Changement de signe
« premier jet » d’une fiction politique
voir aussi http://lireecrire.blogspot.com littérature : notes de lecture & écrits
inédits
Chapitre 2
Journal du Président
Au palais, ce matin du samedi 19 Octobre 2013
J’ai été crédible hier soir…même si la presse de ce matin, disant
sa surprise (ce qui ne me flatte pas rétrospectivement) le répète et le
détaille, sans pourtant donner ds citations de ce que j’ai dit, qui soient
particulièrement convaincantes, davantage que ce que j’ai ressassé ces dix-huit
mois… je le ressens autrement. Je me suis senti assuré, pas du tout en logique
de discours, pas même en spontaanéité – totale – de ma prise de parole. J’ai reçu
tout de suite, en moi-même, l’assurance que je répondais à une attente. Le seul
fait d’apparaître, de dire que je comprends, que je me comprends au sens d’avoir
fait fausse route, ce que tous savaient mais ne disaient pas, autour de moi,
non que je sois craint ou révéré, mais je suis le président de la République et
le moment a son poids d’éternité et de définitif acquis pour chacun de mes
collaborateurs, ce que – j’en suis sûr et je l’ai donc proclamé – savaient les
Français. Porte close pendant dix-huit mois, après cinq ans de ballottement crânement
expliqué à des amnésiques par un homme du seul instant.
Oui, je suis crédible parce que je vais correspondre strictement à
leur attente. Bien plus qu’en campagne électorale et le soir de mon élection où
l’on évaluait mes propositions et leurs chances d’application. J’en étais
détaché par les électeurs. Il a été répété que l’élection présidentielle est
celle d’une personne, d’une personnalité, non le choix d’un programme. Oui,
mais l’ombre portée par le prédécesseur que je devais surclasser m’a servi. J’étais,
je serai dfférent. Cela suffisait. Or, mais avec plus de méthode, d’ensemble et
de continuité, je fais exactement ce qu’il disait faire, même si son
gouvernement, lui-même aussi étaient discontinus. Sa personnalité écrasait, l’a
écrasé. Qulques jours de campagne en plus, me doublait-il ? je ne suis pas
d’un naturel pessimiste comme François Mitterrand qui redouta, pendant les
dernières semaines de sa campagne en 1981, un second tour entre les deux
candidats de la droite tant Jacqus Chirac était pétulant. Je ne l’ai pas vu, les
sondages sur ma popularité ne m’ont pas inquiété, l’inertie des chiffres pour
nos déficits et pour nos demandeurs d’emploi, pas davantage. Je crois être
passé en quelques heures, hier, d’une imperméabilité aux résultats de ce que je
faisais à une sensibilité à mon dédoublement intime : que fais-je donc à
la tête de ce pays que j’aime et qui ne m’aime plus, me méprise, je crois bien…Robotisé
par la fonction, par l’ambiance à laquelle semblent obéir tous mes homologues ?
J’ai soudain senti que j’étais inutile. Pour beaucoup, un empêchement ! Nous
ne vociférons pas comme Hynkel, mais nous tenons de la place, nous empêchons de
voir, moi et ceux que je reçois ou que je vais voir, avec cette habitude que je
dois secouer de conférences de presse conjointes au cours de laquelle nous nous
hélons à distance en nous dandinant dvant des tablettes hautes pour bureaux de
poste : elles durent plus que les conversations à évoquer ou résumer. Ne
plus rien dire, mieux nous connaître, nous concerter, comploter contre ce que
nous savons ou découvrons de mécanismes bien plus performants que tous les
efforts demandés à nos contribuables et à nos entreprises.
J’ai été ainsi poussé à intervenir, mais ce que j’ai dit m’est venu
à mesure, du seul fait que j’étais hors programme, inattendu, pas préparé, et
les fidèles à Arte, non plus. Télévision, télépathie, est-ce
étudié en ce sens ?
Sans doute, y a-t-il tout à faire, à poser, à inventer puisque nos
dix-quinze ans, vingt ans depuis l’échec d’une gauche conséquente mais pilonnée
n’ont pas trouvé la bonne voie. Hier soir, j’ai ressenti que ce n’est pas
affaire de programme, ni même de décision éclairée. C’est d’être ensemble qu’il
s’agit. La page blanche de V.G.E. interprétant sa prise de fonctions et, selon
lui, l’inauguration de tout un avenir différent d’un passé auquel il avait pourtant
tellement collaboré ? Non, l’entrée de tous en politique, pas les badauds
de la journée du patrimoine que j’ai eu plaisir à accueillir ici. Non,
autrement. Je crois que c’est le travail pour ce soir.
Test de retour à mes vœux initiaux, ce qu’on appelle la françafrique. Je
déjeune avec le président mauritanien, qui n’en revient pas que ce privilège
lui soit accordé. Il ne s’attend pas à ce que je vais lui dire. Faute d’avoir
été renseigné par ce qui est organisé et fonctionne à l’identique depuis des
années et que je n’ai pas inventorié… il n‘y a pas même eu de mise à jour des
instructions reçues de mon prédécesseur par nos ambassadeurs, je décide de me
fier à mon épistolier, il a diffusé au maximum et en ligne, au moins en Afrique
de l’ouest le pasage pertinent de mon improvisation au balcon de Tulle [1], je
sais que l’on ne doit pas parler de balcons dans ma ville d’élection [2]. Nous
avons généralisé les chefs d’Etat africains, c’est le cas lorsque le pouvoir
vient d’un coup de force militaire, ils sont plus différents les uns des autres
que mes homologues européens parce qu’ils sont moins encadrés, ou pas du tout,
par des notes et « éléments de langage ». « Il n’est pas de la
sagesse du roi de… », c’est ainsi, selon ce que j’ai lu rue
Saint-Guillaume d’un début manuscrit de thèse d’histoire : sujet, la politique
de Vergennes et son influence sur Louis XVI. Mon camarade avait copié à la main
les manuscrits de l’armoire de fer, désormais conservées aux Archivs
nationales. De la psychologie de mon commensal de tout à l’heure, je n’ai
aucune clé. Il m’est écrit que – citation . Soit ! mai il regarde souvent le bout
de ss souliers et j’ai préféré qu’il n’y ait pas de communiqué à la suite de
notre première conversation ici. Il avait cherché à m’obtenir au téléphone la
veille de mon entrée en fonctions croyant que j’invitais des homologues pour le
moment d’invstiture, j’ai raccroché quand je l’ai entendu. Nous parlerons des
élections qu’il organise et je vais lui demander d’y surseoir pour qu’elles ne
soient pas bâclées : il l’a déjà fait pour proroger des assemblées qui lui
étaient attachées avant même son coup de force. Je vais tout simplement lui
faire comprendre que nous savons la corruption du principal collaborateur de
mon prédécesseur pour que nous reconnaissions sa prise du pouvoir. Entrée en
matière dès les carottes rapées et l’eau d’Evian de notre déjeuner à quatre,
son ambassadeur eu sur le métier mais efficace pour empêcher l’inscription sur
ls listes électorales des Mauritaniens originaires de vallée du fleuve Sénégal,
rive droite, et ma collaboratrice pour l’Afrique, sans illusion sur notre hôte.
Ce soir, parler moyens et institutions. Comment faire ? pour n’être
pas ennuyeux. Ici, successivement nous le sommes tous. Trop longs, usés par des
déclarations et des explications à tout événement. Ou bien casser quelque chose ?
de ce conformisme. Pas du délayage.
Lundi 28 Octobre 2013 – 22 heures 30 à 23 heures 40
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