dimanche 27 octobre 2013

poèmes au Brésil ... 1985



Ce soir, glisser dans un sourire


Ah ! ce soir glisser dans un sourire
que tu sois vieille ou jeune,
je veux dire vieille de huit jours déjà d’amour,
ou jeune de nos dix ans de saveur,
glisser ensemble dans l’étui de notre science,
dans la coulée de nos connaissances et de nos consentements,
glisser dans un sourire comme on se laisse aller dans
les courants à préférer la noyade, le tournis, le
vertige,


ah ! l’immédiateté du sommeil pour te revoir
rêve précis de mon enfance qui dort sous ce toit d’homme,
corps et ventre et seins et mains et cheveux de femme,
sans description, sans presque d’odeur,
sans forme véritable que le murmure de l’océan
quand il arrange sa vague jusqu’à prendre la couleur
de cette grève qu’on nomme là-bas la plage
et ici l’immensité unie
quand les amants ainsi redevenus
s’entreregardent sans ouvrir les yeux ni la lampe
et que les mains errent et effleurent,
que les reliefs sont des passages,
que les paroles sont des retours
et que le souffle de la nuit ne vient pas du dehors
mais du sommeil qui se prépare et borde encore
le rêve que nous souhaitions et qui fut
par ce sourire de toi dont à présent
je fais mémoire, puis provision, enfin écho.

Ah ! ce soir, penser c’est forcer ta présence.

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