, se tuméfiant à faire saliver et se liquéfier ton corps là où il est secret, là où il bouge et frémit, et ne dort plus. J'étais dressé, à genoux entre tes cuisses et tu sommeillais toujours, un sourire à fleur de tes lèvres, comme l'ironie d'une bouche tenant quelque fleur encore invisible. Mon sexe a fait le signe de la croix, allée et venue affirmative à ton bas ventre, frôlant et appuyant sur tes poils, sur tes lèvres, les entrouvrant, tandis que tu cherches ma main et veux déjà l'enfoncer en toi, d'un seul coup, dans l'humidité, au tréfond de la source, du sombre, dans le bout de la grotte, jusqu'aux chambres moites et dégoulinantes, suintantes, où respire l'autre plaisir, où se garde le trésor de la mémoire d'hier et l'envie, l'écho déjà du retour qui s'y prépare, alléet venue négative que j'ai continué aux lèvres de ta bouche qui se sont entrouvertes, gonflées d'un acquiescement, et d'un seul coup, mon introduction en toi, d'un seul coup l'écart que tu ouvres dans le même instant de toutes tes jambes jetées au ciel tandis que mon sexe plonge dans ton sexe, que ma bouche plonge et remue dans ta bouche, que ma main pénétre au bas de ton dos, que mon doigt enfile un chemin invisible et refuse que tu l'en écartes et l'en sortes, que ta main vient à mon propre endroit, et de ton ongle tu sembles me couper la peau, tu enfonces et enfonces encore, tu découvres progressivement un puits, une coulée qui a sa sueur et tu vas si loin que tu sens ce que seuls les médecins ou les amateurs d'homme vont parfois chercher, tu me rends alors fou, et je voudrais m'enfoncer plus encore en toi, de tout mon ventre, de tout mon corps, je ne peux y parvenir autant que m'y pousse mon désir, et mon amour n'est plus que force et enfoncement, ma tendresse n'est plus que précipitation, et je me suis retiré de ton ventre, je me suis enfoncé, j'ai tout enfoncé dans ta bouche à te faire hoqueter d'étouffement, et d'un silence forcé, et le regard fixe et langoureux au rythme du dernier mouvement, j'ai voulu ensuite voir ta gorge déglutir, ton corps aspirer ma semence et tu as plus encore enfoncé ta main, puis dressée de vant moi, tu m'as offert ta touffe, ton sexe solitaire à ma main, que j'ai mise tout entière, l'autre ne quittait pas ton c... et ainsi tu as planté ton corps à la verticale de mon genou, et dans un travail titanesque, plus nue que déhsabillée, les yeux jetés, les cheveux en soleil, dans une obscurité que notre cavalcade sans retenue avait refaite, tu as coulé et hurlé de partout, moi crispé à tes bouches, à tes ouvertures, à ta bave de partout, et toi emportée et emportant tout. - Bonjour mon amour...[xix]


















                        Imagines, j'imagine une pose que nous ne prenons que rarement. Je suis ainsi assis les jambes allongées, adossé au haut du lit, et tu t'es ouverte nue en t'asseyant sur mes cuisses ; ton sexe est très ouvert, peut-être une goutelette de notre début d'éteinte, ses lèvres sont très apparentes, je les prends entre mes doigts, j'enfonce ensuite un doigt dans ton sexe, j'ai l'autre main dans la raie de tes fesses, tu gémis, tu cherches ma bouche, tu cherches aussi mon sexe, il a des spasmes, des raideurs et des frémissements à hauteur de ton nombril, il te bat le ventre, tu t'avances un peu, tu le prends à frotter les poils au-dessus du sexe, à passer doucement entre tes lèvres, celles-là, tu ne l'introduis pas, tu le passes entre chacune des lèvres et le revers de la cuisse, tu attends, je suis attentif mais je n'en puis plus. tu me fais attendre, tu te relèves, tu t'accroupis, tu prends le sexe, notre sexe dans ta bouche, je te demande de te retourner, je m'étends un peu, j'enfonce trois doiugts dans ton sexe tandis que tu me suces, puis ma langue à la raie de ton c... l'anneau est petit, mais moins serré, moins verrouillé, je repasse la langue, le doigt humide, une prochaine fois nous essaierons, il faut que tu réfrènes ta pudeur, que tu oublies tout, que tu t'habitues à un doigt, puis à un doigt qui s'enfonce, qui remue, et un jour, un soir, une nuit, un instant, mon sexe là, par là, en toi. Je ne sais ce que nous ressentirons, je ne l'ai plus "fait" depuis dix ou quinze ans, et toi, jamais à ce que tu me dis. un hurlement ? Une déchirure, un bien-être indicible. Et toi, tu sais que j'aimerai ton doigt ainsi en moi, que j'aimerais quand je suis sur toi, que tu écartes au maximum mes fesses, et que tu y mettes parfois un doigt, entre, très profondément, même si ton ongle me fait un peu mal. Mais tu reviens, tu reviens taseoir, sur mes cuisses, je me réadosses, et lentement tu ajustes nos sexes l'un dans lautre. Tu es debant moi, à la place de cet ordinateur, je suis un peu plus bas de visage que toi, nous nous regardons, nous regardons dans nos yeux, à nos fronts le plaisir auquel nous tâchons de résister, tu dois te sentir totalement ouverte, totalement écartée, peut-être pas pénétrée aussi profondément qu'autrement, mais tes seins sont à mes mains, tes cuises, le revers de tes cuisses et de yes fesses, les parts les plus douces de toi sont sur ma peau. Mon sexe est en toi, nous remuons à peine mais c'est assez, et je giclerai en toi, ou me reprendras-tu dans ta bouche, comme tu sais la faire douce, chaude, profonde, brûlante, et j'aurais ma langue à ton c... mes mains à tes seins quand je jaillirai dans ta gorge, que je sentirai frémir le trou de ton c... et je me retournerai peut-être, ayant encore de force pour me réenfoncer en toi, dans on sexe, y revivre, y reprendre consistance. Mes mains à ta nuque, mes yeux à tes yeux, ainsi tandis que je t'écris et t'adresse quelques photos de nos jours de plantation, je te regarde et te désire, le sexe fort, dressé et à toi, qui n'était rien quand j'ai commencé de t'écrire ainsi. ... Dans ton lit, le parfum, la trace.[xx]
















                       
                  Il sommeillait. Les paupières closes, allongée à son côté, les mains inoccupées et inertes, elle songeait aussi. La torpeur n'était ni du matin, ni de la nuit pour un réveil vague et soudain. C'était imaginaire et intemporel. Aller et venir au ventre de l'homme qu'elle aimait et connaissait, dont elle ne savait pourtant pas toutes les réactions ni les envies. Elle ne le voulait pas, c'eût été la caresse rêveuse et banale, une sorte de tricotis des doigts dans les poils du pubis, un chemin à imaginer des pieds nus sur du membre et ce serait le ventre de l'amant, qui respirait doucement, lentement, avec confiance, là, dans ce lit étroit, dont elle avait le côté-mur. Elle s'étira en silence, s'agenouilla sur ses talons, tira le drap. Il faisait chaud, on entendait régulièrement la longue glissade métallique du métro, parfois les chariots en bas sur les pavés de l'impasse ajoutait à la rumeur des voix, mais on n'entendait distinctement que le passage rare d'une voiture ou le retour de l'homme tirant à vide sa planche à roulettes. Il continuait de dormir, la tête de profil, le corps complètement détendu. elle esquissa de la main à plat tout le geste d'aller de son visage à ses pieds, sans s'arrêter, qu'à peine au sexe qui gisait flacide et enfantin. Elle attendit. Le désir en elle faisait des ronds, des impatiences qu'elle savait ne pouvoir décrire ni à elle-même qui les ressentait sans un mot qui soit adéquat, ni à l'amant pour qui, ainsi que pour tout homme, si fin et intuitif qu'il soit, le plaisir, l'envie de la femme restent un mystère, qui n'est pas que de vocabulaire ni d'expression. Le métro, le chariot repassèrent. Elle s'imagina qu'il pouvait, qu'il devait la regarder, qu'il souriait à son tour, les lèvres trop fermées. Elle était agenouillée, donc, sur ses talons, le dos creusé, le ventre bombant un peu, le sexe reposé mais ouvert, les fesses écarquillées et elle sentait venir en elle le creux qui lui donnerait envie de l'homme, d'avoir soudain le sexe masculin à son seuil, à l'humidité du seuil, à la douceur tuméfiée et fine de ses lèvres intimes. Elle soupira puis passa une jambe au-dessus des hanches de son amant, plaça sans lui effleurer le visage ses pieds presqu'aux aisselles, cala ses genoux et baissa la tête vers les orteils qui pointaient comme pour une leçon d'anatomie. S'il entrouvrait les yeux, il la verrait ainsi, au-dessus de lui, les cuisses écartées en premier plan, conduisant le regard vers la fente profonde et unie des fesses ouvertes et du sexe, une ombre forestière, mouvante et silencieuse, qu'elle commençait d'activer lentement parce que de la langue, elle-même remontait avec précaution de chacun des doigts de pieds, vers les chevilles, s'attardant à une cicatrice creusée, aux genoux, qu'elle relevait légèrement pour mieux les embrasser de la bouche. Ele imaginait son regard apercevant dans un lointain vague ses seins qui pendaient, qu'elle faisait parfois trainer de la pointe le long des cuisses qu'elle travaillait à présent. Elle parvint ainsi à l'entre-jambe, le sexe avait changé, il branlait doucement, elle ne le toucha que du nez, passa son propre visage entre les testicules et les cuisses, s'attarda aux odeurs de la nuit, aux relents du sperme mêlé des humeurs féminines de la veille. Le sexe avait relevé la tête, s'était décolleté de soi-même. Elle le comtempla, redressée. il devait regarder la tombée des fesses, les poils du sexe à revers, la ligne nette et verticale qui prolongeait la colonne vertébrale, elle devinait à l'immobilité sourde de ses mains que le sommeil ne se prolongeait plus qu'en apparence volontaire. Le ventre de l'amant se durcit d'un coup, elle vit courir l'onde, frissonner tout l'homme et sans plus attendre ni composer une autre attitude, elle prit le sexe tendu et fit couler sa salive jusqu'à la toison, montant et descendant, entourant de plus en plus fort la hampe qui répondait par un durcissement égal. Elle sentit alors les mains désirées venir à son ventre à elle, desssiner l'aine, passer au revers, caresser lentement le blanc de la chair, puis tâtonner, trouver la couture et le bouton du seuil. Elle commença de béer, d'hésiter, elle sentait autant son sexe, le creusement, une respiration qui lui échappait, qui cernait et gonflait tout le bas de son corps et le sexe masculin qui répondait et vibrait au fond de sa gorge. Ils allèrent ainsi quelque temps. Il voyait ses épaules tomber puis se dresser, sa tête agiter une chevelure déliée, quand elle reprenait haleine, puis la voûte se refaisait ; entre les cuisses que la pénombre blanchissait et adoucissait encore, il apercevait fugitivement la fuite des seins, pendus, autonomes, comme des outres courtes et valvaires, et le menton presqu'aussi rond qui absorbait la tige. Il n'y eût ni rupture, ni arrêt du rythme, de leur respiration devenue commune, elle avança à peine, et, droite de tout son buste, les jambes aussitôt allongées, elle était assise, totalement empalée sur le sexe. le silence se fit, ils atendirent encore, elle se retourna, lui fit face, les sexes s'étaient dépris, rageaient en tempête de leur manque, elle les remit en place, à leur unisson, elle fondit dans sa bouche, il n'y avait plus que du bleu à leurs yeux, à leur visage, et leurs lèvres, leurs joues avaient le goût des premières sudations du sperme moins épaisses et nettes que les liqueurs de l'amante. Ils imaginaient de l'orange et du rouge, des succions et des tortures, à épée vive et dégainée, se faisant, se défaisant, haletant, dans une parfaite coincidence des volumes, de la peau ; leurs sexes devenus tellement communs, unique soudain que c'en était une grâce à ne plus pouvoir respirer ; un glissement unique, une sensation de douceur, d'échauffement et de liquéfaction tant était lisse, liquides presque, et pourtant si durcies et sensibles les surfaces qui s'embrassaient si intimement. Le paradis peut aussi être dans la durée, il leur était accordé. Il voyait au bas ventre de la femme dont le désir exacerbait le sien et que signifiait une langue de plus en plus oprécise et impérieuse contre la sienne, cernant, sculptant, reprenant, entourant la sienne, il voyait la noirceur magique et cendré des poils entourant son vît, il voyait celui-ci revenir au jour hésitant et luisant, se perdre à nouveau avec décision dans le corps qu'il semblait posséder tout entier. La douceur pâle des seins, de tout le visage qu'était devenu le corps qui lui faisait face lui amenait aux yeux les larmes de la reconnaissance. Il eût voulu être tout autre et à un tout autre moment pour seulement murmurer sa tendresse, regarder lentement mais partout, comme en visiteur timide et clandestin, ce corps qu'il ne maîtrisait plus, qui avait enfourchait le sien, le dépassait dans une course dont l'aboutissement allait lui échapper. La tension était celle d'une tombée qu'ils savaient proche, et qui serait d'un vertige total. Ils avançaient de plus en plus dépossédés, couraient vers l'abîme. Elle ne regardait que son visage de plus en plus lointain, de plus en plus embrûmé, elle s'imaginait les mains à l'encolure d'une monture fantastique, le corps transpercé jusqu'à la gorge, ouvert plus qu'aucun ventre dans aucune extase, dans aucun écartèlement d'aucun accouchement ne le serait jamais. Elle avait, entrant en elle, pénétrant à chaque temps nouveau d'une cadence qui s'accélérait et s'approfondissait, la sensation que l'univers entier, comme une boule géante, mais n'était-elle pas encore plus vaste que l'univers, n'était-elle pas devenue le monde dans sa totalité, en tous sens, et pour les siècles de l'éternité depuis les premières naissances, comme une boule géante, un oeuf effilé, merveilleux, énorme et délicat, entrait en elle, y cherchait avec puissance, volupté et grâce la place préparée, la place attendue. Et l'amant était ce monde, et elle était ce monde et ils allaient se confondre. Elle ne jouissait pas à un point précis de leur course, elle luttait contre son propre mouvement se s'effondrer soudain en pleurant, le couvrant des cheveux qu'elle aurait renversée en coupole sur son front et ses yeux. Elle savait alors qu'il ne tiendrait plus, que le pal qui avait fait leur bonheur, qui avait ouvert le chemin, qui avait récité son rôle, d'abord pieusement, au seuil juteux, éclairé des quelques gouttes du désir qu'elle avait déjà, puis qui avait pénétré sans permission mais sans interdit non plus, un peu ébahi et gauche d'abord, allait maintenant se transformer en une gerbe inconnue, définitive. Elle ne pouvait plus que lui ce que pouvait être, au centre obscur et flamboyant de son monde intérieur, le gigantisme éphémère du désir masculin, une caverne immense, ou bien la faille resserrée, si resserrée qu'avait atteinte ultimement ce que d'autres, bien brièvement et sans divination, appellent un sexe d'homme. Une coulée brève, un appel longiligne, infini decontinuité, de finesse, de longueur que serait le sperme jaillissant, puis hâletant à plusieurs reprises ? ou bien la solitude de quelque geyser, si à ce moment-là, elle s'était dégagée, ouverte, creuse, luisante, en sueur, sans souffle, pour méconnaissable, crispée et en pleurs, se retourner promptement et au dernier spasme recueillir, toutes leurs salives et leur bonheur mêlés, la goute chaude et saline, humoreuse de l'acquiescement masculin qu'elle avait, avant leur mutuel éveil, gentîment prié ce matin. Elle lui sourit, il passa une ultime fois les mains au rond de ses cuisses, à ses fesses, et le bras devenu mou, il laissa tomber au long des cuisses le trait inerte qu'il avait si langoureusement décoché. Elle se cala contre lui, chercha les humeurs de leurs ventres, et se rapprochant encore, remit leurs corps qu'elle sentait encore unis, bien à l'amplomb l'un de l'autre. Plus tard, il gémirait, elle lui présenterait le dos et les fesses, et - elle aimait l'habitude qu'ils en avaient prise -, il viendrait badigeonner de leur bave intime avec le sexe revenu à l'enfance, la raie de ses fesses, restée grasse de leur sueur et de tous leurs mélanges...[xxi]
























...toi, nue, et ici, vivante, vraie, tendue de corps, à genoux, me regardant, moi aussi dans ce petit lit, où j'ai passé la nuit béatifique dont j'avais besoin : dormi de 21 heures à 06 heures, après la route très rapide de la veille, et l'avant-veille Quimper, car Mme H. est une grande collectionneuse de faïence et porcelaines. Toi, nue devant moi aussi, toi sur tes genoux, les seins ronds et petits (saches absolument que je les aime, et qu'ils sont mon "type" de seins !), j'aime imaginer l'ouverture de ton sexe quand rien encore ne se passe ni ne va se passer, et avancer la main vers ton ventre, venir simplement à tes seins, les faire durcir de pointes, aimer regarder ton sourire, car tu ne chavires en rien, tu me dis en souriant de ne pas me fatiguer, mais mon sexe monte déjà et tremble devant le tien qui l'effleure et n'est pas loin. Je laisse ces larmes de sperme à ton lit, pour que parfois tu quittes notre galette, le grand matelas plat, l'autre décor de tant de nos larmes et pénombres, des échecs et des hurlements de joie intérieure, le décor de ma reconnaissance et des peines que je te fis -, et vienne aussi respirer ici, où tout fut toujours fête et où - l'as-tu rétrospectivement avoué - tu eusses voulu qu'à ma première apparition à ton sens, je te prenne, pas même déshabillée. A présent, simplement la caresse de ta main, et comme en une simple promenade, mon sexe que tu prends et dont tu te sers, le faisant glisser jusqu'à bien t'ouvrir, puis le mettant en position, et toi alors te rapprochant, nous nous prenons au cou l'un de l'autre, et te tirant à moi, tu t'enfonces mon sexe en toi, tu l'enfonces, le ressort un peu pour ne pas plisser tes lèvres, tu y reviens, et nous sommes ensemble jusqu'au bout. Je t'aime... Non, tu n'es pas un objet sexuel, mais une femme totale dont j'adore le corps, le désir, et le sourire, dont j'aime tout. Et toi, liquide et au regard, aux yeux bleus, toi pâle et fine de sexe, à peine rosie du noeud intime de ton c... que je veux mieux connaître et un prochain jour ouvrir, arrondir, faire aspirer mon sexe ; pour nous ainsi l'inconnu sans mémoire et ton cri peut-être, dit-on, et moi la sensation, mais je ne sais plus, et c'est toi que je veux ainsi.

            L'autre jour, à Reniac, toi debout au-dessus de moi couché, la hauteur et la fuite de tes jambes, et comme toi abritant et attisant mon désir, les deux cercles de tes fesses, la poutre maîtresse et fictive, là où l'on sait que fermé parce qur tu es debout, se trouvent ton sexe et ses portes, et non loin le petit trou... attitude [xxii].

















                  Il l'imaginait trop avec lui, elle protestait trop de ce qu'ils vivaient, s'apprenaient ensemble en jouant, en pleurant, en ratant, en jouissant, en éclaboussant le lit, son ventre, ses fesses, ils se lisaient trop pour qu'il l'imaginât avec un autre. Elle lui avouait parfois qu'elle allait - c'était le nom d'un lieu, ce devint le nom d'un homme. Qui téléphona même tandis que sur le lit plat à matelas rose sans sommier, elle s'expliquait sur ses propres ressentiments, sur ce qu'elle ressentait de déception, de trahison. Une fulgurance, elle cherchait chez lui une paire de ciseaux pour aménager quelque cartonnage et y recueillir des graines et semences, et était tombée sur une télécopie, l'encre bleue des mots d'envoi, et ces mots, parce qu'ils étaient anonymes, forcément, lui étaient destinés. Elle avait lu, elle avait découvert, il la rejetait, elle alla plus loin, elle ouvrit le tiroir le plus proche, le hasard continuait de déverser la corne de son abondance. Combien de photos fit-elle glisser entre ses doigts, combien de lignes grava-t-elle dans ce qui ne distinguait plus en elle : sexe ou cervelle. Elle serait censée pleurer, elle écarterait sourire et esquisse du baiser de retrouvaille au visage de son amant arrivant d'une réunion, aux heures et lieu dits, le centre du village, et de là, à partir de là, sans détailler ce qu'elle aurait vu, sans lui laisser la chance de quelques limites aux dégâts et à l'obligatioond 'avouer ce qu'elle disait savoir désormais, elle crierait, elle hurlerait, elle aurait une autre voix, elle le maudirait une nouvelle fois, prendrait le train sans cesser les imprécations. Il l'avait suivi, elle lui ouvrit, on était au soir d'une journée qui avait commencé bien, elle lui récitait sans faire grâce la certitude d'une femme qui ne se contredit pas, qu'on n'entend pas se contredire, que l'autre était une p... quelle était laide, qu'elle n'était ni innocente ni jeune ni fraiche. Les indices, elle les versait, les étalait, les touillait comme des excréments et ne s'en déprenait pas. Jouissait-elle ainsi de le décrire à jouir, supposait-elle, insistait-elle, avec l'autre. Elle voulait les cris et les simulations les plus bruyantes de celle qui lui volait les pensées et les projets de son amant. Elle n'était plus la veuve des images qu'elle ne disait qu'à présent, ces images qu'elle avait laissé se poser en elle, parce qu'il avait des mains qu'elle aimait, parce qu'il avait par lé d'enfants à la première fois qu'il lui faisait franchir le seuil des longères qu'il allait rénover. Elle était stridente et nue, cheveux ondulés autant que dans la dernière atteinte du plaisir, celui qui n'a pas de nom, plus de geste mais qui a pris tout le corps et personne ne le décrit car en vivre c'est en mourir. Elle le voulait suffoquer sous le poids, dans la perte de seins monstrueux ; elle le voulait englouti, happé, ridiculisé par un sexe énorme, goinfre et animal, celui qu'elle voyait à l'adversaire, qu'elle avait déduit, en géomètre, en observatrice se vengeant aussitôt qu'elle avait eu conscience de ce qu'elle regardait et de la déception qui l'abattait, l'ensanglantait, la réduisait pour toujours à n'avoir été que la proie d'elle-même et non d'un véritable amour. Alors, elle revenait se vautrer, le vautrer, l'acculer, le courber dans des évocations répétées et si précises, à le faire bander, à l'émouvoir, à les émouvoir dans un paradoxal unisson. Entrait-elle dans un jeu où la sorcellerie a pour suprême secret de n'en avoir aucun. Il devait accepter la laideur de celle qu'il avait choisie en ses lieux et place ; il devait, c'était si imprévu et si nouveau, non plus lutter devant des confrontations et des flagrances de mensonges, mais contre la poussée d'une femme, qu'il avait aimé, qu'il aimait, qui avait tant protesté de son amour, de sa passion et qu'il ne cessait de désirer, contre la poussée de cette femme l'envoyant se repaître ou être le jouet d'une manducation immonde dans le corps, la gorge, les monstruosités et énormités d'une autre. Elle le poussait à la folie, et il n'avait plus même la force de celui qu'on noit, et qui lui eût fait connaître la méprise de son amante et la fausseté du texte et de l'image, puisque s'il la trahissait - certes - ce n'était pas pour cette laideur énorme, ventrue et satanique qu'elle lui présentait comme la fiancée secrète et découverte, mais pour une tout autre invocation, encore timide, encore floue, encore à faire, à vivre, à déflorer. Mais elle grondait et il en avait oublié son conte et son rêve, elle avait su, peu d'heures encore auparavant, gonfler l'outil commun, apprêter les couverts et ouvertures du plaisir, et elle excellait à présent dans une souffrance dont elle s'était sur lui déchargée, à l'instar de ce qu'il laissait dans leur amour d'avant épancher de lui sur elle, elle excellait à hurler des images et des postures qui lui faisait baiser, par contrainte mentale, une femme, un sexe, des entrées et sorties qu'il n'avait jamaos connues et ne rencontrerait jamais, pour la simple raison qu'il en eût ausitôt vomi, qu'il ne les eût pas même soupçonnés désirables.
                  " La Déf... " avait appelé tandis qu'elle l'acculait aux proximités de la jouissance, le violait en fait en le forçant ainsi à jouir de ce qu'il n'avait pas, ne voulait pas, ne voyait pas, ne savait pas. Elle tutoyait, refusait, prétextait, ce ne pouvait être que l'autre amant. Elle ne le tenait pas pour quitte, et proclamait qu'elle avait toujours prévu, prédit, pressenti sa trahison qu'elle n'avait de réel plaisir qu'à gâcher putativement ce qui était encore sans reproche. Le bonheur sexuel sans ivresse, ou l'ivresse sans bonheur, la montre posée sur le bar, les vitres fumées d'un des plus hauts étages, l'ovale de plan pour un bureau de prestige, les ascenseurs aux numéros écrivant leur succession évanescente avec prestesse. La solitude de l'homme, elle le disait sans prise sur elle, mais elle le disait sincère, attendrissant, lui demandant des sentiments, une présence, des lettres qu'elle lui refusait. Aimait-elle poser ainsi à la maîtresse. L'imaginer sur le palier, ces paliers du quartier nouveau, où plus aucune ouverture ne subsiste et où l'escalier est justement en cage avec une porte d'accès qui ne serait que de secours et qu'il faut confondre avec les placards, les rangements pour les pompiers. la moquette de même ton que le tapis de l'ascenseur, que les boisseries mimant le bois aux plafonds, mais c'était du bois, et des essences rares. Elle était jambes nues, avait retiré bas ou collants tandis que s'effeuillaient les étages, tailleur strict, coiffure aussi, elle arrivait de son bureau, de la rue, d'une vie de femme précise et nette, elle était mandée, elle se rendait, elle sonnait, il ouvrait, le verre à la main. Ferait-il banalement teinter les glaçons, en ferait-il banalement descendre un de ses tempes à l'attache d'une épaule, au sein qu'il aurait dégagé, pour le constater, le tâter déjà grumeleux, se serait-elle déshabillée, seule, tout de suite, serait-elle en noir, elle d'ordinaire pâle de peau, avec le sel des tâches de rousseur, la toison au pubis plaquée par la culotte de la journée, la sueur aux creux des cuisses, aux reins, l'odeur de la liberté et des parfums de toutes provenances quand la femme s'étire et marche le long des fenêtres, qui toutes, ouvrent vers le vide, vers la nuit, vers la capitale qui ne se dessine qu'en points et lumières colorés sur fond de drap noir. Serait-il en veston, est-il bronzé, est-il de front soucieux, de dents impeccables, trop impeccables, peut-être refaites. Son sexe est-il déjà tendu vers elle, vers son sexe à elle. La désire-t-il parce qu'elle a cédé à sa première instance. Une réunion, où elle est parmi d'autres, nette mais pas forcément rayonnante, pas plus évidente que celle-ci, ue celle-là, mais de celle-ci et de celle-là, il a l'habitude, c'est-à-dire la nausée, ou la satiété. Quoi donc l'a attiré en elle ? Une soeur de solitude qu'il a reconnue, qu'il a vue ? Ets-il marié ? A-t-il d'autres maîtresses ? sans doute, mais il est libre, il est possible qu'il commence vite, très vite à avoir nesoin d'elle, d'une habitude, mais d'une habitude différente, une habitude d'amour, une habitude qui signiferait sans parole ni texte un début de réciprocité, une réciprocité. Sensualité qu'ils croient analogues, celle d'un silence quand on fait ce qu'on fait ? L'imaginer, lui, cet autre, l'autre homme, l'imaginer en rival, l'imaginer distendu par le plaisir qu'elle lui donne, aussi, quand elle se donne, l'imaginer cet autre homme sans le moindre indice, d'une identité quelle qu'elle soit. Que sait-il de lui, que lui dit-elle de lui qui soit sans rapport avec eux, avec l'amour qu'elle sait lui écrire, lui apprendre, lui répéter. De " la Déf... ", il en a eu l'idée de ce nom de code, et, elle, jamais elle ne se coupe, pas un prénom, pasd une allusion, sinon qu'il est très ruche, qu'il commercialsie ce qui actuellement rapporte le plus et le plus vite, et qu'il finance les campagne sélectoirales de ceux qui viennent de gagner. Mais pour le reste, pour la couleur d'une peau, pour le sursautement d'un regard quand l'homme se surprend à aimer età dévisager celle qu'il n'a pas encore fait entrer dans sa vie, mais dont dont il devine qu'il va bientôt dépendre, d'abord un peu, et puis... pour le reste, elle ne lui dit rien. Il voudrait à lui-même se décrire les amours qu'elle lui avoue, qu'elle lui crie pour mieux nier les leurs ou s'autoriser de sordides statistiques et, pourquoi pas ? des mensurations et des comparaisons, qu'il ne le pourrait. Elle dit assez pour qu'il sache qu'elle le trompe, qu'elle y a plaisir, qu'elle y revient, y reviendra ; elle ajoute assez pour le culpabiliser, lui présenter la tristesse de l'autre et donc ce dont elle se prive, mais elle n'accumule rien qui finisse le trait et détermine le portrait. En fait, quand elle lui hurle, d'une voix à l'organe et au vocabulaire qu'il ne lui connaissait pas, leur turpitude et leur trahison réciproques, c'est seulement, avec un art auquel on serait totalement sensible si l'on n'était ainsi prostré d'impuissance et d'une trop subtile et narcissique jalousie, pour faire le point de leur âme commune qu'il a perdue. Elle dit et évoque tant, elle avoue et dévoile, elle force tant que les deux autres, la sienne et le sien, la femme promise et choisie qu'elle lui a découverte, l'amant, son prédécesseur immédiat qu'elle ne nie aps avoir conservé et continuer de cultiver à chacune de ses absences, paraissent ne plus exister. Ou s'ils doivent subsister, ce ne serait plus que pour préparer le lit d'amour et d'amants conciliés plutôt que réconciliés par l'orage de leurs pleurs, de leurs déceptions, d'une impuissance sans nom ni remède. Elle a fini par pratiquer la même médication que lui et écrit sur des pages arrachées, aux marges qu'elle rend ainsi incertaines. Elle lui dit donc ce qu'elle voudrait encore davantage lui ouvrir, lui offrir, lui tendre et ainsi postée l'aider et l'inviter à fendre, à habiter, à dédaigner par cent frôlements pour ne s'y enfouir qu'attendu jusqu'à la plus extrême béance ; elle lui dit, décrit et écrit ce qu'elle aime de lui, ce qu'elle aspire et respire de lui ; elle suggère et lui prend des intimités auxquelles il ne songeait pas, elle indique des points de rencontre, de beauté, de sensation qu'il ne pouvait penser qu'elle avait remarqué et qu'elle célébrait depuis longtemps en secret et par pensée. Elle lui faisait ainsi, un mois ou deux après ces événements si brefs, si abstraits de contenu que le récit en est pâle, une cour médiévale ou d'Extrême-Orient. Là où la courtisane sait presser entre ses ongles un sexe veiné qu'elle suce énorme, la jeune femme révélait des talents  et des dispositions pour l'envoûtement ; elle lui bandait le front, faisait osciller ses envies et son imagination, lui suggérait si indirectement que ce pouvait n'avoir jamais été susurré, des accompagnements fantastiques et furtifs, des insertions à la subreptice de tiers dans leur propre étreinte, et à ses serments, les seuls peut-être qu'il ait jamais proférés vraiment sincères, elle allait répondre par des nouveautés qui les aideraient à tout nier, à se renier, à effacer les premiers jours et les enfances touchantes et toucheuses de leurs premières réciprocités de nudité, de désir et d'entre-pénétration. Elle le forcerait à imaginer des plaisirs à plusieurs, à les convoiter, elle le contraindrait à pleurer leur pureté qu'elle lui aurait désormais interdite. Il ne put que s'endormir, ivre d'une évocation qu'il ne savait exorciser parce qu'il n'avait pu la préciser, laissant en plan comme un dessin à reprendre le lendemain ou à définitivement froisser les deux courses rivales, chacune, de ce qu'ensemble ils avaient jusques là, jusqu'à la révélation de celles-là, si bien vêcu et à quoi ils avaient tant cru. Courses banales et symétriques, sans couleur, ni sourire, sans visage ni ce détail que met l'extase aux commissures des lèvres d'un amant, que pose à peine sur la fleur d'un sein le plaisir venue à l'amante quand en elle s'est resserré enfin le spasme féminin autour de l'expression drue si nue de l'homme crispé d'enfance restituée. Courses qu'ils se seraient assénés comme on plaque pour la caricature une volée d'accords parmi des ruines et des rouilles d'instruments. Au haut d'une tour, celles qui sont métalliques pour alfin de ce siècle, l'autre qui attendait et ce serait des jarretelles sur des cuisses douces et nues, un sexe sans lèvres, et un froid de bête quand on se rhabille. Au plus lourd et nauséeux d'un lit de passage, l'exaspération molle d'une abondance figée et trompeuse où perdre ses illusions et constater trop tard l'erreur ou le subterfuge. Où étaient ces soirs simples et bleus, à l'exacte ressemblance de ses yeux étonnés quand elle lui recommandait de ne se point fatiguer mais savait déjà, à son flanc, que s'épanouissaient, quoiqu'encore hésitants, le désir et la commune heure. Alors venaient, clairs et rieurs, l'effleurement réciproque qu'ont les mains quand, dans le jardin familier, retrouvé, elles se promènent, de la paume ou du doigt, sur des bourgeons neufs aux barbes suintantes et chaudes [xxiii].
















                              VII



                             DE EO















                              VIII



                             AD EAS















                  Tu es donc en blanc, en chandail blanc, que je ne suis pas sûr de connaître, en jupe blanche que je ne crois pas connaître non plus, et cependant je t'imagine, te visualise. Irréels l'un pour l'autre, puisque c'est maintenant notre plus longue séparation, depuis que nous nous sommes rencontrés ? Oui, sans doute, mais tu m'habites tellement. Tu es mon seul projet, ma seule ligne fixe, ma seule décision qui vaille et tienne, alors que tout s'est écroulé autour de moi, et même si cela se reconstruit, à l'identique ou autrement, tu auras été le point fixe, le môle. Toi donc, mon véritable amour, mon amour de vie. [xxiv]

                  L'amour d'un homme et d'une femme, de l'homme et de la femme ; dans la Bible que je t'ai offerte, je pense par un paquet qui avait dû transiter via B, retrouve ce qu'on appelle Le cantique des cantiques. Ces disparitions-réapparitions des amants l'un à l'autre, la percée, la brillance du désir, et aussi les temps de calme, les attentes, les courses, les pertes l'un de l'autre. - Cette année qui va commencer, pour toi dans une heure, donc pour nous... sera celle de notre réunion, ou jamais ? Je fais, j'aurais fait tout ce que je puis, je me bats pour le matériel, mais il va falloir en toi, autour de toi, te battre pour l'amour et le spirituel, et sans doute quoiqu'il me soit réarrivé de bien ou de moins bien, matériellement, financièrement, professionnellement parlant, il te faudra décider si tu viens à moi hors de toute prudence, confiante dans la Perovidence, que ton amour pour moi, peux bouleverser les choses même et surtout matériellement, ou bien si tu acceptes ce singulier verdict, et peu à peu je ne suis plus l'avenir, je suis l'éventuel passé. Décision que je ne pourrai prendre à ta place, exécuter à ta place. D'une certaine manière, je souhaite ne pas te l'épargner, afin que cette épreuve, par rapport à nos facilités de départ, fortifie ta certitude, ton choix, ta détermination. Mais en même temps, je veux et je fais tout pour ton confort, ta sécurité, la douceur chaude de nos retrouvailles.
                  Je ne veux pas non plus t'ennuyer avec ces fantasmes d'enfant(s !), de foyer, de famille. Cela viendra naturellement entre nous, et bien sûr, tu as soif d'abord de ton intimité avec moi, de la force de ta décision et de ton amour en toi-même. Mais j'y pense, ce sera la grande grâce de notre rencontre, de nos retouvailles. T'aimer physiquement, aimer physiquement une femme, pour la première fois de mon existence, sans précaution, sans crainte de l'enfant qui arriverait impromptu, t'aimer, aimer cette fois, enfin, totalement nu, totalement en liberté. Voilà ce que signifie aussi ta venue dans ma vie, si tu l'acceptes toujours. [xxv]

                  Oui, le téléphone raccroché ce matin, roulant vers Kergonan dans des brouillards qui rendaient tous les chelmins creux, qui faisaient se découper sans horizon, sans arrière-plan les chênes des talus, comme sur un ciel de lait, tu me manquais, tu me manques à chaque fois que je découvre quelque chose, que je jouis de quelque chose, de quelqu'un, d'un livre, d'une idée, d'un spectacle. Partager avec toi, vibrer avec toi, te connaître, te reconnaître ; je te connais encore si peu, nous avons encore si peu partagé nos émotions ; cela, la vie quotidienne va nous le donner, comme j'ai hâte de m'y plonger, de me plonger en toi, d'avoir ta main dans la mienne quand j'avance, quand tu avances. J'ai alors pensé dans cette église de Carnac que tu connais, voyant des enfants parfois assez nombreux entre des parents, des adultes, j'ai pensé à toi, à moi, à nous, je me suis demandé : cela viendra-t-il ? ou cela me sera-t-il refusé ? Dans ce début d'année, que de voeux, de souhaits, de chaleur en moi, et cependant je ne vois pas plus loin que le bout de mes souliers. Heureusement, tu es dans mon coeur, et je t'y vois, je t'y reconnais, tu ne l'as pas quitté depuis ces quinze mois de notre rencontre. Ces fougères rouges que le froid a fânées et craquées, ce sont elles qui font comme du sang séché, magnifique, vif, sur les routes du brouillard aujourd'hui. Rien de macabre, le reste d'un printemps précédent, la promesse du printemps de bientôt, une couleur qui t'irait bien, un rouge sombre qui tire vers le marron, qui sa douceur, un rouge féminin et chaleureux comme le sang intime de notre rencontre. Gage de notre nouvelle année. M'y aimeras-tu ? renouvelleras-tu tes voeux pour nous ? pour moi, me choisiras-tu en fait comme ton compagnon ? Quand tu disais ce matin, l'amour est... et je n'ai pas bien entendu, je t'ai suggéré d'autres mots : choix, tu as acquiescé, mais ce n'avait pas été ton mot. Choc ? J'ai "décidé" que ce serait joie, que c'est peut-être ce que tu vais dit, en tout cas c'est cela que nous avons à vivre.
                  Il y avait aussi, tandis que je me suis promené avec Dom R une petite heure après le repas la rumeur énorme qu'il m'a fait reconnaître, et à laquelle je n'ai pas d'abord cru : celle de la mer, de l'océan, tout entier, plus vivant que la vie, à entendre proche et plein, lointain apparemment, quelques kilomètres à vol d'oiseau, mais si fort. Je suis allé après l'office de Vêpres jusqu'à l'endroit de nos plages de cet été. Le sable était gris, luisant, mouillé, des nuages sculptaient le ciel, la rumeur n'était pas plus forte, les vagues venaient très lentement, comme une nappe, avec une bordure d'écume, jusqu'à nos pieds. Tu étais là, comme cet été, tu aurais aimé cette rumeur, et surtout cet éveil, cet apaisement en même temps d'être dans tant d'air, de puissance et de vie. Que cette nouvelle année soit cette rumeur soulevante et formidable de la vie, du grand commencement en nous. Alors tu seras mon océan, et je serai ta vague formidable. Comme je voudrais être de corps et de chair jeune et fort, beau et lisse, comme je voudrais être à l'image de tous tes rêves et à la puissance de tous tes souhaits et envies, et besoins. La grâce de ces épreuves, probablement, est que tu me vois tel que je suis, roulé et meurtri par le système comme l'eau roulerait un corps qui n'a pas su passer la vague, ou trouver la passe, et puis j'en triompherais. Et aussi que me connaissant ainsi, je ne sois pas pour toi l'image du père ou d'une force extérieure, que je sois ton partenaire, ton égal, ton homme nu et simple, humain, faillible, dont la seule et vraie capacité est l'amour que j'ai por toi, que tu m'as donné d'avoir pour toi. Qu'alors tu me rechisisses comme cet égal, cette moitié, ce compagnon, malgré les faiblesses, les malchances et les faux pas qui m'ont caractérisé peut-être trop cette année qui heureusement finit et va laisser place à la lumière forte et joyeuse, jeune, d'une autre année. - Je pars maintenant t'embrasser au téléphone. Oui ! sois mon océan, prends-moi, enveloppes-moi, sois aussi grande que ton destin. Sois aussi la tendresse et la douceur, la chair blanche et donnée, le regard qui sait pleurer par l'émotion de notre échange. Sois tout toi ! [xxvi]

                  Permets-moi de t'écrire une lettre qui ne sera, qui n'est que d'amour, car les nouvelles sont vite dites.
                  Mais l'essentiel, à mourir de désespérance et d'attente, d'envie, de désir, c'est toi, toi, et toi. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé, tu incarnes toute ma vie, toute la beauté de la vie, la beauté de toute femme, la beauté de toute âme, tu incarnes tout le soleil de l'existence, tu es irremplaçable, tu es mon choix, je t'ai choisie, il m'a semblé que tu m'avais choisi, que la Providence, que le regard de Dieu s'étaient posés sur moi pour me donner le bonheur et que le bonheur c'est toi, uniquement toi, toi par toi-même, telle que tu es, que tu vas continuer de devenir. Alors, vraiment, je t'en supplie, il faut que tu saches en toi-même si tu es capable de renverser les montagnes, et tes propres raisons, et tes proprres peurs, pour m'aimer, m'aimer à la folie, vouloir notre union, vouloir nos âmes unies pour l'éternité, vouloir nos corps s'aimant, se désirant, se partageant, luttant dans le plaisir, les larmes et la tendresse. Pour nous vouloir. Je ne t'imposerai jamais rien, que nous soyons ensemble par notre mariage ou que tu n'y consentes finalement plus, mais j'aurai des responsabilités, j'en ai : qui sont de te donner le bonheur, la sécurité, si tu te confies décisivement à moi. Et c'est pourquoi dès le début de notre rencontre, qui fut pour moi le début de notre amour, je t'ai parlé en toute franchise, en toute transparence de toute ma vie, de tous mes problèmes, de tout, vraiment, parce que j'ai pensé aussitôt que notre amour, notre choix mutuel, mon choix de toi étaient exceptionnels, uniques dans ma vie, et que cela se marquait par quelque chose, par une tournure de mon âme et de mes pensées, tout autant uniques : la franchise totale, l'ouverture de toutes mes conditions de vie et de pensée. C'est pourquoi je t'entretiens à mesure de mes difficultés, espérances et désespérances professionnelles. J'espère le miracle, parce que c'est nécessaire à notre commencement. J'ai été le premier à te le dire, et à te l'expliquer.

                  Mais mon véritable, unique et si chéri amour, j'ai besoin de ta déterminatioon propre, de ton choix renouvelé, de ton envie, et de ton désir. Si je ne t'habite pas, si tu ne péris pas de nous attendre, nous ne pourrons obtenir ce miracle de notre réunion, de mon redressement professionnel. Je ne t'appelle pas à une vie ordinaire. Au-delà des conditions strictement professionnelels et financières, il y a toute une vie palpitante, passionnante, nous épanouissant chacun et ensemble. Il y a toute cette compréhension et tout cet accompagnement dont je dois être capable pour toi, et il y a toute cette tendresse, tout ce partage dont j'ai besoin que tu me les prodigues et me les donnes. Ta jeunesse est un atout décisif pour notre union, parce que tout se commence en toi, et dans ton regard, ton expérience de la vie, sur la vie. Que tout cela se produise en même temps que la naissance et la maturation de notre amour, de ton amour pour moi, pour nos enfants, pour notre couple, de ta prise en charge communément avec moi, de nos intérêts communs spirituels et matériels, et toutes ces forces de commencement qui sont celles de ta jeunesse travailleront à notre union, pour notre union. Au contraire, chaque mois accentue notre séparation et gaspille toutes ces forces, rend les choses peut-être plus difficiles ensuite pour nous.

                  Mon amour de folie totale et de profonde raison..., je ne te demande pas une vie impossible dans l'instant, une attente passionnée mais contrariée, une patience sans date d'accomplissement de nos souhaits. Je te demande l'orientation profonde de ton corps, de ton coeur, de ton âme, de tes désirs vers notre réunion. Car tout ce que je t'écris n'a aucun sens, que de te dire mon envie de toi, mon envie de notre union, de notre vie ensemble, que chaque jour rend plus abstraite, lointaine, mais qui aussitôt commencée effacera tous ces jours et toutes ces nuits l'un sans l'autre - oui, n'a aucun sens que le simple bon sens. Nous aimant, nous devons être ensemble et nous réunir. Je comprends que tu aies repris mentalement une vie quotidienne, et que maintenant tu cherches à employer ce mois de vacances au mieux, et j'essaie de t'y aider. Mais la perspective ne doit pas être de s'installer dans une vie ordinaire séparés l'un de l'autre. Pour moi, c'est désormais impossible. Si je devais savoir au fond de moi, que tu me quittes, que tu m'as quitté, que je ne suis plus qu'un grand ami, qu'une sorte d'oncle affectueux comme tu me l'aurais dit à la plage du premier dimanche de ton retour en Août, si je ne devais plus être ton homme, l'homme attendu, espéré, alors je sais que je mourrai car il n'y aurait plus aucun intérêt, plus de soleil dans ma vie. Tu fus mon attente pendant des décennies, je suis au but. Ce n'est pas du chantage, évidemment, car l'amour n'est l'amour que dans la liberté. C'est même l'essence de la liberté, de ta liberté, et je ne puis m'y susbtituer. Je ne puis que me battre persévéramment pour t'aider, si tu le souhaites et en éprouves le besoin, à discerner en toi-même si tu m'aimes d'amour, ou d'amitié, si tu m'aimes d'envie et d'impatience, ou de douce nostalgie d'une éventualité qui aura cédé le pas à d'autres qui vont venir, ou viendront. Discernes-le, sois prête. Ecris-moi le plus souvent que tu le peux physiquement, même si mentalement tu crois n'avoir rien à partager avec moi, à me dire sur toi, sur nous, sur ce que tu vis. Ce sera un moment précis, où tu percevras en toi ce qu'il y a d'ouvert à moi, et ce que tu ne partages toujours pas, pour des raisons diverses et sans doute même très légitimes. Tu liras en toi en m'écrivant. Oui, j'attends ton sursaut d'amour, et je voudrais tant qu'il ait précédé, presque provoqué sur la terre et dans les cieux les circonstances objectives de ton retour, de notre réunion. Qu'en fait, tu aies voulu autant que moi, plus encore que moi, notre amour...[xxvii]

                  Et puis toi, toujours et surtout. Je ne change pas de cap. C'est toujours toi, telle que tu es à présent, apparemment peu encline à tout risquer pour me rejoindre, sage et raisonnable quant à ta passion pour moi, sans m'écrire ni vraiment me redire des mots d'amour. J'en ai d'abord souffert, et puis j'en ai pris mon parti - je te dis les choses comme je les sens, comme je les vis et les gère en moi, tant je t'aime, tant je suis spur de mon penchant pour toi, tant je suis sûr de pouvoir te rendre heureuse, tant je suis certain de notre commun aboutissement. Bien sûr, j'aimerai ton impatience à nous revoir, j'aimerai ton désir sensuel violent, ta hâte à tomber dans mes bras, et à me prendre dans les tiens, bien sûr j'aimerais que tu prennes tous les risques et que tu ne te réhabitues pas à une vie quotidienne, qui non seulement est sans moi, puisque je ne suis plus au Kazakhstan, mais qui n'est pas, me semble-t-il en t'entendant au téléphone, axée dans la perspective de notre retrouvaille et de nos baisers, et de notre mariage d'amour. Bien sûr... mais tu es telle que tu es. Je persiste à croire que tu es exceptionnelle, mais je comprends qu'actuellement tu ne peux vivre que comme tu vis et comme tu le manifestes. Pour toi-même, en vivant dans le présent seulement, tu te protèges des impatiences et des désespérances (sans je l'espère avoir trop de tentations... masculines ou de désespérance), et vis-à-vis de moi, peut-être as-tu aussi raison, sans l'avoir forcément calculé : tu ne me pèses pas, tu ne me poses pas de conditions d'échéances, de dates de nos retrouvailles et de mon rétablissement, tu ne montres pas d'anxiété, et surtout tu ne décides pas soudain qu'il n'y a plus rien à faire ni à attendre. Ciao ! pantin ! Exceptionnelle et judicieuse tu le fus à notre rencontre et tout le temps où j'étais à ..., et pendant nos mois ensemble, en France. Tu le seras à nouveau j'en suis sûr pour renouer tous les fils, et surtout au cours des années à venir. D'ici là, j'ai bien conscience que j'aurais à te reconquérir, à nous faire retoucher le terreau de toutes les racines et plantations de notre relation d'amour et de désir. J'y suis prêt, je l'admets et le comprends. Ce qui ne m'empêche pas d'être sensible à toute marque de ta tendresse, de ton intérêt, de ton goût de me revoir, à tes baisers téléphonés, à tes certitudes et tes déterminations d'amour, et de souffrir quand tu me parais très loin de moi... Bref, j'ai confiance, bref tu restes mon cap, et mon bien le plus précieux, bref tout ce que je vis actuellement, je voudrais que ce soit avec toi, comme autant de forces donnant encore plus d'énergie, de beauté, de communion à notre amour. [xxviii]


                  Je n'ai pas eu la force, l'inspiration, la capacité de t'écrire ces jours-ci. Ce que tu m'as dit au téléphone dimanche, que tu avais été prête à me rejoindre, que tu prenais tous les risques, que sans la mission de ta mère en Allemagne tu allais prendre tes billets pour la France, cela m'a bouleversé. Depuis quelques jours ou semaines ? je perds dans notre relation la notion du temps, tant une séparation de maintenant cinq mois, après avoir si peu encore vêcu ensemble, si peu nous être vraiment mélangés, si peu nous connaître, me semble-t-il de mon côté, me paraît artificielle. Je m'interrogeais de plus en plus. Cela peut-il continuer ainsi, penser l'un à l'autre, être censés nous aimer, avoir résolu le projet de "faire" notre vie ensemble, de nous marier, de fonder quelque chose de fort, beau, grand et puissant, et cependant ne pas être ensemble. Je me demandais comment te le dire, comment te demander de vraiment te décider à m'aimer, donc à venir ! Malgré tout, et malgré toutes les apparences accumulées de difficultés pratiques actuellement. Et spontanément, tu m'as répondu. J'ai été bouleversé. J'ai réalisé que j'avais commencé de vivre comme si tu ne m'aimais pas, ne m'aimerais plus, ne me rejoindrais pas. Tu devenais une abstraction, un futur antérieur en moi ; tu continuais d'agir et de former ma vie, mes pensées, mais le futur s'était arrêté et donc la vie avec toi, était en train de mourir. Tu ranimes tout, tu ressuscites tout, mais j'étais resté prêt à tout, prêt à toi, prêt à me donner complètement. Je ne me suis jamais reculé par rapport à cette si forte intuition de l'automne de 1994 mais le temps passant sans toi, ayant la sensation que tu t'habituais à vivre sans moi, sans notre projet et que tu rejoignais les courbes et perspectives de la vie que tu aurais eue et peut-être appréciée si je n'étais pas arrivé il y aura bientôt deux ans, dans ton paysage... je commençais de douter que cela puisse jamais se réaliser. Or, voici que tu le veux, voici que tu viens. Vite... Oui, cela été très nouveau pour moi, dimanche. Et puis la lettre que tu m'as promise. Je l'espère un écho chaleureux, tendre, enthousiaste de ce que tu m'as dit. Je l'espère...

                  Tu me sais vulnérable. Besoin de tendresse, de chaleur, de divination, de proximité, de communion, d'ouverture. Je dois t'avouer que les distances entre Almaty et la France ne sont pas le seul facteur à me laisser si souvent dans le froid de ton absence. J'ai besoin de tes caresses au propre et au figuré. J'ai besoin de tes mots d'amour, même si c'est banal et répétitif. Et tu ne me les donnes pas toujours. Il y a des mots que tu ne prononces pas. Que tu ne redis pas, que tu n'as dit qu'une fois. Il y a en moi très souvent, que seule ta présence pourra dissiper, effacer, détruire, il y a en moi l'anxiété que tu ne sois pas la tendresse, la douceur, la proximité, l'ouverture dont j'ai vitalement besoin. Je redoute que tu t'enfermes en toi-même, je redoute ta susceptibilité au-delà de l'habitude et de l'accoutumance à prendre l'un l'autre de nos vocabulaires et de nos comportements. Tes silences, tes brusqueries, sans doute parce que je ne t'aurais pas comprise, ou que j'aurais voulu forcer ta présence, ta confidence... Peut-être ! C'est très mystérieux, notre rencontre d'amour est très mystérieux. Je ne sais toujours pas comment et pourquoi tu m'aimes, ce qui t'attire en moi, ce qui te fixe sur moi. Sans doute, me connais-tu mieux que je ne te connais. Toutes ces pages de lettre depuis dix-huit mois, et je parle, je te parle. Tu m'écris extrêmement peu, tu ne parles que par à-coups, tu peux être si distante ! Je ne peux vivre juxtaposé à toi. M'aimes-tu ? Sauras-tu vraiment m'aimer, comme j'en ai tant besoin ? Ton amour, à toi, pour moi ! Et saurais-je te coincider, t'aimer comme tu le souhaites, comme tu en as aussi besoin. Nos retrouvailles élucideront cela, je le crois, assez vite. La distance que nous avons forcément subie de nouveau l'un par rapport à l'autre, fait que ce sera une nouvelle approche, un nouvel apprivoisement. Bien ou mal ? C'est un fait ! Au moins, aurons-nous mené notre choix dans la plus grande lucidité, aussi. Je ne prévois rien, je souhaite. Nous sommes sûrement très différents, du moins est-ce une explication (que je me donne, en ton absence, ou faute que tu répondes complètement, et par téléphone c'est difficile, et nous avons jusqu'à présent si peu vêvcu ensemble...) une explication à ce que je ressens si souvent comme de la distance et de la froideur. Différence parce que je serai trop spontané, et toi pas assez, que ma spontanéité te poaraîtrait verbale, et que la tienne me paraîtrait susceptibilité. Je ne sais. Notre désir réciproque, physiquement. Un sacrement, un gage, le lieu de notre rencontre, de notre commencement ensemble ? Comme je le souhaite et l'espère, mais la contraception, je ne la veux pas, je ne la veux plus ; je veux la liberté totale, le don plénier. Ce qui suppose que tu le veuilles tout autant, que tu n'exclus pas les enfants, même à nos tout débnuts, quoique cela pour toi puisse paraître bien rapide ; ce qui suppose aussi notre mariage assez vite. Et ainsi de suite... J'ai conscience de t'écrire une lettre difficile, mais j'y développe mes hantises, mes craintes pour que tu en prennes conscience, que cela t'aide toi-même dans ta pensée vers moi, vers notre avenir, si tu veux que nous ayons un avenir commun. Je te livre ces sentiments, ces sensations pour que, dans une introspection dont je ne démêle toujours pas si tu en as le goût, lhabitude, ou si au contraire tu te laisses vivre, et vois ensuite, si jamais c'est nécessaire. C'est pourtant actuellement, maintenant, très nécessaire que tu connaisses mes attentes et que tu me dises les tiennes. Nous parler, communiquer, la sensation, la certitude d'être reçu par l'autre, attendu, accueilli. Sinon, notre vie serait un enfer, et nous n'aurions pas à la souhaiter.

                  Je t'ai attendu toute ma vie, je crois, j'ai cru, je continue de croire que tu es bien celle que j'ai ainsi attendue, pour l'attente et l'arrivée de qui j'ai toujours écarté toutes les autres. Au dernier instant, il est encore temps de soudain s'apercevoir que tu n'es pas celle-ci, ce qui ne signifierait pas du tout que je continuerai d'attendre. Cela signifiera que je ne dois plus attendre, puisque ce n'était pas toi, et si ce n'est pas toi, c'est PERSONNE. Veux-tu bien être celle que j'attendis si longtemps ? veux-tu prendre en toi tous les moyens, toutes les ressources pour être cette femme, ma femme. C'est-à-dire veux-tu bien te dévoiler complètement, te mettre nue, non seulement pour te donner de corps et de tendresse physique à mon amour, à notre possession, à notre émerveillement, à notre communion mutuels, mais surtout pour me donner à comprendre qui tu es, ce que tu attends de moi, ce que tu attends de la vie, et comment tu vis toi-même et veux vivre. Le veux-tu ? Tu en es capable, tu es cette femme, mais cette femme ne peut être toi, que si tu y consens, que si tu te reconnais en toi-même ! J'espère ne pas te dire tout cela en termes trop compliqués ou abstraits.

                  Il y a cependant de très fortes analogies en nous, dans notre course d'amour l'un vers l'autre. Nous faisons exactement la même démarche, un pari total, une confiance totale dans la Providence, dans notre intuition chacun que nous sommes l'un pour l'autre faits et assortis. Malgré tout, et malgré tant. Un saut dans l'inconnu que nous sentons comme béatifique et nous introduisant dans la vie exactement convenable, à tous points de vue, de beauté, de chaleur, de partage, de liberté, de respect mutuel de notre personnalité, de notre liberté, d'attention à nos besoins réciproques. Tu me sembles, et tu dois sembler aux tiens, faire exactement la même folie que celle que je dois paraître aux miens en train de commettre (ce qui n'a rien à voir avec la sympathie que nous avons éveillée chacun dans nos familles ou nos cercles d'amitié). C'est vraiment un point commun. Comme tu le disais joliment quand nous nous sommes à nouveau parlé au téléphone hier soir, nous sommes des héros ! [xxix]

                  Aussi des choses qui m'ont pris tandis que mercredi soir et jeudi aux aurores j'étais à Kergonan, ambiance et communauté que j'aime de plus en plus, qui deviennent une structure de ma vie, un élément de famille. Qui ajoute donc à Reniac, supplée à l'inachèvement encore de cette maison attendant l'autre où à terme nous vivrons davantage car nous l'aurons bâtie et aménagée ensemble et à nos mesures communes. Reniac attend tout l'environnement d'arbres et de potagers et de fleurs, le portail, mais plus fortement, plus concrètement, attend toi, notre vie, le peuple de nos enfants, les accueils d'amitié, de famille que nous vivrons et ferons ensemble. Et les souvenirs que nous nous y créerons et donnerons, des souvenirs d'être ensemble seulement, seul à seul. [xxx]

                  Sois également assurée que mes ambitions sont intactes. Fantasmes ? Non : perspectives réelles, que j'ai toujours eues, et à la conquête de quoi tu vas m'aider par ta confiance, par le désir de vie que tu remets en moi, par l'assurance formidable que tu me donneras en étant heureuse dans mes bras, en me rendant heureux et fort dans les tiens. L'étranger, les voyages, la découverte toujours à contiunuer de Paris, sois assurée que c'est cela que je te propose, et non pas du tout la médiocrité. le rythme de notre brillance sociale ou de nos retraites amoureuses et cachées, nous le trouverons, nous le vivrons ensemble. Nous allons tout inventer ensemble. C'est - je le crois - ce qui nous unira le plus fortement, et nous donnant une "seconde" nature, car au fond gloser et parler sur nos ajustements réciproques de caractère et de comportement est bien abstrait. On verra, on éprouvera, on fera. - Je te regarde, je te bénis, je mets mes lèvres à ton front, à tes épaules, à tes tempes, et puis si tu me le permets tout le long de ton dos, au creux de tes reins, au revers doux de tes cuisses, de tes genoux, jusqu'à tes pieds, me laissant emplir du désir de toi, pour très lentement, très doucement venir en ton ventre, ta main m'ayant pris, conduit et enfoui. Toi, mon amour nu, toi ma tendresse et mon silence, toi la vie. Toi, toutes les étoiles. Et le débordement du désir et de la joie, et l'océan et ses vagues de notre déferlement et de nos salives en nos bouches qui se mêlent et coulent leur miel dans nos yeux s'éveillant. Je te regarde et je t'aime : toi, mon charme, mon désir, ma nudité, TOI ma future et mon avenir, TOI regard, corps, odeur et mouvement, TOI magnificence. [xxxi]

                  Tu as hier contribué à tous ces miracles, et à toutes ces grâces par les quelques phrases si justes et belles et que tu as su prononcer, parce qu'elles t'habitent. Notamment que plus encore qu'en mes forces propres, tu crois au mystère et à l'exception de notre rencontre. signe s'il en est d'une méditation en toi, d'un cheminement, aussi forts, aussi profonds, aussi étonnants que les miens - et sans doute plus encore puisque nous sommes apparemment de civilisation et de situation si différentes. et pourtant, nous sommes plus que jumeaux, nous sommes du même souffle et dela même âme, de la même fabrication ! Je partage tes analyses sur le Kazakhstan et l'Asie centrale. Nous verrons comment plus tard réaliser ou contribuer à réaliser ces pronostics.

                  J'ai aimé ta résolution de m'écrire quelques lignes tous les jours. Puisses-tu la tenir, cela me fera grand plaisir d'aoir souvent quelque chose de toi, et comme la respiration-même de ta vie quotidienne, et aussi de tes sentiments pour moi. Peut-être aussi le parfum féminin, la beauté et le désir qui se chevauchent et s'emportent l'un l'autre vers l'homme et la vie et sont si forts et si indicibles, attraction réciproque et aussi quelque chose de retenu et d'aussi fort. [xxxii]


                  J'ai plus que jamais conscience d'avoir à vivre et gagner, me battre et être beau et heureux pour toi, et pour toutes les promesses de Dieu que tu incarnes, que tu es. Je suis donc tes conseils de vie en entrant à l'hopital. Toi, à l'état pur, c'est-à-dire nue et chérie [xxxiii]


                  Quelques minutes avec toi, plus fortement encore que chaque jour et nuit... Je t'écris au sortir du Val-de-Grâce où l'on m'a refait mon pansement, et je suis allé promener le-chien (qui existe, vit toujours... et va avoir ses "petites affaires" ce qui suppose que je fasse attention aux tapis à Reniac, et aux copains...) au Champ-de-Mars, espace de parc, de pelouses, de quelques bosquets, de grandes plate-bandes, coupé par à peine quelques avenues, qui va du Trocadéro et de la Tour Eiffel jusqu'à l'Ecole militaire : c'est là qu'en Juin 1791, mais dans un tout autre décor, naturellement, après que le Roi qui avait tenté de s'enfuir et avait été arrêté à Varenne, ait été ramené à Paris, pour la première fois dans l'Histoire apparut le drapeau rouge et eurent lieu des manifestations proprement républicaines derrière ce drapeau. Bien entendu, on tira... Ce fut à la Belle-Epoque et dans les années 20, une très belle promenade avec ces toilettes, soit à robes et jupes longues avant 14-18, soit après robes au-dessus du genou, petit chapeau boule (mais cheveux coupés très courts avec une frange un peu garçon cachant en partie le front...) qui t'iraient toutes très bien. Je t'aime, je fabule, je fantasme, tu es à la fois le centre de beauté qui m'attire, me fait rêver sensuellement, physiquement, romantiquement, et l'écrin de beauté où tout placer de la suite de nos vies. Que nos vies soient belles, dans l'attirance de nos corps et l'entente de nos âmes, mais qu'elles se déroulent dans une ambiance de beauté, de beaux lieux, de belles habitations, entourées de belles choses. Que nos enfants, qui seront une seconde révolution après celle de partager nos instants et de nous dire l'un l'autre nos émotions, et beaucoup de nos penchants dans l'existence quotidienne, et la succession des moments, soient eux aussi beaux d'âmes, de regards et de projets, d'envies.

                  Il fait beau et frais. La neige que j'avais dans le très beau jardin à la française du Val-de-Grâce - je te montrerai tous ces lieux, d'autant que le Pr. DALY est mon "médecin-traitant" et que c'est à lui, le tout premier, à la mi-Décembre 1994, que je m'ouvris de nos projets et perspectives (ensuite ce fut... le Pape !), qu'il exerce au Val-de-Grâce et que pour mes arrêts-maladie "fictifs" jusqu'à présent (mais qui maintenant ne le sont plus, à la suite de cette opération) je vais le voir tous les mois. Nous irons donc ensemble, tu l'éblouiras, j'en suis sûr. J'ai donc vêcu, sans véritablement souffrir le réveil de l'opération mardi en début d'après-midi - il y a maintenant une semaine - puis les jours qui ont suivi. Lisant beaucoup. Ecrivant moins, plus de quarante-huit heures sans ordinateur, car je n'en avais pas vraiment la force, et ne pouvais tenir assis, ayant curieusement mal à l'épaule droite, aussi bien ces derniers mois qu'après l'opération. C'est presque disparu maintenant, et il paraît que c'est tout à fait normal, il y aurait une communication nerveuse entre la vésicule biliaire et l'épaule droite. De même qu'en cas d'infarctus, on souffre surtout du cou et du menton. Ces liaisons sont bien les intuitions de l'acupuncture chinoise... Bref, je suis sorti samedi matin, après que mes frères et soeurs parisiens m'aient chacun visité. M et une amie s'étaient relayées pour le-chien. Maintenant, je vis encore à petite vitesse, mais j'ai des rendez-vous un peu épisodiques, presque abstraits toujours sur mon recasement. J'ai le sentiment de vivre quelque chose de surréaliste. Je suis comme suspendu au-dessus de l'existence, et je vais réatterrir sur une terre vierge et inconnue quand tu vas revenir et que commencera tout autre chose, que j'ai rêvé depuis si longtemps, et que nous inventerons et "ferons" ensemble.

                  Comme je voudrais alors te charmer, te séduire, te plaire vraiment. Te faire plaisir, t'amuser, t'émouvoir sensuellement, t'amener avec bonheur à communier l'un en l'autre de chair et de sang, de chemins sensuels, de balbutiements et d'apprentisage mutuels. Je l'espère, j'espère ta patience, ta curiosité, la grâce de notre amour. Je sais que nous ne serons pas déçus, que nous sommes déjà assortis. Comme je voudrais tout autant partager le maximum avec toi, notamment toutes ces notes, réflexions, écritures et lectures quotidiennes, que même en fonction d'Ambassadeur ou auparavant, je prends et vis depuis... "toujours". Je n'ai jamais pu le faire avec qui que ce soit d'autre, et c'était une sorte de reproche ou de curiosité, en tout cas la sensation de temps enlevé au couple du moment. Je crois au contraire que ta forme d'esprit, ta formation à l'étude et à l'enseignement des langues, ta personnalité-même te donneront cette longueur d'ondes avec moi ; et puis, surtout... rien ne te sera interdit ou caché, tout ce qui est à moi, que je fais, "produis" ou écris, en toute transparence t'est et te sera ouvert. Et je sens bien, et je découvre avec bonheur ces jours-ci où j'y réfléchissais, que tu es bien la seule, de mon existence, qui en sois d'avance capable. Ma mère, d'une certaine manière, et pas tout. Tandis que toi... et ce sera notre vie. J'espère aussi que tu me feras partager ta vie mentale, que tu trouveras la place de tes anciennes habitudes et en prendras de nouvelles.                                                                                                Je sens que les voiles du bateau frémissent ; je ne sais encore vers quelle partance, mais je crois que tous mes autres rêves - englobés dans l'amour de toi, dans notre rencontre, dans ce début de vie - sont en passe, eux aussi, de se réaliser.
                                                                                   Devant moi, d'autres bancs, un fond d'immeubles soit fonctionnels des années 60, soit de la Belle-Epoque, dont les terrasses et balcons sont inondés de soleil. C'est certainement parmi les plus belles adresses, mais ce serait formidable pour les enfants, le-chien : un paysage de verdure en plein Paris, le long de la Seine, à portée de tout, et pouvoir se promener romantiquement et pratiquement... et au premier plan, un petit bassin sans eau, avec une statue 1928 d'une femme nue  s'essuyant un peu au sortir du bain, toi en infiniment moins bien. Si je ferme un peu les yeux, tandis que chauffe le soleil de midi, te voici nue et claire, majestueuse comme ces jeunes filles grecques de l'antiquité, et tu descends lentement de ton piédestal, et viens vers moi, splendide, souveraine, et pourtant douce, désirable, mais mystérieuse de nudité et de pensée. Je suis immobile, tu grandis dans tout mon univers et ton visage, ton sourire, l'éclat de tes dents, ton nez, ton front, ton regard deiennent immenses, comme le ciel, et tu es si proche de moi, tu es tellement moi, que tu m'enlèves au ciel, que c'est une plongée dans toutes les autres dimensions. J'ai dû voir cela tellement fort, que les personnes sur les bancs en face sont parties, que seule la statue a résisté, très blanche, et donc tu es là, maintenant, en jupe assez courte et moulante, tes jambes parfaites, ravissantes, des bas bien choisis, des souliers que nous aimons tous deux, et assise à ma droite, sur ce banc, tu donnes le signal que nous partions, que nous allions déjeuner, que je cesse d'écrire sur l'ordinateur, que je te dise des choses drôles, puis belles et graves, celles de notre désir de nous aimer, que je te les dise à ton oreille, au duvet de ta nuque, et alors tu souris, et nous allons nous lever...
                                                                                  C'est maintenant, au moins pour Paris et le solitaire que je suis, la plus belle heure, le soleil chauffe un peu, la lumière est partout. Les jardins ne sont pas dans leur plus bel apprêt parce qu'il y a beaucoup de travaux, de haies et de palissades, pas encore de fleurs, pas vraiment de feuillages ; la tour Eiffel est-elle même emmaillotée de filets, on la repeint pour ses étages inférieurs, mais c'est plus encore la sensation d'être là, au coeur de mes sentiments et de mes pensées volant à toi, volant aux instants futurs où tu seras de nouveau avec moi, m'entourant de ton charme et de ton amour, me captivant, au centre aussi de tant d'évocations historiques, d'imaginations romanesques, de récits que j'ai lus ou que je peux esquisser en esprit d'histoire d'amour, de rencontre, de compréhension et de densité de la vie humaine qui ont cet endroit pour site. Et ce paysage donc mental et intérieur que soutiennent quelques rumeurs d'oiseaux, de petits conifères, les pelouses bien tondues, suffit à ce que je me sente au centre de l'univers et de l'histoire, communiant à tout, puisque j'ai ma main dans la tienne, que je suis assuré de ton amour et de ton désir, que tu viens, que tu es là.

                  Avec toi, de toute ma tendresse, et par cent mille caresses à ma vivante et complète femme, à mon ciel de chair et d'or, au corps et au front qui m'envoûte, à la main qui m'enlève et m'emmène, à mon Hélène de chaque instant, au ventre doux et fort, à la nuque qui promet le bonheur, qui donne prix au don d'une vie par sa parfaite courbe à mon regard, à mon aristocrate préférée, au plus beau de mes choix, à celle dont je rêvais, à ce qui s'incarne et dormmira à mes côtés, m'ouvrira ses trésors et ses yeux, me permettra l'extase et le quotidien, peindra la fresque parfaite de nos réunions, de nos larmes, de notre vérité, de nos efforts accomplis et nous unissant, épuisés d'attente, de communion, couple enfin réalisé . . . [xxxiv]


                  Ces notes annexes, ne les lis que si tu en as le temps et le goût. Cela te donne le fil de mes cogitations... pas forcément une photographie exacte de tout, car l'écriture "intime" compense beaucoup de découragements et ou d'incertitudes sur le "quoi faire". Parce que " quoi être ? " n'est plus, depuis notre rencontre, et les marques de ta fidélité, une question. Tu es, dans ces brumes qui souvent reviennent : telle est mon impasse professionnelle, qui me crucifie, le seul point fixe de toutes mes pensées, le seul projet qui tienne, le seul horizon attrayant et vers quoi marcher. [xxxv]


                  Ta présence, ta beauté sont ma lumière et tu m'accompagnes d'âme dans tout ce que je fais, vis, rêve même quand des apparences font ce n'est pas toi. Nous déclencherons le miracle ensemble, nous en valons la peine. A Reniac, je suppose aussi que j'aurais enfin tes lettres, celle annoncée en Janvier et celle de mon hospitalisation. Quelques lignes me suffisent. Tu sais, avec peu de mots et de gestes, me faire savoir ton amour, et me dire ta profondeur et ta vérité. [xxxvi]

                                                                                   Oui, tu l'as justement senti, j'ai absolument besoin de tes lettres, quelques lignes, mais si tu le pouvais, presque tous les jours, et réellement ce que tu sens, même si c'est passager ou dépressif. Car c'est ainsi que tu deviendras ma femme, c'est ainsi que je te sens, c'est ainsi que je puis t'écrire et te répondre vraiment, au lieu d'être à sens unique, et à ne parler que de moi, ou que de projets, ce qui doit te paraître bien à côté de la plaque. Ce que tu m'écris est enfin la vérité actuelle, toi aussi, toi surtout tu es usée par cette attente et ces vents adverses, et tu n'y crois plus. Tu te figures aussi que ta vie avec moi serait une transplantation totale, et en pays étranger, étrange, où tout serait mien, à mes habitudes, ou fruit de mes possessions familières, et où rien ne serait tien a priori.
                  Je n'ai pu te téléphoner tous ces temps-ci et quand je l'ai pu, ton téléphone était malheureusement occupé, hier vendredi avant que je quitte Paris, et puis tout à l'heure. Mais nos téléphones portent souvent sur l'actualité, une actualité qui est trop moi, et pas assez toi, car tu répugnes à beaucoup de parler de toi. Ta lettre m'a donc plu et fait du bien. Et tout ce que tu m'écris et me confies m'a paru salubre, parde que très vrai. Je te comprends ainsi beaucoup mieux. Tant que tu as envie de moi, tant qu'envisageant de me perdre, parce que les circonstances paraissent contraires (elles étaient de toute manière difficiles, même par le beau temps d'une succession d'Ambassades, qui était la conjoncture dans laquelle nous nous sommes connus), tant que tu m'aimes, nous sommes sur un terrain solide, nous nous récupérerons, et c'est d'ailleurs sur l'amour, et l'envie de nous aimer, l'envie l'un de l'autre que nous pouvons bâtir, pas sur des projets que nous aurions caressés anciennement ensemble, pas sur des engagements dont nous nous croirions redevables l'un à l'autre. Le terrain solide de la vérité entre nous, c'est de ton côté tes sentiments pour moi, moraux, mentaux, romantiques, sensuels, physiques, sexuels, intellectuels, sans que tu les rapportes nécessairement au mariage ou à un engagement de vie, et de mon côté, saches-le, bien que je te le répète à chacune de mes lettres, à chacun de mes appels au téléphone, la totale invariance de mes sentiments, de mon envie, de toi, de ma décision que c'est toi, et toi seule, que tu es la vie, et que sans toi, sans notre union et le succès de notre union, ma vie n'a ni sens ni perspective, je suis mort, déjà mort, ou je mourrai... Ton amour me suffit, même si à tes yeux il est insuffisant, ton amour et mon amour pour toi, pour fonder une vie, un mariage, le bonheur. Cela je le sens profondément, et ton inquiétude, ton interrogation sont une vraie maturité, un vrai réalisme.

                  Je voudrais tout autant te dire que venant à mes côtés, ce n'est pas en France, ou dans ma maison, ou dans ma famille, que tu viens. Nous partons ensemble vers du neuf, du nouveau, à égalité de dépaysement ; toi quittant ton pays et ta famille, sans doute, mais moi-même ne trouvant de pays, de famille, de racine, de raison pour cette maison d'où je t'écris, que par toi, que par ta venue, ton appréciation de ce qui est mien et que j'avais commencé avant toi, mais qui ne peut continuer et vraiment vivre que par toi et avec toi. Je n'arrive pas à bien m'exprimer, mais si tu ne viens pas dans ma vie, si tu ne m'ouvres pas ton corps, ton coeur, ta vie, rien ne peut continuer de moi, et tout ce que j'aurai vêcu, attendu, tenté de fonder avant toi, n'aura aucune chance de se poursuivre, d'exister, de porter du fruit. D'ailleurs, ce que je vis depuis un an accentue ce qui était déjà avant notre rencontre et au moment de notre rencontre : une vie, des accumulations des souvenirs, d'aventures, de multiples tentatives de tous ordres littéraire, politique, professionnel mais rien d'achevé, rien même qui soit en cours d'achèvement. Il fallait lier cette gerbe, Dieu et toi vous l'avez fait en venant à moi, tu as été le signe de Dieu dans ma vie, et tu es toi. Depuis mon retour du ..., rien n'a pu être continué ni avancé. Tout attend encore l'avenir, tout est à construire mentalement, physiquement, matériellement, ou à reprendre à réordonner et à réagencer. Seul et pour moi-même ou par moi-même, je n'y arriverai pas, je n'en aurai pas le goût, je n'y aurai même aucune raison. C'est donc te dire qu'entrant dans ma vie, tout y est et sera à toi, tout t'y attendait, et tu auras tout à y faire. En ce sens, nous sommes l'un vis-à-vis de l'autre totalement " à égalité " et en réciprocité, moi-même j'entrerai dans ta vie, comme dans une vie où tout est à faire.
                  Saches surtout que cette année d'épreuves, de dénuement progressif, comme si je vivais dans un régime politique, économique et social totalitaire qui m'aurait rejeté pour quelque faute imaginaire, dont personne ne saurait rien me dire, et l'on ne me parlerait qu'avec cynisme du minimum vital qu'on m'assure, et donc de quoi vous plaignez-vous ? oui, saches surtout que cette année m'a tellement dépouillé de tout, de toutes mes certitudes de cinquante ans d'éducation et de vie, qu'il y ait un débouché aux talents, aux mérites, à l'expérience, à la compétence, à la beauté, à la générosité, toutes ces certitudes battues en brèche par cette impossibilité vérifiée de retrouver situation, travail, rémunération et en fait considération et nécessité sociale et professionnelle -, oui dépouillé de tout sauf de l'espérance de m'en sortir, et de la raison-même de m'en sortir qui est toi, notre amour, la survie puis la résurrection et l'épanouissement de notre amour, qu'en fait ne n'ai plus ni famille, ni collègues, ni maîtresses anciennes ou actuelles. Je suis, tu aimes et épouses un homme nu, sans âge, dont le passé a été périmé par l'échec au présent et dont l'avenir est apparemment bouché. Et pourtant un homme qui a plein de forces, de jeunesse, d'imagination, qui peut être encore beau, fort, ton amant, ton initiateur, ton père, ton fils, ton homme, ton mari, à la fois, un artiste, un écrivain, un chef, tout... Nécessaire en venant à moi, en m'aimant, en m'acceoptant, en me désiurant, mais tu l'es infiniment, et bien plus que pour tout autre homme réel ou imaginable dans ta vie, si tu ne la fais pas avec moi... Tu es littéralement ma vie.

                  Que nous soyons seuls pour savoir comment nous orienter, comment ne pas rater notre vie, oui, tu as raison, il n'y a ni conseil d'autrui, ni recettes. C'est exact, tu le sens fortement, et tu le dis très bien. Je me réjouis que tu le ressentes. Ce printemps, j'y aspire comme toi, la chaleur, la lumière, les fleurs, la verdure, je le guette. Pour moi, aucun problème d'orientation. Si je ne t'ai pas, je sais que je vais dans le mur. Rien d'un chantage ou d'une désespérance à te l'écrire ainsi. Tu es la vie, je le sais, je l'ai vu, je le vis, même si rien n'est cuit d'avance, mais si beaucoup de choses et de moments seront difficiles. Je ne me pose que des problèmes de moyens et de responsabilité vis-à-vis de toi, de nos enfants, des engagements que tu prendrais, que je te ferai prendre. Ne t'inquiète pas dans le tréfonds de toi-même. Les choses sont beaucoup plus simples que nous ne nous ledisons ou l'imaginons. Tu as envie de moi, de me revoir, tu ne veux pas me perdre, mais au-delà tu ne sais pas grand chose, tu ne vois plus grand chose, tu n'as ni intuition ni pressentiment. Viens, rejoins-moi, et là, patrtageant tout ensemble, et d'abord la joie de notre revoir, de notre étreinte, d'une forme d'abandon total, tu verras si tu restes, et restant tu verras si tu m'épouses, et l'épousant, tu verras si tu veux des enfants de moi. Il faut qu'en parallèle, évidemment, Dieu nous sourit, et me rende justice aux yeux des hommes, et des gouvernants actuels de mon pays, que je retrouve une situation ; alors nous construirons, reconstruirons ensemble. si au contraure, revenue à poi, passant du temps, quelque temps, tu sens bien que rien ne se déclenche en toi, que tu n'es pas en paix avec toi-même dans un projet de demeurer avec moi, alors, sans regret et comme une constatation, tu me quitteras. Il y aura une rencontre, notre rencontre, tu auras fait tout le possible, et nous tirerons un trait. Comme en Août, je respecterai ta liberté, j'essaierai de faire au mieux à cette étape de ta vie, pour que tu ailles à la suivante, et au bonheur. Je suis convaincu que nous pouvons être heureux enesemble, que même nous ne nous épanouirons et ne trouverons la vraie vie qu'ensemble, l'un avec l'autre, avec l'aide l'un de l'autre, le sourire, la force et la chance l'un de l'autre, mais je ne veux ni ne peux t'y contraindre. Tu en auras toi-même l'inspiration, et tes doutes et l'obscurité en toi sont une bonne base de départ. Ne faisons rien d'artificiel. Notre absence l'un vis-à-vis de l'autre avec cette séparation de semaine en semaine, de mois en moins, de plus en plus longue rend tout artificiel, y compris l'image, le souvenir, l'envie que nous avons l'un de l'autre. Nous finissons par ne plus savoir qui nous sommes, qui est l'autre que pourtant nous chérissons et désirons. Notre présence retrouvée sera le terrain de la décision, sans hâte, sans peur, sans artifice, le terrain de ta liberté. Sois sûre que ma famille que tu as beaucoup vue, quoiqu'en coups de vent successifs, cette année d'épreuve m'en a plus émancipé que trente ans de vie professionnelle à l'étranger, ou vingt... C'est toi, toute ma famille ! ma famille, c'est celle que nous fonderons ensemble, si tu le veux bien.
           
                  A cet instant, où au lit, je t'écris, je voudrais que tu sois à mes côtés, ta tête alourdie à mon épaule, et que je puisse t'écoûter et te parler... Te dire tout cela en caresses, en sourires et en vérité. Et aussi que demain, ou entretemps, soient venues la bénédiction divine, la justice humaine de mon rétablissement professionnel. Je ne pense qu'à toi, je n'attends que toi. N'aies pas peur de ta liberté, n'aies pas peur de te tromper, tu es intelligente, volontaire, forte : je suis sûr, que tu ne feras pas d'erreur. Tu n'en as pas faite depuis que je te connais, ni vis-à-vis de toi-ême, ni vis-à-vis de moi, ni vis-à-vis de notre amour, et tous les événements ont servi notre amour, y ont concouru, dans tout ce que tu as vêcu même quand les apparences étaient très fortes que tu allais me quitter ou que tu me perdrais. Ne doutes pas de toi-même, espères. Tu en vaux la peine, même vis-à-vis de toi-même, surtout vis-à-vis de toi-même. [xxxvii]



                  Je ferme cette lettre, ajoutant que quotidiennemment notre vie se fera selon ce que nous voudrons, nous verrons qui nous voulons, nous formerons un être nouveau, et si tu peux effectivement mesurer ce que tu quittes des tiens, du Kazakhstan, en fait de toute une vie de ton enfance et de ton adolescence, tu ne peux prévoir ce que tu vas vivre quand nous serons ensemble, sinon qu'effectivement nous serons ensemble. C'est effrayant si l'on ne s'aime pas, si l'on n'est pas précisément poussé à tout quitter parce qu'on veut être ensemble, et faire et vivre, en cela, tout autre chose, que ce que l'on a auparavant vêcu. En ce sens, sache bien que nous sommes exactement dans la même situation d'âme et de coeur, avec peut-être la différence que moi, je veux changer de vie, plus encore par rapport à ce que je vis si tristement maintenant, mais que je voulais changer de vie, déjà, quand je t'ai rencontrée, et que c'est toi qui m'a donné le déclic de l'amour, de la résolution d'aimer, de l'émerveillement d'aimer et d'être sûr d'aimer, et que c'est notre amour qui est le facteur essentiel sinon unique du changement de ma vie. Il se peut que pour toi, les choses soient intérieurement différentes, que tu rencontres en moi l'amour, un amour à la fois très romantique, avec la distance, nos civilisations, nos générations, ma profession de l'époque, et que le chemin à faire soit celui du réalisme, et en même que tu n'aies pas à perdre de vue le romantisme, puisque la raison - et tout ce que je vis de négatif et de pas bien affriolant en ce moment - ne t'inciterait pas, à elle seule, à me rejoindre.

                        Mais il me semble que ton débat intérieur ce soit être de savoir si et comment tu m'aimes. Car des conditions de vie, ou de la mnière dont nous vivrons, ou ce que sera le futur, nous n'en savons vraiment rien. Ma situation actuelle ne peut être pire. Sous très peu de jours, j'aurai vraiment de quoi savoir si je m'en tire à court terme ou si ce sera long, et imprévisible. Je te dis toutes mes coinditions de vie actuelle, y compris affective. Je te suis totalement transparent, précisément pour que tu aies en toi-même tous les éléments de clarté sur notre relation. Rien ne peut se prévoir de ce que produira entre nous, et dans nos modes de vie cette dynamique de groupe. Bien entendu, il y a tous les paramètres de mon rétablisement professionnel et aussi de tes études, des enfants. Ils sont dans l'immédiat, à l'heure où je t'écris, peu prévisibles aussi. Ils sont souhaitables, mais pas encore descriptibles.

                        En revanche, n'arrives pas dans l'idée que tu aies tout à abandonner des tiens et du ..., ou à prendre une décision de mariage séance tenante dès que nous serons dans les bras l'un de l'autre. C'est à toi de décider quand tu viens me rejoindre, et ce sera à toi de re-décider de ta vie avec moi, si tu ne l'as pas encore décidée vraiment, ce que je ne puis savoir. Je sais et sens ton amour, je sais et sens tes forces, ton espérance, ton goût de la vie, de vivre avec moi, ta confiance en mon rétablissement, en mes forces de bonheur pour toi et pour nous. De cela, je suis assuré, et c'est déjà - pour moi - immense. Ma solitude, t'attendant, et me séparant de toutes mes amitiés passées et amours aussi qui n'étaient pas toi, et qui ne me menaient pas à la vie totale, cette solitude grandit, mais commeun creux de toi, une disponibilité pour toi. Viens donc quand et comme tu veux. Tu décideras sur place, nous déciderons ensemble, nous prendrons aussi le temps de beaucoup nous parler. En un mot, tout est à faire et à vivre, cela ne peut s'imaginer ni en bien ni en mal, sinon que nous nous exauçons l'un l'autre en faisant cette plongée d'amour dans la vie que nous avions initialement souhaitée, que je continue de vouloir, qui pour moi n'a pas d'alternative mais dont je conçois que pour toi ce sera un immense changement. Tu sais surtout que tu auras toute ma douceur, toute ma tendresse, toute mon écoûte, comme je ne les ai jamais données à personne, et comme déjà - cet été - tu en as eu la marque.

                  Sois sûre que je t'aime, quoiqu'il arrive et que tu décides : mon amour, au bord de l'eau, du grand océan, de l'autre rive. [xxxviii]


                  Comme ce soir, je voudrais, te regarder, dans les yeux, et sécher tes larmes. Et en même temps, l'alacrité de notre conversation, tes reproches que je sois dur ou ironique de voix, telle que tu l'entendais ou qu'elle te parvenait, ou ton scandale que je te demande comment tu vas, alors que tu t'inquiétais et attendais tant, et avais commencé de remettre les achats de billets et tes calendriers de venue vers moi, tout cela me faisait être très proche de toi, très uni à toi, sentant ton caractère impérieux, ta personnalité forte, tes exigences, ta spontanéité, cette sorte de susceptibilité, bref toute la réalité de cette jeune fille, de cette jeune femme que tu es, et qui est ma promise, telle que tu es, telle que tu vas devenir et continuer d'être à mes côtés, et moi me transformant sous ton action et à ton désir. D'amour, d'amour de moi pour toi, de toi pour moi, notre amour bientôt totalement commencé. Enfin...

                  Ces jours-ci, je voulais, en écho toujours à ta lettre du ..., à ces doutes quant à nos perspectives, et à cette vérité encore plus forte et tonique, que tu as envie de moi, de moi dans tes bras, dans ta chair, dans ton imagination, dans ta vie... oui, je voulais te redire combien tu m'es nécessaire, combien tu es ma seule nécessité, combien déjà tu me combles, dans ces temps si difficiles de revers professionnels, de dénuement financier. Rends-toi compte que même absente, mais en projection de ton retour et de notre union d'âme et de corps, je ne cherche et n'attends plus personne, alors que toute ma vie jusqu'à toi avait été une attente, une recherche, des cueillettes sans cesse, par une sorte de mécontentement permanent de ce que j'avais, de ce que vivais, des femmes du moment ou de longues années. Ton apparition, comme celle d'une fée, tapant de sa baguette, a changé mon comportement ; mon regard ne s'attarde plus, je ne désire plus qui passe, je n'attends plus quelque réalisation de mes nostalgies ou de mes rêves. Tu es là, c'est toi, et nulle autre, et c'est tout. Une formidable assurance, que ce soit toi, que tu sauras me combler, me comprendre, m'étreindre, me multiplier, me rassasier de tendresse, de sensualité, d'intelligence. M'épanouir, et que tu sauras m'apprendre à t'épanouir, à te combler et à t'exaucer. Ne doutes donc pas un instant de ta nécessité dans ma vie. 

                  Notre histoire n'est pas encore écrite, rien n'est encore irréversible en apparence pour que mon silence t'inquiète et te fasse déjà remettre en cause ce que tu sentais, et pourtant cette histoire et notre histoire nous la voulons. Nous saoûler l'un de l'autre, partager au maximum, nous confier l'un à l'autre, car à ton retour, nous allons vivre exactement le même mouvement d'abandon de toute notre vie passée, des sécurités dont nous vivions, toi en famille, moi avec mes habitudes d'amitiés et de liaisons diverses ; nous allons avoir à nous accepter mutuellement, à nous donner mutuellement de la patience, de l'écoûte. Quel sera notre terrain de retrouvailles ? le partage de nos corps ? une grande aventure spirituelle et affective ? une ambition précise socialement, professionnellement, chacun et surtout en couple ? Tout à la fois, je crois. Remis en selle ou pas, professionnellement, quand tu vas me revenir, nous revenir... il y a des choses qui sont maintenant des caps, et des entreprises de très longue haleine, et que je ne pourrais désormais vivre qu'avec toi. Joie intense de tout et tant commencer avec toi. [xxxix]


                  Permets-moi d'interrompre cette lettre pour dormir un peu : il est 22 heures 15 et l'office de l'aurore sera à 05 heures 10. J'ai encore été vraiment fatigué cette semaine, avec des incertitudes me prenant l'âme, conscient que n ous avons du chemin à faire pour la perfection et la persistance de notre entente amoureuse, atteint aussi par cette sorte d'usure de mon non-emploi professionnel, par cette sorte de mépris de la fonction que j'eus ou de la personnalité et des talents que j'ai. Usure donc et contrecoup de cette intervention chirurgicale. J'attends le printemps de ton retour, le printemps de ton corps de femme, acceptant, guidant et attendant mon corps d'homme. J'attends le printemps de notre ampour, de nos sommeils ensemble, de ton souffle de la nuit, de tes sourires. je sais ton honnêteté foncière et ta vaillance. Quoi qu'il se passe dans les semaines à venir, de nos retrouvailles, de tes retards peut-être à venir, de tes doutes ou de mes fatigues, quoi que soient le chemin, la conclusion de l'étape actuelle, je suis certain que nous le vivrons dans l'estime, le désir, la tendresse réciproques. Nous sommes libres de nous aimer. Je nous crois capables de nous aimer, je sais que nous nous aimons déjà, et que la grâce divine nous enveloppant, nous mettant dans le même lit, nous faisant marcher avec le même manteau à nos épaules rapprochées, nous pouvons grandir et vivre ensemble, et nous aimer de plus en plus avec bonheur et douceur, sans que cela pèse, et qu'au contraire cela nous exprime, nous magnifie, nous transporte chaque jour davantage. Permets-moi en m'endormant de songer à toi, nue, ma main à ta hanche et de te dire par ces caresses et ces mouvements très doux que nous nous donnâmes déjà une, deux premières fois... de te dire que nous sommes l'un à l'autre. Si tu le veux, et déjà je le veux, et tu le veux aussi, tu le voulus, tu le revoudras et nos larmes et nos doutes ne sont que ceux de l'absence. Et il n'y a d'absence que par rapport à une présence, dans le passé, ou qui peut se restaurer, se vivre, se refaire, se faire comme une vraie naissance. Mon printemps ! je pose mes lèvres aux tiennes et m'endors dans ton parfum, tes cheveux, tes bras, le sourire de tes yeux avant qu'ils se closent, et même sous les paupières bat encore ton sourire, et de ta bouche se gonfle, léger et présent, un dernier et très doux baiser, que je recueille, accueille et te retourne. [xl]

                  Le lendemain dimanche, au soleil de la pelouse devant l'église, pas loin de ce cèdre à l'ombre duquel nous étions couchés, ou presque, un premier mercredi de ton retour en Août dernier...

                  Mon bel amour, ma femme chérie, oui ! je suis tellement rempli de toi que souvent j'en oublie l'incarnation, et que porter ton âme en moi, n'est pas forcément la meilleure écoûte, la peilleure réponse, la vraie chaleur dont tu as besoin.  Et je te parais désinvolte, distrait, ou égoïste à avoir manqué des téléphones, des appels dont tu avais soif, pour tenir, pour attendre, pour venir. Il y a aussi que t'appeler, te téléphoner, t'écrire même - alors que depuis dix-huit mois nous nous serons déjà beaucoup téléphoné et écrit - c'est chaque fois un événement qui demande préméditation, mise en présence de toi mentalement, préparation et cadre intérieurs. Je ne peux te téléphoner n'importe quand ni où. Il me faut comme disposer des fleurs - ce à quoi tu tiens tant d'ailleurs, fasse que je ne les oublie pas au dernier instant d'arriver à toi, le jour de l'aéroport... - comme refiare le lit, comme préparer la chambre, ouvrir les fenêtres, sélectionner le paysage, faire en moi tout magnifique pour toi. Et puis je vis et fantasme tellement sur la vie prochaine, la vie avec toi et par toi, la vie en associés, en amis, en amants, en aventuriers, peut-être en parents, en mari et femme. C'est - je le sais - toute une série d'abstraction dont me tirent - d'un coup sec et nécessaire -tes lettres,  toujours très importantes, révélatrices pour moi, si courtes soient-elles, et au téléphone, tes phrases, tes réclamations, tes indignations, tes mots d'amour à toi, de ton âme et suivant le ton de ta voix, le ton du coeur que tu as alors, en confidence (comme tes lèvres gonflées pour ces mots-là, pour ce souffle-là malgré les kilomètres, ressemblent à tes regards de la nuit, et ces regards où tes yeux se dilatent, où ton visage a presqu'une impression de douleur et de nudité à lui seul, ces regards-là sont ceux de la même âme, du même esprit parfois ironique aux heures de lumière de la journée, quand s'échangent entre nous la complicité, ou qu'une interrogation te vient, que tu n'as pas encore formulée, et il me semble te voir pour la première fois...). Tu as des dons d'immédiateté, un sens pratique qui n'enlèvent rien pourtant ni à tes attentions, ni à ton romantisme, et que je n'ai pas, en tout cas : pas au premier degré, et qui font contraste et complémentarité entre nous.

                        Voilà comment je sens nos dialogues au téléphone, mais ces dialogues ne peuvent être notre état de vie, ni notre communication. Avons-nous déjà vêcu ensemble. Almaty était un commencement, une sorte de danse l'un autour de l'autre, le désir montait mais ne s'exprimait que peu et ne se vêcut pas. Tes deux premiers séjours ont été un mouvement constant, un double apprentissage : tu connus mon amour, ma patience, ma ferveur, ma détermination de te conquérir, de te séduire, de te retenir, mais t'ai-je montré mes capacités à t'aimer et te rendre heureuse. est-il possible de monter cela à la femme que l'on aime, que l'on aimera, dont on se sent dès l'origine de la rencontre, déjà responsable de corps et d'âme : que rien ne l'abîme, que rien ne la froisse, que rien ne la déçoive que tout soit beau du premier baiser à la complète nudité, des projets à toutes les réalisations, des envies d'enfants et des patiences qui seront peut-être ton voeu ou qui seront peut-être nécessaires. Et je te connus avec tes détresses, tes solitudes et aussi cette grâce souveraine, cette beauté sans cesse différente ; tu m'as surpris, constamment, tu m'as captivé, charmé, tu m'as lié de passion et de curiosité à toi, ma tendresse en a redoublé, une responsabilité de toi, en même temps que l'expérience forte de ta force, donc du couple que nous pouvons former à égalité de destin et de parole... En Avril et en Août, nous avons couru toute la France et aussi toute la gamme et l'aventure des sentiments, du désir et des projets avec leurs contre-projets... Ce qui va venir sera tout différent. C'est sûr. 

                  Après le coucher du soleil, ou presque, aux plages de l'îsthme de Quiberon, côté Océan... et avant de quitter le monastère pour rentrer dormir à Reniac, après le dîner puis le dernier office (celui de Complies, à 20 heures 40)

                  Te le dire, même si tu ne le lis que plus tard, te le dire, oui mon amour, que parfois, ces jours-ci, ce soir en t'entendant au téléphone, j'ai l'impression qui m'épouvante que la vie recule, me quitte, se retire. Tu as besoin de soleil et de chaleur, l'Espagne, par exemple... mais moi c'est au figuré et au moral. J'ai besoin d'amour et de chaleur ; j'en ai eu avant toi, avant de te rencontrer, j'en ai encore, pas assez, et surtout pas dans les conditions de clarté, de transparence, de décision, de concentration, de consécration que serait le mariage. Mais j'ai besoin d'un amour et d'un mariage heureux, qui comble ce besoin de tendresse et de chaleur, qui sécurise cet homme resté enfant et si souvent encore cerné par la vie, par des peurs inexprimées, ou inexprimables, des peurs d'identité, et des peurs toutes premières que ne guérissent que le travail, la prière et surtout le compagnonnage amoureux. J'attends tout de toi, comme tu peux tout attendre de moi, j'attends la femme, ma moitié, j'attends que celle - toi, TOI - qui m'a convaincu qu'elle était, qu'elle est celle que j'ai tant attendue et désirée, j'attends que cette femme soit la femme de douceur, d'attention, de tendresse qui m'ôte jusqu'au soupçon, jusqu'à l'éventualité que je ne sois plus jamais seul, et dans le froid.

                        Tu reviens, et je voulais - avant notre téléphone de ce soir, depuis cette cabine, dont peut-être tu te souviens, placée comme elle est, à l'intérieur du mur d'enceinte, du petit parc à pelouse ombragée de cet été dernier...- oui, je voulais déjà t'écrire et développer ce que je t'ai dit d'une grande phrase, donc, au téléphone, tout à l'heure. Que tu arrives vraiment dans les sentiments et les projets que tu veux, sans aucune contrainte, sans a priori, sans schéma, et tu m'as répondu que c'étaient bien ta situation et ta pensée.
                   
                        Oui, je souhaite cela, mais je ne voudrais pas que ce soit une forme non plus de laxisme. De notre part ou de ta part. Je t'ai rencontrée pour de bon, pour de vrai, pas pour un énième "amour" de passage. Je suis fragile, mes équilibres de ces décennies en t'aimant et en m'abandonnant à notre amour, à toi, très concrètement, je les perds et sans doute irréversiblement. Je fais ma vie avec toi, je l'ai attendu, je l'ai souhaitée, ta rencontre me l'a permis et révélé ; je ne la referais pas après toi, ou contre toi, ou sans toi si tu me fais défaut, si nous ne pouvons vivre ensemble, si nous ne nous aimons finalement pas. Tu as toutes les forces de la nouveauté, de la naissance à l'amour, à l'existence, à l'indépendance, à la liberté et si tu ne fais rien avec moi, tu peux recommencer ailleurs, autrement, ou attendre quelques mois quelques années, tu n'en mourras pas - sauf si tu m'aimais et si nous n'avons pas su, malgré ton amour total pour moi, nous aimer. Oui, viens en toute liberté, sans schéma, sans projet, mais ne viens que si tu m'aimes, que si tu sens en toi, par une intuition forte, par une estime de toi-même réelle et dont je te sais capable (estime voulant ici dire autant compréhension, connaissance qu'une certaine admiration, qu'un certain jugement positif) oui ! que si tu sens en toi que tu m'aimes, que tu eras heureuse avec moi, que tu seras heureuse de me rendre heureux. Ces mots, cette phrase, cet aveu, ce regard qui si fort me frappèrent et donc me déterminèrent, quand nous redescendîmes à la voiture ce dimanche d'Octobre, il y a dix-huit mois. Nous allons vivre une nouvelle probation, la troisième... Ce doit être la "bonne", en ce sens qu'il faudrait de grands événements pour que nous ayons besoin d'une quatrième afin de savoir si oui ou non nous nous aimons, voulons et pouvons vivre ensemble. La joie et la gratuité, mais tu viens parce que tu m'aimes, et je t'accueille parce que je t'aime et que j'ai formé avec toi les plus décisifs projets. Me comprends-tu bien, mon cher amour ! à la fois cette totale liberté, mais aussi le sens d'une démarche, de notre approche mutuelle, de nos baisers. [xli]



                  Permets-moi de commencer par une anecdote : quand j'étais très enfant, je ne "sentais" jamais le baiser du soir de ma mère, qui avec mon père venait se pencher sur mon lit, la lumière éteinte déjà, et m'embrasser. Et parfois, je ressortais de la chambre jusqu'au salon, qui était loin : l'appartement de mon enfance était immense... avec un très long couloir, et les chambres et salles de bain assez séparées par un nouveau couloir d'un ensemble salle-à-manger et deux salons... et j'allais demander mon baiser, même s'il y avait un dîner d'amis ou de relations, ce soir-là. Il en est de même entre nous. Ne te vexe pas quand je te répète quelque chose que tu as déjà enregistrée. D'abord parce que je puis avoir oublié de te l'avoir déjà dit, et aussi parce que c'est généralement peu signifiant sauf dans l'instant et pour porter à autre chose, de plus important. Mais en revanche, saches combien la tendresse et l'affectivité sont pour moi, essentielles.
                  Notre rencontre n'est pas un premier amour, une initiation pour toi - même si ce l'est dans la réalité et pour beaucoup de plans, à ce que tu me confias par bribes et moments - ni pour moi une aventure de plus. Cela ne s'inscrit pas dans une succession qui continue pour moi, ou qui s'inaugure pour toi. Nous nous sommes rencontrés, et je crois, qu'à l'époque, tu le sentis, le voulus, et tu me l'as dit, parce que nous avons en peu de temps mais très fortement saisis que nous "ferions" notre vie l'un avec l'autre, l'un pour l'autre, que nous étions d'une certaine manière au même point, moi voulant une révolution totale, et donc un commencement que je n'avais jamais eu, et toi sentant que je pouvais, que je devais être, que je serai l'homme de ta vie. Que des circonstances, notamment professionnelles, retardent certains de tes voyages, rendent plus difficiles des prévisions financières, qu'il soit sage de ne pas ignorer que tu ne pourras seulement vivre à me regarder, à me seconder et à m'aimer, sinon à élever nos enfants - tout cela est bien évident, et même quand aucune circonstance n'était défavorable, que l'extraordinaire différence d'âge et de formation (ce qui peut être aussi un formidable facteur de complémentarité, d'union et d'admiration réciproque...), il y avait et il y aurait eu des difficultés. Mais ce n'est pas la raison ni le raisonnement qui nous fait nous aimer, nous a fait nous rencontrer, et nous fera nous épouser. Ce ne peut être que l'amour, et l'amour est réciproque. Si je te sens encline à une relation qui n'est pas l'amour fou, total et nos épousailles au plus vite pour ne plus gaspiller le temps, pour nous unir, pour jouir de la vie, parce qu'elle est plus belle étant ensemble - alors quelque chose se fêle, se casse en moi. La confiance dans notre avenir diminue, peut disparaître. Je ne te retrouve pas à l'essai, je te retrouve, je t'accueille, je t'attends comme autant de preuves aussitôt que nous ne nous étions pas trompés, chacun en nous-mêmes, en nous aimant, en nous attendant, en projetant désormais notre vie tout différement de ce que nous entrevoyions avant de nous rencontrer.

                  Or, je te sens maintenant à voir ta vie à peu près comme elle était avant notre rencontre, sinon l'avantage et l'intérêt, à beaucoup de points de vue, et tous sont nobles d'ailleurs, d'avoir quelque part un homme qui t'aime, qui pense à toi, qui fait tout ce qu'il peut pour t'être agréable, t'accueillir, et une fois sur place te dire et te montrer le maximum de choses. Je veux dire et je sens que ce sont des projets de voyage, mais pas des projets de vie - qui maintenant t'habitent. Si tu ne m'épouses pas, parce que tu ne m'aimes pas vraiment, je ne le regretterai pas ; notre vie serait infernale si tu ne m'as pas choisi et aimé, tant les différences objectives qui existent entre nous ne peuvent être des forces formidables que si nous nous aimons. Sinon, elles nous sépareront très vite. Je ne veux pas revivre le mois d'Août, je n'en ai les moyens à aucun égard, et si j'ai tenu à l'époque, c'est que j'avais la conviction que notre projet, notre attirance n'étaient pas morts, qu'une autre possibilité d'amour, était parfaitement normale, légitime, justifiée, et que c'était même une salutaire comparaison à opérer en toi-même, pour mieux te connaître et mieux savoir ce que tu veux et ce que tu souhaites. Mais on ne se bat pas, on ne peut se battre contre le non-amour. Je me serais donc trompé - très lourdement, comme jamais dans ma vie - si tu ne m'aimes pas, si tu ne meurs pas d'impatience et d'envie de me retrouver, de te consacrer à moi... Tu me diras que tout s'est ralenti, gelé, que tout est devenu perplexe à cause de la persistance de la séparation. Je reconnais que ce n'est pas facile, mais moi-même j'ai constamment vêcu dans l'avenir, dans notre avenir, en toi parce que tu étais l'avenir, à l'évidence, le seul, le mien. Il me paraissait d'ailleurs tout à fait raisonnable et équitable - de surcroît - que je sois ton avenir et que tu fusses le mien. L'avantage, le seul, de mes revers professionnels, puis de notre séparation, des kilomètres et des mois actuels, et qui pèsent si lourd, c'est qu'au moins nous ne nous serons pas mariés dans l'euphorie et la facilité pour nous apercevoir, pour que tu t'aperçoives que ce n'est pas ce que tu voulais, que tu te sens enterrée, prisonnière, que ce n'est pas ta vie... Si, en effet, j'étais passé d'une Ambassade à l'autre, c'est certainement ce que nous aurions fait, et avant tes 19 ans, tu étais la ravissante Ambassadrice de France en Egypte ou en Bolivie. Tu aurais été embarquée, heureuse, moi aussi, et peut-être ne nous serions-nous jamais réveillés de ce conte de fées. On peut le regretter, j'ai cru que ce serait ce conte de fées, mais en même temps je savais ta force, ta personnalité, et je pensais que cette facilité était un beau cadeau de l'existence et du destin, mais qu'elle ne serait pas durablement à l'origine de tout. Les circonstances si adverses rendront le redressement bien plus savoureux à vivre, nous en saurons mieux le prix, et surtout tu auras vraiment pris ta décision, et moi, je sais en ce moment que si tu m'aimes, alors que beaucoup de choses, de l'ordre du matériel, sont décevantes et hostiles, c'est vraiment que tu m'aimes.

                        Tu comprends maintenant la force et la nécessité de ma question, tout à l'heure, au téléphone. Ce ne sont pas tes réponses, ni ce que nous nous disons depuis trois jours que je puis vraiment te retéléphoner librement et tranquillement, qui m'inspirent la suite de cette lettre, mais ce que je sens en moi. La femme que j'attends, qui m'est nécessaire, ce n'est pas seulement la beauté, la jeunesse, la personnalité, c'est avant tout son amour ; si je ne suis pas le battement quotidien de ton coeur, je ne suis rien, et il est vain, sans objet, totalement abstrait de p"penser" l'un à l'autre. Je ne sais si je t'apprends là quelque chose à lire en toi-même, ou si je suis d'une race spéciale : mais l'amour c'est cela, l'habitation réciproque, quelle que soit l'ambiance, quelles que soient les conditions de température et de distance. Je le sais parce que je l'ai vêcu, parce qu'on me l'a donné, mais je ne l'ai pas goûté vraiment, parce que j'attendais que quelqu'un d'autre me le donnât, et surtout m'en inspirât la réciproque. Et ce fut toi, toi que j'attendais. Si ce n'est pas toi, c'est que je me serai trompé, toute ma vie, dans cette attente. Je ne sais ce que je ferai, ni ce que je deviendrai. Je me contenterai d'exister ? de prendre de grandes et magnifiques offres d'amitié, que je ne saurais complètement rendre : il y aura quelque chose d'éteint et d'inoccupé en moi. Ou bien quitterai-je la vie ? Je ne sais pas. Déjà, je sens ces jours-ci que tu t'es retirée de moi. Ce n'est pas une visiteuse que j'attends, c'est une amoureuse. Ce que je t'ai proposé en réponse, très vite, étonamment vite, avec une assurance qui m'étonnait chaque jour à mes réveils et à mes endormissements, ce que e t'ai proposé, c'est le partenariat total. Ne te préoccupes pas des études, du métier, de ta vie quotidienne, nous le ferons, le déciderons, le trouverons ensemble. Il y a des ressources en France, il y a des idées dans le monde et où que continue ma carrière et même si elle ne se continue pas, il y aura à faire et à trouver pour toi, sois-en certaine.

                  Je t'écris en toute confiance mentale et intellectuelle, espérant qu'ainsi je t'aide, la main dans la main, à me correspondre, à correspondre à l'amour, à retrouver ce que tu as par moments intensément cru et voulu, et qu'il me semble qu'actuellement tu ne sais plus. Peut-être que je noircis le tableau, mais que tout ce temps où nous ne sommes pas ensemble, au moins serve à notre détermination, dans quelque sens que ce soit. Il n'y a évidemment aucun critère ni petite chose. Mais tu sais, et tu me l'as écrit le ..., et au téléphone tu me l'as promis... - tu sais combien quelques lignes, quelques mots de toi, racontant tout bonnement ta vie concrète, ou telle pensée du jour, me remplissent de bonheur, m'apprennent sur toi. Me donner cinq minutes chaque jour, où tu veux, comme tu veux, mais à heure presque fixe, comme un rendez-vous amoureux en m'écrivant quelques lignes, en les postant dès que le poids maximum est atteint : deux ou trois pages... voilà qui est simple. Tu ne le fais pas, en six mois, quatre lettres ! Ce n'est pas un reproche, c'est une constatation qui ne me ferait aucun mal, si au téléphone tu étais brûlante. Je reconnais que tu t'es inquiétée de mon silence, je sais ta pudeur, la forme de ton caractère, cette rationnalité que tu as, comme armure extérieure, et que mes appels, tu en as le besoin et la douce habitude. J'aurais aimé que tu bouscules le monde entier, et que tu me téléphones de l'aéroport de Paris : je n'ai pas eu le temps de te prévenir, mais ta femme est là, qui t'attends, quand arrives-tu mon amour, quelques minutes, quatre heures au plus ? je sais le trajet vers la Bretagne. Et c'est cela qui renverse tout...

                        Voilà, mon cher amour, à toi de savoir et de décider si tu fus une illusion, si tu es du passé pour moi. Je n'ai pas envie de revoir une femme qui ressemblera à celle que j'eusse aimé, et qui m'aimait, mais avec qui discuter emploi du temps, difficultés et calendrier. Je veux revoir mon amour, je veux vivre notre amour. Tu sais, je suis sûr que tu le sais : il n'y a pas de degré dans le don et l'on sait bien si le coeur tout entier est ouvert, ou si les restrrictions et les conditions encombrent non seulement le seuil, mais tout l'intérieur... Ce silence, que je ne voulais pas, pendant une douzaine de jours, t'a-t-il fait prendre conscience que tu m'aimes, que je te manquais ? Moi, avec ton téléphone occupé pendant des heures, réellement, et plusieurs jours de suite, je ne pensais qu'à une avarie de machine. Peut-être suis-je injuste et te faisè-je mal à en t'écrivant ainsi, mais si cela devait appeler de ta part une protestation : comment peux-tu douter que je t'aime et que tu ne sois mon souci constant ? mon bonheur à venir, et déjà mon bonheur du passé le plus beau de ma vie ? Toi, mon cher amour, tu m'as déjà donné de l'inoubliable, mais il reste à me donner : TOI...
Le veux-tu ? [xlii]

                  ... tu as accepté notre séparation, il y a maintenant plus de quinze jours, mais tout me paraît encore si présent et si proche. Toi, si présente, si proche que je vois, et entends, puis tâter et toucher de la main, que je désire et caresse... inventivement, précisément. Tu as su cheminer vers l'émotion, vers plus de durée en nous et aux côtés l'un de l'utre "ensuite", et tu es une maîtresse aux talents innés et sécurisants. Toujours, tu sais me ressusciter. Je te donne mon sexe, tendu au-dessus de ton visage et de ta bouche, j'aime quand tu le prends à pleines lèvres, à plein gosier, que tu le tends encore plus. J'aime quand de ta main, tu le fais revivre, tu tires vers la racine, tu exaltes la tête qui violace et grossit. J'aime quand tu le prends pour le mettre d'un seul coup, avec aisance, en toi. J'aime être en toi, m'y sentir puissant, fort et éternel, et j'aime que tout soit alors lent tandis que je te regarde et que je voudrais toujours quelque chose qui progresse et qui monte dans ton regard. J'aime introduire profondément le doigt, ailleurs, sentir que tu le gardes encore serré en toi, j'aime sentir que tu frémis de là et aussi autour de mon sexe, que tu m'accompagnes, que nous sommes ensemble quand soudain arrive la délivrance, et que nous sommes dans le singulier pays d'avoir été dans ce pays...

                  Je t'embrasse, je te regarde, je mets ma langue et mes lèvres, doucement comme tu as souhaité que j'apprenne par toi et pour toi à le faire, ma langue et mes lèvres dans ta bouche, et cette large et douce rivière qu'est alors ta bouche, puis ta langue à la rencontre de la mienne. Le kiosque à musique de Vitoria, notre retour de Cancale à Saint-Malo, une fin d'après-midi ensoeillée et bleue, les herbages de la côte, les murailles de la ville étaient du même or jaune, tu étais fort belle, à mon goût, à mes mesures, je ne te pensais pas même nue, tu étais ma femme et nous marchions ensemble, découvrant ensemble paysages et laisses de mer. Nous avons mis du temps à rentrer, la nuit fut noire, nous sommes-nous aimés, mis nus dans le lit quand nous fûmes de retour, comment commençons-nous alors ? Je ne me souviens que du milieu, ton milieu, et de la fin, notre fin, mon sexe dans le tien, tes mains qui parfois continuent de caresser et de prendre autour de mon sexe ou ce qui va avec, les miennes à tes cheveux à ton cou pour laisser libres tes bras, ma bouche continuant de sculpter un de tes seins. le plaisir puissant, large, vitorieux, resplendissant, sain comme un fruit mûr mais pas trop. C'est le nôtre que nous prenons ensemble avec du temps, comme on serait à table, une table solide dans un cuisine chaleureuse au plafond bas et intime, des fenêtres petites, des pots de fleurs dedans et dehors à ces vitres, et ton corps blanc et frais, puissant et évident, ton visage de femme qui sait... ton visage d'enfant qui attend, qui ne sait qu'un peu, et la joie éprouvante de nos sexes quand je frôle et attouche et effleure le tien, les lèvres de ton sexe parmi les épis du pubis et de tes poils courts (si ceux-ci poussent et repoussent librement, tant mieux, s'ils deviennent plus doux et abondants, font une tache qui s'élargit sombre au bas de ton ventre, et que tu ne t'y refuses pas, c'est bien, j'aimerai aussi et peut-être davantage...), les lèvres de ton sexe répondant très doucement, intimement, fémininement - leur manière de sourire au passage du mien qui leur fait connaître d'avance sa raideur et sa force, sa petite fente minuscule que tu sais explorer et dégager quand tu as tiré les colliers de l'autre peau et de l'autre couleur pour que surgisse heureux et fort le casque du guerrier. La peau si fragile, presque transparente, de ce casque fin qui respire, sent - mieux que n'importe quelle âme, quel esprit - la douceur qui t'est propre, l'humidité qui est venue, sous-jacente, à tes lèvres nues qui s'entrouvrent. Il passe et repasse doucement, puis il s'enfonce et revient, c'est toi qui accueilles et fais les honneurs, c'est moi qui suis de retour [xliii].
                 




[i]. - ad hoc : Reniac, dimanche 2 Juin 1996
[ii]. - Reniac, au lit - lundi 16 Septembre 1996 : 19 heures 30.20 heures 10
[iii]. - Reniac, au lit - mardi 17 Septembre 1996 : 19 heures.19 heures 30
[iv]. - Reniac, au lit - mardi 17 Septembre 1996 : 23 heures.23 heures 30

[v]. - Reniac, la terrasse - mercredi 18 Septembre 1996 : 12 heures 20.14 heures 10

[vi]. - Ad hoc, Reniac le mercredi 18 Septembre 1996
[vii]. - Ibidem, 15 heures 30

[viii]. - A Edith, Reniac, presque minuit de ce lundi soir 22 Avril 1996

[ix]. - Ibidem, puis le lendemain, mardi 23 Avril 1996
[x]. - A Edith : Reniac, jeudi nuit du 16 Mai 1996
[xi]. - A Edith : Reniac, vendredi nuit du 17 Mai 1996
[xii]. - A Edith : Reniac, le lundi soir 20 Mai 1996
[xiii]. - A Edith :       Reniac, mardi fin de matinée 21 Mai 1996
[xiv]. - A Edith :          Reniac, mercredi soir 22 Mai 1996

[xv]. - A Edith : Rue du Faubourg Saint-Martin - vendredi après-midi 24 Mai 1996
[xvi]. - A Edith : Reniac, dimanche matin 26 Mai 1996
[xvii]. - A Edith : Paris, rue du Faubourg-Saint-Martin, jeudi matin 30 Mai 1996
[xviii]. - A Edith : Reniac, le dimanche 2 Juin 1996

[xix]. - Reniac, au lit, lundi & mardi 23 Avril 1996

[xx]. - Rue du Faubourg Saint-Martin - vendredi après-midi 24 Mai 1996
[xxi]. - Paris, rue du Faubourg-Saint-Martin, jeudi matin 30 Mai 1996

[xxii]. - Paris, rue du Faubourg-Saint-Martin, jeudi matin 30 Mai 1996


[xxiii]. - A la suite de quatre lettres lues à Port-Navalo le lundi 3 Juin 1996

[xxiv]. - A Hélène : Abbaye Sainte-Anne de Kergonan, dimanche 31 Décembre 1995

[xxv]. - A Hélène : ibidem
[xxvi]. - Ibidem
[xxvii]. - A Hélène : Reniac, lundi soir 8 Janvier 1996


[xxviii]. - A Hélène : lac de la Cascade, Bois de Boulogne de Paris - mercredi 17 Janvier 1996
[xxix]. - A Hélène : Reniac, vendredi matin 26 Janvier 1996
[xxx]. - Ibidem
[xxxi]. - Ibidem
[xxxii]. - A Hélène : Reniac, encore ce samedi aux aurores du 17 Février 1996

[xxxiii]. - Ibidem
[xxxiv]. - A Hélène : Champ-de-Mars, à Paris - mardi matin 27 Février 1996

[xxxv]. - A Hélène : Canal Saint Martin, vendredi 1° Mars 1996
[xxxvi]. - Ibidem
[xxxvii]. - A Hélène : de retour à Reniac, samedi matin 2 Mars 1996
[xxxviii]. - A Hélène :  Reniac, lundi matin 4 Mars 1996

[xxxix]. - A Hélène : Abbaye Sainte-Anne de Kergonan, samedi soir 9 Mars 1996
[xl]. - A Hélène : ibidem

[xli]. - Ibidem
[xlii]. - A Hélène : Reniac, lundi soir 11 Mars 1996

[xliii]. - A Hélène - Reniac, le jeudi 19 septembre 1996 - matin qui commence, or sur les arbres, me semble-t-il rien que pour moi. Ta silhouette de dos, nue, quand tu te lèves sans mot dire, le matin, de notre lit. Nue, d'une seule pièce sans couture, sans un trait, une mouvante surface blanche, le lisse extraordnaire de ta peau, ton visage de très petite fille, quand tu soupires alors que je suis sur toi, en toi, mon visage si près du tien, mon sexe planté profond en toi. Tu gémis et je te regarde...

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